Festival Science Fiction

Les Utopiales proposent toujours une large programmation de courts métrages. Ayant toujours peu l’opportunité d’en voir sur grand écran, c’est donc l’occasion. Cette année, la compétition internationale se répartie en 5 sessions d’une heure et demie environ.

J’aime:
La diffusion de courts métrages attire. Chaque séance est pleine à craquer. Et si l’on prend en compte l’offre culturelle foisonnante du festival, c’est même une performance. Une idée à propager dans l’ensemble des cinémas avant une séance…?
Par ailleurs, les courts métrages d’animation sont intégrés à l’ensemble des courts. Il n’y a pas de catégorie animation, séparée des autres œuvres, comme bien souvent. Ce qui renforce l’idée que l’animation est un genre de cinéma comme un autre (coucou les Césars!).

J’aime moins:
Le cru 2018 est passable. On se demande même pourquoi certains métrages ont passé la sélection…On peut regretter la quasi absence d’œuvres françaises (3/34), malgré un gros effort de présenter des métrages européens.
Enfin, la quasi absence de réalisatrices une fois de plus ( 4/34 œuvres)…

Amérique

Papilloplastie, de David Barlow Krelina (Canada)

Le sujet:
Papilloplastie est un court métrage d’animation narrant l’itinéraire d’un client d’une clinique, adepte de la chirurgie plastique.

L’avis:

Peu réussi esthétiquement, Papilloplastie tente de se rapprocher de son audience dès le début en donnant les traits d’un frère Bogdanov, à son personnage principal. Connus pour avoir le visage déformé par la chirurgie plastique, cela a le mérite de provoquer d’emblée quelques rires.  Seulement par la suite, rien ne décolle. Ni les personnages, ni l’intrigue. On déambule avec le personnage dans un lieu futuriste, déjà vu. La critique est simple, celle de l’addiction de la chirurgie esthétique, de la course à la soi disant beauté, qu’on ne peut pas constater ici. Le final laisse les spectateur-rice-s dubitatif-ves: le personnage se transforme en papillon; une métaphore de la transformation?

Riley was here de Jon Rhoads et Mike Marrero (USA)

Le sujet: 
Un homme vient se shooter pour ressentir ce que peut vivre un zombie.

L’avis:

L’idée de départ est originale. Nous sommes dans un monde actuel où hommes et femmes perdent forcément un être cher à cause d’un virus zombie. Malgré l’existence d’un vaccin, certaines personnes cherchent à retrouver, ou à comprendre les réactions que peut provoquer quand on est à l’état de zombie. Final prévisible et mise en scène simple, mais on passe un bon moment entre rires et suspens.

Space Flower, de Pam Covington (USA)

court métrage SF

Le sujet:
Amoureuse d’un robot mais dont l’union est interdite, une héritière d’un empire de chips est envoyée en orbite par ses parents.

L’avis:
Space Flower
est le court rafraichissant de la session. Décor assumé en carton pâte, du vaisseau aux accessoires, en passant par le robot, on prend plaisir à suivre les déboires adolescents de l’héroïne. Ca ne se prend pas la tête, sans grande prétention, et pour une fois cela aborde la SF de manière optimiste..

Occupant, de Peter Cilella (USA)

Le sujet:
Un homme constate qu’un double mystérieux s’infiltre dans sa maison.

L’avis:
Captivant, mais bien trop court pour le coup. On reste sur notre faim, dans la mesure où c’est une histoire vue et revue (un homme constate qu’un extraterrestre utilise un double de son corps pour prendre possession de sa vie).

The Replacement, de Sean Miller (USA)

Le sujet:
Afin de satisfaire l’envie des humains de vivre plusieurs vie, la mise en fabrication de clones est devenue monnaie courante. L’un des premiers à avoir passer le cap regrette amèrement ses choix, le jour où lui agent d’entretien voit un de ses clones devenir Président.

L’avis:
Sur une idée (très) classique dans la science fiction (l’utilisation de clones), un élément beaucoup plus pertinent se greffe: la frustration de l’être humain de, soit ne pas vivre la vie souhaitée, ou la curiosité de savoir quelles vies un ou des autres sois peuvent vivre. Vous me suivez?
Malheureusement, cet aspect est finalement peu exploité, et on reste en surface. Pourtant il y avait matière (préférence des humains d’élire un clone plutôt qu’un humain, la résistance, etc…).

Edge of Alchemy, de Stacey Steers (USA)

Le sujet:
Edge of Alchemy est une revisitation de Frankeistein via un procédé impressionnant. La réalisatrice a sélectionné des scènes des actrices de Mary Pickford et Janet Gaynor dans des films muets des années 30, pour les intégrer dans 6000 collages.

