femme maquillée tête de mort

Prevenge est un projet audacieux; celui de mettre en scène une femme (réellement) enceinte au coeur de la revanche de son foetus. Grinçant et jubilatoire.

Le film raconte le parcours sanglant de Ruth, enceinte de 8 mois, animé par la vengeance de son bébé, qui lui donne des ordres à travers le ventre.

Affiche Prevenge

Prevenge d’Alice Lowe,
Avec Alice Lowe, Gemma Whelan,
Scénario: Alice Lowe,
Montage: Matteo Bini,
Producteurs: Vaughan Sivell, Will Kane, Jennifer Handorf

Prevenge (2016), est le premier long métrage de l’actrice anglaise Alice Lowe. Alice Lowe tient le rôle principal et a également écrit le scénario.
Présenté dans plusieurs festivals dont celui de Gerardmer et Hallucination collectives (mais privé de sortie cinéma), Prevenge, se démarque d’emblée.
Comédie cynique horrifique, bébé commanditaire d’assassinat, film de genre réalisé par une femme et issue de la comédie anglaise. Tous ces éléments sont si inhabituels qu’ils ne peuvent qu’attiser la curiosité.
Ajouté à cela, Alice Lowe a eu l’idée de Prevenge en étant enceinte, et que c’est son propre ventre de femme enceinte qu’on voit à l’écran.

Ruth’s baby

Sur le papier, le scénario de Prevenge est simple: on suit le parcours de Ruth, qui met en place des stratégies directes et efficaces, dictées par son bébé. Elle ne laisse aucune échappée possible à ses victimes. Les dialogues sont bien écrits et rendent crédible le fait qu’une femme enceinte de 8 mois, malgré son état, arrive à tuer sans obstacles.

Prevenge renvoie à l’idée qu’une femme enceinte n’est pas totalement maîtresse de son corps. Soit de par les mouvements du bébé, soit par les changements physiologiques qui en découlent. Alice Lowe a précisé qu’elle n’a pas cherché à mettre en place un message subliminal à ce sujet. Pour autant je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien, car les scènes avec la gynécologue, légèrement irritante, appuie cet aspect: injonctions sous formes de conseil, sentiments de la mère occultés…

La maison des maudites maternelles

La photographie est soignée. Ainsi, l’ambiance de chaque scène clef est parfaitement identifiable. Le bar avec son aspect festif pour séduire, lumière claire, proche du blanc clinique quand Ruth va attaquer, fête d’Halloween plus sombre qui amorce le climax.
Peu de budget, donc peu de décors et peu d’effets visuels. Cela reste pour moi la partie sans doute la plus faible du film. Alice Lowe se centre uniquement sur Ruth, et distille petit à petit les raisons de ses folies meurtrières.

Car malgré un ton très cynique, au bord de l’humour noir, Prevenge souffre d’une répétition qui peut paraître un peu ennuyeuse. Mais on trépigne avec elle pour connaitre comment évoluera la mère avec ce bébé une fois né.
Le fait qu’Alice Lowe touche à un sujet tabou (la femme enceinte) dans le cinéma de genre, permet de renouveler la représentation du corps de la femme enceinte. Ici, pas de fascination pour ce corps difforme, pas d’effets gore inutiles. Ce corps est un outil de guerre, qui amène son personnage à son objectif.

Prevenge a ses limites visuelles, mais qui est rafraichissant dans le paysage des mères dans le cinéma d’horreur. On sent le plaisir évident d’Alice Lowe, ainsi que sa démarche sincère de proposer un divertissement bien ficelé.

Le film est disponible sur Shadowz:

mickael myers