Lisa Nyarko

J’ai fais partie de la promo 2 des acteurs chez Kourtrajmé. Ça a été une belle et riche expérience pour moi. 

Après plusieurs jours de sélection, la promo 2 a enfin été dévoilée et le groupe s’est très vite soudé.

On a eu l’opportunité d’effectuer divers stages durant ces 6 mois intensifs (clown, krump, théâtre classique, chant, percussion corporelle, doublage…) 

Je pense que lorsque l’on s’engage dans une formation il est nécessaire d’être en accord avec les principes et valeurs que prône celle-ci. Kourtrajmé est une école qui propose plusieurs formations artistiques (réalisation, écriture, acting..) cette école est totalement gratuite, accessible à tous sans restriction d’âge, permet d’être encadrée par des professionnels du métier, met en avant la diversité et est accompagnée et soutenue par de super partenaires. 

Cette formation m’a beaucoup apporté.

Lorsque l’un de mes frères a reçu une caméra en cadeau, il a commencé à imaginer des petits scénarios avec ses amis et a fini par réaliser des films avec sa bande de pote. Curieuse, je lui ai un jour manifesté mon envie de participer à ses créations. C’est comme ça que j’ai découvert ma passion pour le jeu. J’ai ensuite fait ouvrir un club théâtre dans mon collège et ai continué le théâtre jusqu’au bac. J’ai poursuivi mes études jusqu’a l’obtention de mon diplôme puis j’ai décidé m’installer à Paris fin 2019 pour faire du théâtre.

Crédit photo: @kenny_portfolio

J’ai reçu le scénario en amont du dernier tour du casting et pendant ma lecture je me projetais déjà.. 

Le jour de ma rencontre avec Sébastien Vaniček et Théo Christine (Kaleb dans Vermines) a été pour moi une évidence. Je buvais les paroles de Sébastien et l’alchimie était déjà palpable entre Théo et moi. 

Une fois le casting validé, tout est allé très vite : rencontre du cast principal, lecture du scénario en équipe, essayages costumes, essais caméra, répétitions etc.. Je n’ai pas vraiment eu le temps de réaliser ce qu’il se passait.

Ce qui m’a semblé être le plus compliqué sur Vermines a été de garder une constance au niveau de l’état émotionnel des personnages. Parfois, avant certaines scènes qui nécessitaient une implication physique, on faisait des pompes, des burpees pour s’essouffler réellement.. c’était assez drôle à voir !

Il est vrai que dans beaucoup de film de genre et notamment d’horreur, les personnages féminins sont bien souvent  considérées comme des scream girl ou encore des filles en détresse qui dépendent des autres.. 

Sébastien voulait absolument se détacher de ces stéréotypes là et a décidé d’écrire des personnages féminins pertinents et marquants. Je trouve ça génial qu’enfin des personnages féminins prennent le lead à des moment clés du scénario et jouent un rôle conséquent pour la suite des personnages que l’on suit.

Ce qui m’a frappé chez Manon, c’est que derrière sa personnalité et son caractère bien trempé se cache une pudeur et une réelle sensibilité. Cette faille, notamment présente à cause du décès de sa mère, marque une bascule quant à la relation qu’elle entretient avec son grand frère. Cette relation, je la trouve d’ailleurs très juste.

Il est très important pour moi de bien comprendre un personnage avant de l’interpréter. Ça passe par beaucoup de discussions avec le réalisateur mais également avec Théo qui incarne mon grand frère. 

Théo et moi avons suggéré à Sébastien 1 ou 2 fois de petites modifications, certes subtiles mais essentielles quant à la construction de la relation frère/soeur. 

Crédit photo: @kenny_portfolio

Karim, qui travaille à la Ferme Tropicale, est venu avec 200 araignées sur le plateau. Il nous a sensibilisé en nous parlant des arachnides et de leur fonctionnement,  j’ai même fini par en prendre une dans mes mains à la fin du tournage. 

Ça m’a beaucoup aidé, moi qui était arachnophobe !

Sébastien et Karim étaient très attentifs aux araignées, lorsqu’une araignée fatiguait on en prenait une autre et on poursuivait le tournage. Lorsque les araignées étaient présentes sur le plateau, toute l’équipe était ultra attentive et concentrée, il ne fallait pas perdre d’araignée dans les décors et il fallait surtout veiller à ce qu’elles soient bien chouchoutées.

