Les conférences font parties de mes péchés mignons aux Utopiales. Comme l’année d’avant, je scrute le programme à la recherche de thématiques passionnantes. Compliqué de faire un choix, mais j’ai essayé au mieux de varier. Entre Science Fiction chinoise, langage et prédictions du futur…Viens je t’emmène!
Avant d’évoquer les conférences, je souhaite faire un zoom sur l’exposition de l’auteur de la (magnifique) affiche des Utopiales 2019: Mathieu Bablet.
Traditionnellement, l’exposition du travail de l’auteur-e de l’affiche est exposée au début du parcours de chaque festivalier-ère.
J’aime beaucoup son travail, avec une précision extrême sur la perspective, qui donne vraiment une impression à la fois d’immensité des bâtiments, et de vertige.
« Âmes et thèmes de la Science Fiction chinoise »/ Wang. N et Zhang R.
Loin des yeux, près du cœur
Je ne sais pas pour vous, mais quand je pense à la science fiction, j’associe rarement des auteur-rices chinois-es. Alors quand j’ai vu sur le programme cette conférence, elle m’a de suite intriguée.
Et je n’ai pas été la seule. Une foule incroyable s’est agglutinée.
S’il y a une chose que l’on peut retenir c’est que malgré l’éloignement culturel de la Chine, les deux auteur-es disent que les problématiques qu’ils abordent ne sont pas loin de la culture occidentale. Les différences se situent davantage sur les éléments du quotidien (on utilise plus du bois,soie, bambou, et le pétrole est plus utilisé pour allumer le feu). Mais aussi dans la manière d’exprimer les sentiments, et surtout les relations avec les ancêtres/ainés. L’autrice conclue que finalement leur génération (20/30 ans) est plus proche de la culture occidentale que celle de leurs propres parents.
Ils ont grandi avec Jules Verne, mais aussi de la science fiction soviétique, mais peu de SF contemporaine.
J’ai noté également que la cyber littérature apparue plus dans les années 2000 est un véritable biais pour lire de la littérature SF. Les auteur-es écrivent des chapitres qui peuvent être commentés directement par les internautes. La rémunération se fait au nombre de vues.
La censure et la SF
Les Chinoi-se-s lisent beaucoup de littérature SF, sur leur téléphone et dans le métro. Il existe plusieurs conventions SF en Chine mais ils constatent que les personnes viennent pour faire dédicacer des ouvrages, pas pour écouter des conférences, comme aux Utopiales.
La question de la censure n’a pas été éludée. Mais la réponse a été attendue. Tous les deux disent que les auteur-es savent ce qu’ils peuvent dire ou pas, et comment les contourner au mieux, si besoin. De plus, la censure évolue au fil du temps, et rapidement. Elle est fluctuante. A un instant T, tel élément peut ne pas être un problème, mais peut le devenir 3 mois plus tard. Par ailleurs, il est possible de s’attaquer aux personnes politiques les plus basses au niveau hiérarchique. Plus on monte, plus c’est problématique.
Enfin, j’ai noté quelques ouvrages qui m’ont semblé intéressants à lire:
-Le problème à trois corps,
-L’insondable profondeur de la solitude,
et la plupart des livres écrits par Hansong.
J’ai enregistré une partie de la conférence. Le son n’est pas toujours terrible mais vous aurez le plaisir d’entendre les auteur-es Wang. N et Zhang R. parler leur langue.
Rencontre avec Agnès Florin, la femme qui fait parler les enfants
Agnès Florin, psychologue le précise d’emblée: le titre de la conférence ne lui correspond pas. En effet, elle dit qu’elle parle avec les enfants, mais les faire parler, non.
Compliqué d’aborder la communication des enfants en 1H. Le principe de la conférence a été de balayer l’évolution de la communication et de la compréhension du bébé et de l’enfant.
Petite pensée pour la personne pour posait des questions à Agnès Florin. Celle ci a pris un malin plaisir à ne pas être toujours très sympathique, ce qui a donné lieu à quelques moments un peu gênants.
Les bases
Elle commence par tenter de définir le langage. C’est une forme de communication. Le langage peut se manifester de différentes manière: physique, orale, via une langue. La langue renvoie à un code, une culture, une façon spécifique de se faire comprendre.
L’appareil auditif est quasi formé à la 25ème semaine de vie fœtale et à la 27ème semaine, il est similaire à celui des adultes. Agnès Florin nous apprend que si le fœtus peut déjà différencier les sons, il ne peut évidemment pas les associer à un sens.
L’évolution de la communication
Ainsi le regard est le premier élément de communication entre l’adulte et le bébé. Car l’adulte va parler au bébé tant que celui le regarde. En général, il s’arrête si le bébé détourne le regard.
