Du 3 au 6 février 2022, était organisé la 7 ème édition du festival de films d’horreur féministe le FINAL GIRLS BERLIN FILM FESTIVAL. Zoom sur 3 super films vus au festival.
Beaucoup de courts métrages et films présentés ne sont malheureusement pas trouvables, mais le festival à un partenariat avec Vimeo qui vous permettra de les voir. Donc ça vaut le coup de prendre un ‘pass vidéo’ si vous ne pouvez pas vous rendre sur place, et que vous voulez découvrir de petites pépites.
Pénétrons à présent dans un monde merveilleux, un monde où on ne vous dira pas « calmez-vous madame, ça va bien se passer ». Un monde de créativité et de critique sociale. Bienvenue au Final Girls Berlin Film Festival.
1- You are not my mother (Samhain)
de Kate Dolan (2021)
Charlotte, une adolescente isolée, habite dans un quartier résidentiel modeste avec sa mère et sa grand mère. Peu avant Halloween, sa mère disparait plusieurs jours et revient à la maison en refusant de donner des explications à ses comportements de plus en plus étranges.
You are not my mother est un film Irlandais que je classerai dans le « Family horror ». Genre qui dissèque les dynamiques complexes de la famille, généralement dysfonctionnelle. Les problèmes soulevés dans ces films sont souvent plus profonds et psychologiques que dans les autres genres de l’horreur.
Au croisement de Babadook et de Relic, You are not my mother parle à travers ces 3 générations de femmes, de la fragilité mentale et du poids de la maternité, sous le prisme des « Changelings ». Dans ces contes du folklore Irlandais, les fées et les trolls volent les bébés des humains et les échangent avec des copies vides : les Changelings. Qui se nourrissent de l’énergie vitale des mères pendant des semaines avant que ces dernières ne finissent par mourir.
Une petite bande annonce pour se mettre en appétit ?
Et une chouette interview de la réalisatrice Kate Dolan à retrouver sur le blog fais pas genre
2- Knocking
de Frida Kempff (2021)
Molly aménage dans un nouvel appartement après un petit séjour en institut. Un nouveau départ qui devrait bien se passer, mais elle commence à entendre des bruits étranges dans son immeuble…
Knoking est un film Suédois à la fois très doux dans la caractérisation du personnage principal, et très dur dans le propos. A travers la mise en scène, le film parle de la charge mentale du trauma et comment celui-ci ne nous quitte plus, en s’imposant dans nos pensées, nous interrompant dans les petits moments de tous les jours.
Plus largement, le film pose la question de la santé mentale et de la résilience : si on sait qu’on ne va pas bien, à quel point peut-on se faire confiance ?
Le film est très beau, très intense. J’ai personnellement été touchée par le jeu subtile des couleurs rouge et vert, qui racontent une histoire plus émotionnelle, venant rajouter une couche narrative à l’histoire que la réalisatrice est en train de nous montrer.
Le film parfait à regarder seul.e dans ton nouvel appart …
3- Mlungu Wam (The good madam)
de Jenna Cato Bass (2021)
Suite au décès de sa grand mère, Tsidi refuse de se soumettre à son oncle, qui a décidé d’investir la maison de la grand mère. Mère célibataire, ne pouvant pas compter sur le père de sa fille, Tsidi fait le sacrifice de retourner habiter quelques temps avec sa mère, Mavis, une domestique vieillissante qui ne veut pas quitter sa maitresse de maison.
Mlungu Wam est un film psychologique qui propose plusieurs couches de réflexion autour des dynamiques raciales et sociétales spécifiques à l’Afrique du Sud, dans un contexte post-apartheid. Le rêve d’une société prospère, sans classes, multi ethnique et égalitaire a-t-il vraiment abouti ? Les blancs ont-ils maintenu un système qu’ils dominent financièrement ? Essaient-ils d’atténuer l’impression de domination par des discours paternalistes, sans avoir totalement renoncé à leurs privilèges?
Les noirs exercent en majorité des métiers de service. Sont-ils encore réduits à des sujets, au même titre que l’artisanat Africain qui peuple la maison des maitres ? Dans ce contexte de maison hantée, où les fantômes représentent le(s) trauma(s) hérité(s), Tsidi incarne la lutte contre le déterminisme et la domination des corps.
Pas de trailer disponible malheureusement pour ce film, en tout cas je n’en ai pas trouvé. Mais c’est vraiment un film à voir et bonne nouvelle, le film a été acheté par la plate-forme Shudder et devrait être accessible d’ici la fin de l’année 2022.
Vous pouvez aussi lire notre compte rendu de la conférence passionnante organisée au Final Girls Berlin Film Festival, sur la représentation des femmes noires dans le cinéma de genre.
On retournera en février 2023 participer à la 8ème édition du Final Girls Berlin Film Festival, en attendant vous pouvez les suivre ici :