femme avec yeux jaunes

7-Les meutes de loups

J’ai beaucoup parlé des loups garou, ces bêtes qui sont une fusion de l’humain et du loup pour former encore un autre monstre à part.
Mais il y a aussi quelques films où s’il est question de transformations, il n’est pas question de loups garou. Mais de loups, tout simplement.

C’est le cas de Blood & Chocolate, Wolfwalkers, Wolfen (même si là il n’est en fait pas question de transformation) ou Twilight.
Le point commun de ces films est la meute. Le ou la protagoniste évolue en collectivité. Contrairement au loup garou qui est seul (sauf dans Hurlements où la meute est rapidement montrée).

Dans Blood & Chocolate, les humains se transforment à volonté, surtout pendant une partie de chasse. Une manière de rester en phase avec leur seconde nature.
Dans Wolfwalkers, c’est lors de leur sommeil que les 2 héroïnes se transforment. La mise en scène fait fortement référence au jeu vidéo Zelda, The Twilight Princess, avec les traces des odeurs bien visibles par les loups.

Wolfwalkers

Cela opère également un changement significatif dans l’apparence. Le personnage n’est jamais un monstre. Il est toujours une créature qui existe réellement.
De plus, la transformation ne passe pas par une douleur.
Enfin, la puissance des protagonistes n’est pas décuplée. Ils bénéficient des caractéristiques de chacun des états, lorsqu’ils sont humains ou loups.

A mon sens, cela permet d’apporter une rapide empathie pour les personnages. Que ça soit dans un état ou l’autre, ce sont des apparences familières. Qui plus est le loup n’est pas l’animal le plus terrifiant. Il ressemble beaucoup au chien, meilleur ami de l’humain.
Qui plus est, ces personnages ont le statut de victimes, exterminées par les humains. Ils ne sont pas des prédateurs, ce qui fait une grande différence avec le loup garou, qui attaque plus ou moins à l’aveugle et avec férocité.
Enfin, cela donne une dimension collective, et reflète un problème systémique. Les parallèles avec des populations menacées ne manquent pas.
C’est un prisme peu utilisé, qui mériterait des oeuvres plus pertinentes sur le sujet. Wolfen explore aussi cette thématique avec intelligence, mais il n’est pas question de loup garou ou wolfwalkers, mais de loups purement et simplement.

8-Conclusion: le loup est en toi

On a vu que les transformations progressives et partielles sont majoritaires chez les personnages féminins. On s’attarde beaucoup plus sur la douleur d’un corps et d’un esprit qui se transforment. La métaphore du loup garou est donc idéale pour évoquer l’adolescence ou l’entrée dans l’âge adulte. Il me semble que c’est cohérent avec le fait ce sont les corps des femmes qui changent le plus durant une vie (adolescence, grossesse, corps post grossesse, ménopause). Il serait donc intéressant d’utiliser le loup garou pour représenter également ces étapes de vie cruciales. Et cela permettrait de mettre en scène des personnages féminins plus âgés.
Il va sans dire qu’il faudrait davantage de femmes aux commandes pour qu’on puisse voir ces histoires à l’écran (que ça soit à l’écriture, à la production ou à la réalisation). Je note qu’il n’y a que 2 réalisatrices sur les 28 films que j’ai vus.

Ginger Snaps

Si la sexualité a été utilisée dans de nombreux films, souvent au détriment de la qualité des personnages féminins, il serait intéressant de l’explorer autrement que sous le prisme de la punition, la frustration ou la manipulation. La sexualité (ou la non sexualité) est un sujet vaste. La plupart des films sont encore basés sur un schéma de la maman (ou l’infirmière) ou la putain.

Enfin, dans la mesure où les personnages masculins voient leur puissance virile décuplée avec le loup garou, il serait intéressant de voir des films creuser l’exemple de Teddy. Montrer les faiblesses de personnages cachées sous une apparence de gros fort viril. Essayer de développer des psychologies, au lieu de se contenter de montrer un cheminement classique qui mène souvent à la même conclusion: la mort.

Teddy

La figure du loup garou continuera de me fasciner car j’aime l’idée de montrer que l’humain ne maitrise pas la transformation de son corps. Cette absence de contrôle se retrouve aussi dans les actes commis, dont les humains n’ont pas souvenir. Cela questionne sur le degré de responsabilité de nos actes, notre conscience.
Et cette manière de lier visuellement l’Homme à l’animal est passionnante, d’autant plus maintenant, avec la condition animale qui est de plus en plus questionnée et défendue.

Le film de loup garou a mauvaise réputation, mais il offre beaucoup de possibilités pour raconter l’humain. Et j’espère que de nouvelles idées émergeront par ce prisme.

Les films vus/cités

Le loup garou de Londres de John Landis,
Le loup garou de Paris de Anthony Waller,
When Animals Dream de Jonas Alexander Arnby,
The Curse of Werewolf de Terence Fisher ,
Les Bonnes Manières de Juliana Rojas et Marco Dutra ,
Ginger Snaps de John Fawcett ,
Ginger Snaps 2 de Brett Sullivan,
Ginger Snaps 3 de Grant Harvey,
The Wolfman de Joe Johnston,
A Werewolf Boy de Jo Sung-Hee,
Wolf de Mike Nichols,
Blood & Chocolate de Katja von Garnier,
Wolfwalkers de Tomm Moore et Ross Stewart
La Lupa mannara de Rino Di Silvestro

Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma ,
La compagnie des loups de  Neil Jordan,
Wildling de Fritz Bohm ,
Trick Or Treat de Michael Dougherty,
Bad Moon d’Eric Red,
She Wolf of London de Jean Yarbrough,
My mom is a werewolf de Michael Fischa
Cat people de Jacques Tourneur,
Cursed de Wes Craven,
Hurlements de Joe Dante,
I Am Lisa de Patrick Rea,
Blood moon de Jeremy Wooding ,
Teen Wolf de Rod Daniel,
Werewolf of London (1935) de Stuart Walker
Wolfen de Michael Wadleigh