L’avis:
Le court qui aura gagné mon vote! Et pourtant, compte tenu des échos que j’ai pu entendre, il est loin d’avoir faire l’unanimité (certains ont même parlé de souffrance!). Il est vrai qu’il est n’est pas forcément accessible et même parfois difficilement compréhensible. Pour autant, l’univers onirique produit par le procédé est tellement fascinant, que je me suis laissée portée.

The Cure, de Mike Olenick (USA)

Le sujet:
A vrai dire, on ne sait pas très bien. Des extraterrestres utilisent les humains pour tester..quoi? On ne sait pas…au milieu d’une peur de la solitude.

L’avis:
Une catastrophe. Rien ne va pas. La photographie est affreuse, digne d’un feuilleton des feux de l’amour. La mise en scène se contente d’enchaîner littéralement des zooms avant/arrière en permanence ce qui agace profondément. La qualité des dialogues est inexistante donc on ne comprend pas le sens des actions des personnages, et encore moins l’enjeu. Les maquillages sont drôles malgré eux (une sorte de pâte verte recouvre les acteur-rices). Là vraiment, je me demande comment il a pu passer la sélection.

Information Superhighway de Mathew Nelson (USA)

Le sujet: 
Des pilotes testent des voitures équipées d’intelligence artificielle.

L’avis:
Bénéficiant d’une belle photographie en noir et blanc, le court m’a laissée sur le côté. Mélange de scènes de voiture, de points économiques, j’ai trouvé que l’aspect expérimental se prêtait mal pour traiter de ce sujet.

Rust in peace de Will Welles (USA)

Le sujet: 
Un robot sort d’une décharge et rejoint son compagnon humain.

L’avis:
On s’attache vite à ce robot, à l’allure d’un predator mignon, errant dans un paysage désertique, tel un Wall e. Face à la solitude de son maître ou de son ami, il apparait plus humain que l’être humain. Classique mais soigneux dans sa mise en scène, le court métrage ne cesse de surprendre dans l’évolution de cette relation, pour une fois positive (ou presque) entre l’homme et la machine.

RFLKTR de Matt Turner (USA)

Le sujet:  
Une commandante s’échoue sur une planète déserte et est confrontée à son double.

L’avis:
Images soignées mais intérêt 0. Le court était à l’origine dans la session 4 mais a connu des problèmes techniques. Les Utopiales l’ont donc reprogrammé pour la session 5. Ce n’était pas nécessaire.

Europe

L’auxiliaire, de Frédéric Plasman (Belgique)

Le sujet:
L’auxiliaire met en scène une femme, visiblement mal en point, victime d’une voix, de pensées qui semblent la diminuer de plus en plus.

L’avis:
Mise en scène classique, le décor est plus intéressant: des sortes de ruines forment un cercle autour de la femme. Comme une spirale. Le problème c’est que le court devient intéressant à la fin, quand on comprend que c’est une puce sensée booster les performance du cerveau, qui est la voix off, et dont la femme cherche à se débarrasser. Dommage, car le reste du film porte à confusion, et ni la mise en scène, ni le monologue ne sont suffisant captivants pour s’y accrocher. Et puis surtout, on aurait aimé en savoir plus sur cette puce, plutôt que de regarder les déambulations du personnage.

Laura & Vineta, de Roberts Kulenko (Lituanie)

Le sujet:
Un cultivateur de pommes de terre se voit confisquer son champs suite à l’atterrissage d’OVNI…

L’avis:
La première session de courts métrages, se finit sur une touche humoristique avec Laura & Vineta. On s’amuse devant la tendre passion du personnage (et ses compagnons), pour ses patates. Je n’ai pas bien vu l’intérêt du film (une comédie n’est pas forcément dénuée de sens pour autant), qui reste très classique dans sa mise en scène.

Cyborgy, d’Adam Zadlo (Pologne)

Le sujet:
Des robots balançant la cadence, sont perturbés par l’arrivée d’un virus.

L’avis:
Film d’animation expérimental, Cyborgy est plus intéressant dans sa forme que dans son fond. L’utilisation de pâte à modeler pour matérialiser le virus donne un rendu plutôt efficace. La scène la plus originale est la représentation du bug qui survient, représentant une sorte de combat, de lutte pour tenter de trouver un raisonnement malgré tout.

Voyager, de Kjerstl Rasmussen (Norvège)

Le sujet: 
Dans un pays froid, des étoiles filantes amenant des visiteurs extraterrestre sur une base stockant des semences, perturbe l’équipe sur place.

L’avis:
C’est intriguant, la photo est belle, mais encore une fois ce type d’amorce mériterait un traitement plus long. Le-a spectateur-rice est trop habitué-e à ce genre de scénario pour accepter de rester sur une telle fin, inaboutie (Pourquoi vont il chercher la semence en nombre? Pourquoi du végétal doit être associé à un humain?..)