A partir de 3/4 mois, l’apprentissage de la règle du dialogue s’instaure. Le bébé se tait pour laisser l’adulte lui répondre et vice versa.
Puis à 7/10 mois, c’est le début de la compréhension dans un contexte. C’est à dire que le mot chaussure n’est pas compréhensible. Mais associé à des actes (se préparer pour une promenade, avec un manteau), oui.
Ensuite, à 12 mois, 30 mots sont compréhensibles dans leur contexte et quelques uns hors contexte.
Enfin, vers 18 mois, on peut noter environ 50 mots dans un contexte.
L’évolution de l’enfant dépend de son tempérament et de ce que l’adulte est prêt à interpréter.
Les 50 premiers mots des enfants varieront aussi en fonction des pays, et de leur culture.
Aux USA on a plus retrouvé des termes liés à l’argent, dans les pays du Nord c’est davantage des mots évoquant la maison. Et les petits français-es…la nourriture.
Le langage et sa culture
Elle indique que les mois qui précédent la parole sont primordiaux pour le développement de celui ci. L’écrit s’ancre dans l’apprentissage de l’oral.
D’ailleurs, à ce sujet, Agnès Florin soulève un point très intéressant concernant l’évaluation des enfants. Le système éducatif s’attache à juger la production, et non la compréhension des enfants. Parce que c’est plus simple à évaluer car factuel. Or, la production reflète-t-elle forcément la compréhension que nous avons d’un problème ou d’une situation?
Les nouveaux nés/bébés ont besoin de comprendre et d’apprendre. Mais aussi d’être reconnus pour leurs compétences. Il n’y a pas d’enfant compétent, si aucun adulte ne lui reconnait des compétences. Tout cela s’inscrit dans une relation avec les adultes où les bébés se sentent en sécurité pour explorer.
Enfin, elle indique qu’il ne faut pas oublier que pendant les 6 premières années de vie, l’extérieur de la vie familiale joue un rôle important (assistantes maternelles, écoles, crèches, etc…).
La question des écrans a été évidemment abordée, et sans surprise, Agnès Florin confirme leur nocivité. Surtout en termes de passivité. Car on apprend en faisant.
Par contre elle soulève un point peu entendu: le digital est mauvais d’abord pour les enfants qui ne sont pas favorisés (que l’on parle de relations sociales ou d’initiation à la culture).
Une conférence très intéressante pour aborder les bases du langages.
Rencontre avec Virginie Raisson Victor, la femme qui scrute le futur
Pour commencer, Virginie Raisson Victor est une géopolitologue. Elle est en charge du Laboratoire d’études prospectives et d’analyses cartographiques, qu’elle a créé avec son mari, Jean Christophe Victor.
Ensuite, il faut avoir en tête que le but de la conférence était d’apporter un regard sur comment aborder les changements futurs du climat de notre planète, mais aussi des comportements sociaux. Les deux étant intimement liés.
Puis, elle a rappelé que bien qu’on sait qu’un changement climatique est en cours, les proportions dramatiques du scénario qui va se dérouler, sont très floues.
En fonction des scientifiques, le degré de réchauffement varie non seulement entre eux, mais au fil du temps. On entend parfois 2°, 10°, 20…
Par conséquent, il est compliqué de se projeter sur des conséquences.
D’ailleurs, ces conséquences étant liés aux comportement sociétaux, la tâche s’avère d’autant plus difficile.
Lors de la conférence, Virginie Raisson prend l’exemple du mouvement de la honte de prendre l’avion (le flygskam). Ce mouvement n’avait absolument pas été anticipé, détecté. Et grâce aux réseaux sociaux, il a pris de l’ampleur rapidement. Ainsi, c’est un problème dont les compagnies aériennes commencent à s’emparer.
Par la suite, pour faire face aux changements, Virginie Raisson pense que la meilleure attitude à avoir c’est la capacité de s’adapter. Être capable de prendre du recul, et observer s’il est possible d’opérer des modifications, quelles qu’elles soient.
Car que nous le voulions ou non, ce changement va avoir lieu. Et elle précise que c’est ce qu’elle transmet à ses enfants. Elle évoque pendant la conférence, la mort de son mari en 2016, qui a demandé de la part de la famille, de s’adapter.
Cette conférence fût particulièrement intéressante parce que je me suis retrouvée sur beaucoup d’éléments de son discours. Et même si elle est en accord avec le fait de dire que le monde va mal, il ne faut pas baisser les bras alors qu’on ne connait pas encore précisément ce que sera fait notre futur…