tour LU

Le festival des Utopiales 2021 c’est aussi une sélection de films, qu’ils soient courts ou longs. Mais aussi de belles rétrospectives.
Sur les 8 films en compétition, je n’en ai vu que 5. La sélection était diverse dans ses thématiques, mais aussi dans sa qualité.
Je vous propose de revenir sur la sélection de 2021 (sans réalisatrices).

1-The Great Yokaï War guardians de Takashi Miike

A travers un périple semé de représentations de références Japonaises, The Great Yokaï war guardians, raconte la traditionnelle quête de soi et de l’autre, à travers un personnage de frère voulant retrouver le sien.

C’était clairement en bas de ma liste, tant le film dégageait déjà un aspect enfantin par le biais de son pitch et de son affiche.
Celle-ci représente parfaitement l’idée du film; à savoir un pêle mêle de personnages iconiques (bien que nous Occidentaux, ne pouvons pas tout saisir), et une narration éclatée.
Pas de caractérisation des personnages, pas de narration précise et ficelée, ici on doit décider si on se laisse porter.
Je dois bien admettre que la générosité des décors, des costumes et des effets est telle, que j’ai parfois pris du plaisir à les admirer. Mais bien au détriment de l’intérêt pour le reste; la séance a donc été longue.

On est donc bien loin des univers d’Audition et de Ichi the killer, la cible étant clairement enfantine.

2-Minor Premise de Eric Schultz

La projection de Minor Premise a été précédée d’une rapide présentation par son réalisateur via un message enregistré. Celui-ci nous prévenait qu’il ne fallait pas s’inquiéter en cas de perte de repères pendant le visionnage du film. Un teaser appétissant donc.
Minor Premise raconte les déboires d’un jeune scientifique, qui a séparé les différents aspects de sa personnalité (libido, colère, travailleur…), et qui, à l’aide de son ex doit les fusionner avant que le côté psychotique gagne la partie.

Malheureusement, Minor Premise souffre d’une écriture faiblarde, complètement dépassée par son concept. Il est question ici de rejouer les bases de Split, la maladie mentale en moins.
Par ailleurs, on retrouve des tropes de l’artiste maudit maintes fois éculées, ici transposés à un scientifiques. Le film se concentre sur son égo mal placé, qui a besoin de dépasser le père pour s’apaiser. Et même si l’idée du film est de condamner cette attitude, cela apparait beaucoup trop tard dans le film pour compenser.
On constate aussi l’utilisation d’un personnage féminin caractérisée de pas loin par le syndrome Trinity. Elle est présentée comme compétente, voire plus compétente que son ex, mais elle n’agit quasiment jamais. Son rôle est là en soutien au personnage masculin uniquement.
De plus, Minor Premise n’a pas d’enjeux. L’aspect psychopathe du personnage est présenté à travers le fait de fumer une cigarette, et de tuer une souris. Un peu trop léger pour susciter une urgence.
Sans compter un twist final que l’on voit arriver de très très loin.

En somme, on aurait préféré se perdre dans l’esprit du personnage plutôt que dans l’ennui.

3-Tin Can de Seth A. Smith

Tin Can est la vraie bonne surprise de ce festival. Le film ose mélanger des concepts très différents (dystopie, huis clos, SF contemplative…) pour former une oeuvre déconcertante.
Dans un pays ravagé par une épidémie, une scientifique est piégée dans un cube.

Tin Can est une véritable curiosité comme on en voit peu. Convoquant des références diverses (Contagion, Matrix, Buried…), le film n’est jamais ce qu’on attend. Même quand on est subitement plongé dans un huis clos, la protagoniste suit un chemin différent que celui prévu; à savoir trouver une sortie.
Par la suite, le public est immergé dans une photographie faite de rouge et de noir qui forment parfois de véritables tableaux, pour accompagner justement un nouveau tableau narratif. Un autre piège, enfermant ses personnages dans une destinée de plus en plus sombre.

Tin Can souffre parfois de lenteurs, et de costumes un peu cheap, mais la proposition est vraiment séduisante, si on se laisse porter par un concept assez inédit.

4-Prisoners of the Ghostland de Sion Sono

Le réalisateur prolifique de Why don’t you play in hell, revient après une gros burn out, avec Nicolas Cage prêt à faire des nouvelles folies de son corps.
Prisoners of the Ghostland raconte l’aventure d’un braqueur, piégé par un malfrat qui le contraint à aller sauver sa nièce.

Visuellement, le film est vraiment un plaisir à regarder. C’est tantôt coloré, tantôt sépia quand il s’agit de filmer les errants. Si les scènes de combats ne sont pas d’une grande ingéniosité tant en termes de chorégraphies, que de mise en scène, Prisoners of the Ghostland promet des séquences jouissives.
Malheureusement, l’aspect délirant et foutraque du film reste finalement très sage. Les blagues plus ou moins graveleuses tombent vite à plat manquant cruellement d’acidité et de culot.
Pas de personnages haut en couleur, de rebondissement improbables ou d’objets fascinants.
Nicolas Cage est en service minimum alors qu’il attendant apriori depuis un moment de tourner avec Sion Sono.
Quant à Sofia Boutella que j’apprécie beaucoup (vue dans Climax), son personnage est réduit à être muette, sans que ça soit véritablement utilisé dans la narration.

Un moment sympathique et agréable, mais qui retombe un peu comme un soufflet.

5-Mondocane de Alessandro Celli 

Mondocane est la proposition « cinéma de genre social » de la sélection. Nous sommes dans une dystopie, et deux adolescents laissés à leur sort, intègre un gang mené par un adulte sachant tirer profit de ses proies.

Le film pourrait se passer du terme dystopie, puisque c’est la situation déjà actuelle de beaucoup d’enfants, notamment au Mexique, comme le montre Tigers are not afraid. D’autant que le film ne contient aucun élément de SF à proprement parler.
La force de Mondocane est la qualité des interprétations des deux enfants, et du leader diabolique. Le reste des personnages étant complètement mis de côté, d’autant plus les personnages féminins. On a l’antagoniste qui est là surtout pour être sexy, la femme flic repentie assez inutile, et l’adolescente dont le rôle est d’éveiller l’un des protagoniste à l’amour. Avouez que c’est pauvre.

Mondocane fait l’économie des scènes d’actions, qui sont bien rythmées, et se concentre davantage sur les enjeux relationnels. Le travail du chef opérateur est soigné.
Malheureusement, la narration déroule tous les événements attendus: la manipulation de l’un puis de l’autre, le basculement de l’un vers le mal et l’autre vers le bien qui du coup s’affrontent…
Ce qui m’amène à conclure que le film aurait largement pu tenir sur 1H30 au lieu de 2H. Mondocane semble parfois interminable.

Les films des Utopiales de l’édition 2021 que j’ai pu voir, m’ont globalement déçue, même si chacun est force de propositions.
La claque de l’édition 2018 avec Assassination Nation n’aura donc pas eu lieu.
Vivement l’année prochaine!