Reruns de Rosto (France)

Le sujet: 
L’évolution d’un personnage à différents stades de sa vie, à travers un rêve.

L’avis:
Mélange de prises de vues réelles et d’animation, ce métrage s’avère divertissant. Le personnage est plutôt attachant (tantôt enfant, tantôt adulte maladroit, tantôt squelette…). Le court manque de structures, ce qui finit par nous perdre, avec des répétitions qui paraissent inutiles (la récurrence du prof qui n’apporte pas grand chose). Ceci dit, est ce dû au manque de structure de la plupart des courts de cette session5

Ugly de Nikita Diakur (Allemagne)

Le sujet: 
L’itinéraire d’un chat sous l’oeil bienveillant d’un Amérindien.

L’avis:
C’est plus par la forme que par le fond qu’Ugly se démarque. Tout est carré ou octogonal. Cela donne un aspect appelant évidemment la rigueur d’un monde mais aussi son aspect fantastique. Cela peut gêner car pouvait rappeler un jeu vidéo médiocrement réalisé, mais c’est pourtant ce qui m’a aidée à suivre les aventures de ce chat qui s’avèrent peu intéressantes.

72% de Lluis Quilez (Espagne)

Le sujet: 
Le corps humains est composé de 72% d’eau. Dans un décor désertique, 4 personnage se partagent minutieusement une bouteille d’eau qui se remplit petit à petit grâce à une unique goutte d’eau.

L’avis:
J’ai entendu autour de moi des soupirs de soulagement quand le court s’est fini. Car il était apparemment trop long et lent. Personnellement j’ai beaucoup apprécié cette montée en puissance des problèmes qui vont amener à la mort de chacun-e. Chaque catégorie de la population a été tentée d’être représentée (la femme noire et mère, la personne handicapée, le gros homme d’affaires….). Et l’issue fatale est à l’image de l’incapacité de l’homme (et a priori non pas de la femme), d’être raisonnable.

Spinning record d’Emily Downe (Royaume Uni)

Le sujet:  Bonne question.

L’avis:
A vrai dire je n’ai même pas eu le temps de le voir. Il dure quelques secondes, et on l’on voit une succession d’images, de chiffres, de personnages. On a pas le temps de faire de liens, de comprendre.

Lo Siento Mi Amor d’Eduardo Casanova (Espagne)

Le sujet: 
L’explication de l’assassinat de Kennedy…

L’avis:
Le court métrage WTF par excellence. Si vous avez envie de voir Jackie Kennedy baiser avec un extraterrestre, et commanditer via son amant le meurtre de son mari…Essayez de le voir. Mention spéciale aux décors qui sont particulièrement soignés, avec le rose de la tenue de Jackie Kennedy un peu partout. Le film a le mérite de mettre mal à l’aise. A part ça…

Asie

Emergency stair, de Mae Hwa Park (Corée du Sud)

Le sujet:
Une stagiaire en marketing est missionnée pour apporter des documents au département RH. L’ascenseur étant en panne, elle emprunte des escaliers qui la feront tourner en rond.

L’avis:
Critique de la pression managériale dans les grandes entreprises, Emergency stair utilise l’aspect fantastique (une femme coincée dans une faille spatio temporelle), pour communiquer une envie de se libérer du dictat patronal. Le film tourne rapidement en rond, mais propose un final intriguant juste avant qu’on commence vraiment à s’ennuyer. Sympathique, j’ai finalement voté pour celui-ci.

Walking meat de Shinya Sugai (Japon)

Le sujet: 
Les zombies sont utilisés comme viande pour nourrir les humains. Après une panne dans une usine à viande, des salarié-es vont devoir s’unir pour survivre.

L’avis:
C’est déluré, c’est fun, c’est acide parfois (notamment sur l’égocentrisme des humains). Esthétiquement c’est plutôt réussi, mais le court se démarque vraiment lors des scènes d’action qui sont particulièrement entrainantes. Sans grand intérêt, mais divertissant.

Irony, de Radheya Jegatheva (Australie)

Le sujet: 
Plaidoyer contre notre utilisation des réseaux sociaux.

L’avis:
Film d’animation brillamment  réussi, constitué de successions de plans maîtrisés et logiques, on plonge facilement dans cette réquisition contre l’orgueil humain, utilisant les réseaux sociaux. Malheureusement, le discours a déjà été entendu 1000 fois pour se démarquer, et manque surtout de nuances, et manque de tomber dans la caricature (je ne suis pas sûre que toutes les femmes qui aiment se montrer sont dans le fond, dépressives…)

Retour sur:
>Les Utopiales- Edition 2018- Bilan général
>Les Utopiales- Edition 2018- Conférences
>Les Utopiales- Edition 2018-Longs métrages