Kaleb, qui depuis le début est têtu et a du mal à communiquer avec sa soeur et ses amis, commence à s’ouvrir au groupe à ce moment précis. C’est la première fois que Kaleb et Manon se regardent et s’ouvrent l’un à l’autre.

Ça a été une scène très interessante à jouer mais ça à également été l’une des scène les plus compliquées à tourner. 

Lorsque l’on tournait il n’y avait aucune araignée présente dans le tunnel, les effets spéciaux ont été rajouté en post prod. Nous devions donc imaginer les centaines araignées présentes dans le tunnel.. Jouer en imaginant les araignée n’a pas été si difficile que ça car l’on s’appuyait les uns sur les autres, l’état des uns affectait l’état des autres, je pense que cette scène nous a vraiment soudé. 

Ce qui a été difficile en revanche était la réalisation du travelling arrière 360° ; il fallait que l’équipe technique réussisse le travelling arrière sans se prendre le décors, et nous les comédiens, devions rester immobiles pendant la réalisation de ce plan. La synchronisation était donc complexe.

Crédit photo: @kenny_portfolio

Le tournage s’est vraiment bien déroulé parce que nous nous sommes tous fait confiance.

Sébastien a été très à l’écoute et a senti les moments où son équipe avait besoin de lui, parfois il passait plus de temps avec nous et laissait son équipe technique en autonomie, et d’autres fois c’était l’inverse. Nous ça nous permettait aussi de faire des propositions ou des changement de textes par exemple lorsque c’était nécessaire.

Je vivais un peu au jour le jour, je me laissais porter donc je n’ai pas eu le temps d’appréhender quoi que ce soit, j’étais en totale confiance.

Le plus compliqué au final a été le début du tournage lorsque l’on été 5 sur le plateau, il fallait que l’on trouve chacun notre place tout en laissant de la place aux autres, il fallait gérer le rythme etc, mais après 2-3 répétitions c’était réglé.

Je pense qu’un film aussi audacieux que Vermines manquait clairement au paysage cinématographique Français. 

Personnellement, je n’ai pas vu beaucoup de film de divertissement, de film de monstre comme ça en France. 

Sébastien a voulu faire un film de divertissement pour un large public, un film qui parle de la xénophobie, de la peur de l’autre, du délit de faciès de façon métaphorique mais surtout, il voulait avant tout faire un film qui lui aurait lui même donné envie d’aller au cinéma. Une place de cinéma reste un coût et le public en a pour son argent, il ne faut pas l’oublier !

Selon moi, la générosité qu’a mis Sébastien dans son premier film est gage de qualité.

Effectivement, plus jeune je ne me sentais pas représentée et ça a été parfois très difficile. 

Certains artistes dénoncent ces discriminations et stéréotypes en se battant pour que cela change, c’est effectivement le cas d’Aissa Maiga, de Nadège Beausson-Diagne, de Maïmouna Gueye, d’Assa Sylla, de Karidja Touré et j’en passe… 

Donc bien évidement que les choses bougent depuis un moment, mais je pense qu’il y a encore du boulot.

Je trouve que le cinéma doit être un représentant de notre époque. Il est donc important et primordial pour moi de ne pas dire « oui » à tous les rôles qui me sont proposés. 

Il faut être attentif et savoir ce que l’on souhaite défendre à travers notre carrière artistique.

Effectivement, Sébastien nous avait parlé de sa vision artistique et de son souhait d’aborder certains problèmes de société de façon légère.

Il est vrai que films de genre, notamment les films de monstre, parlent pour la plupart de la xénophobie. Vermines traite évidement ce sujet mais pas que, il y a aussi plein de propos sous-jacent, comme par exemple la cause animale dont Sébastien est très sensible, ou encore le manque de communication omniprésent entre Kaleb et sa soeur, entre ses amis, entre les habitants de l’immeuble et la police etc.. 

Crédit photo: @kenny_portfolio

Il y a énormément de choses à décrypter.

J’aimerais beaucoup travailler avec Jimmy Laporal Tresor. Ces dernières réalisations (Soldat Noir, Les Rascals) m’ont marquée, j’aime sa direction artistiques, les sujets qu’il aborde, je trouve ça fin et précis.