Le genre de la comédie favorise la convivialité et permet d’alléger des situations en mettant à distance des angoisses. Quand l’humour est partagé il peut devenir un pouvoir fédérateur, et quand il est utilisé intelligemment il peut devenir une arme satirique qui expose des problématiques de société.
On peut sortir du genre de l’horreur pour proposer une réflexion sociale; Découvrez ces séries comiques qui sont beaucoup plus intelligentes et engagées qu’on pourrait le penser.
Reno 911 : le con, la brute et le truand 👮
8 saisons, 2003-2009
Reno 911 c’est un peu comme l’enfant de The office et de COPS, une série mockumentaire qui suit une brigade de shérifs du conté de Reno dans le Nevada. Les shérifs sont interprétés par des comédiens brillants comme Thomas Lennon (et son petit short non réglementaire). Au fil des saisons on peut apercevoir des acteurs comme Jim Rash de Comunity, Paul Rudd, Ron Perlman, Zach Galifianalis, Jonah Hill…
J’ai découvert bien plus tard que la série était en réalité très peu scriptée, laissant place à beaucoup de scènes d’improvisation. Ce qui crée un rythme réaliste qui met encore plus en exergue les situations comiques, un peu comme dans The office. Et au même titre que It’s always sunny in Philadelphia la série n’est pas politiquement correcte, elle expose aussi des côtés plus sombres de l’Amérique pauvre et white trash.
Il existe également 2 films : Reno 911 à Miami et Reno 911 The Hunt for Qanon. Dans ce dernier, ma brigade favorite part à la recherche de l’incarnation de Q-anon, la mouvance conspirationniste d’extrême droite pro Trump dont certains adeptes avaient envahi le capitole en 2021. La théorie Q-anon prétendent que les politiciens anti Trump sont des Satanistes pédophiles qui kidnappent des enfants pour prélever une substance considérée comme une cure de jouvence : l’adrénochrome. Sympa.
Peep Show : je pense donc je suis (un connard) 👁️
2003 et 2015, 9 saisons
Peep show est la série de «social awkwardness» British par excellence. Nos amis anglo saxons ont la réputation d’être un peuple qui réprime ses émotions et respecte les conventions sociales (Keep calm and carry on). En plus la série est caractérisée par un humour très noir et absurde typiquement British.
La série revisite le genre du «odd couple» dont les ressorts comiques fonctionnent sur deux personnages diamétralement opposés. Avec ici deux colocs très différents : Mark un manager rigide, lâche et hyper angoissé et son opposé Jeremy, un ado attardé et musicien raté au chômage.
L’originalité de la série est qu’on entend leurs pensées à travers des monologues internes et on voit ce qu’ils voient en caméra subjective (d’ou le nom Peep show qui rappel l’acte de regarder par un petit trou un spectacle à caractère érotique ou intime). Grâce à cette technique de mise en scène, on nous dévoile les paradoxes entre ce que les personnages prétendent être publiquement, et comment ils pensent réellement. Les créateurs de la série qui sont aussi les deux acteurs principaux ont créé deux autres sketch show (That Mitchell and Webb look et The Mitchell and Webb Situation). Olivia Colman (Hot Fuzz, The lobster, La favorite, Flowers, Fleabag) joue également dans la série.
It’s always sunny in Philadelphia : l’effet de groupe est toxique 🍻
15 saisons, depuis 2005
Sunny est une anti sitcom, une sorte de Friends mais avec gens qui ne sont pas vraiment amis et qui tiennent un bar. C’est un super prétexte pour écrire des personnages cons et décortiquer des comportements toxiques des dynamiques de groupe. Le ’gang’ se met constamment dans des situations débiles qui exposent avec second degré les obsessions de la société. Ils osent tacler des sujets comme le cancer, le racisme, la crise du pétrole, l’homophobie et le crack. Comme quoi woke ne veut pas dire politiquement correct.
La série trouve vraiment son rythme à la saison 2 quand Danny DeVito rejoint le cast. Les acteurs de la série sont aussi les créateurs et scénaristes de cette production à petit budget. On sent l’amour qu’ils ont mis à façonner leurs personnages, qui ne deviennent pas plus sages au fil du temps, mais retranscrivent de mieux en mieux des comportements problématiques. Après 15 saisons c’est toujours aussi drôle.
Review : pourquoi fait-on les mauvais choix ? ⭐⭐⭐⭐⭐
2014-2017, 3 saisons
«Life is all we get, but is it any good ?». Forrest MacNeil est un critique professionnel mais il n’analyse pas des films ou des livres, il expérimente et évalue la Vie. Le show a été créé par Andy Daly (Eastbound & Down, Delocated), qui incarne également le rôle principal.
Dans chaque épisode il expérimente des événements du quotidien comme : avoir un meilleur ami, voler dans un magasin, quitter son job ou manger des pancakes. Il attribue ensuite à ces expériences une note de 1 a 5. Bien évidemment rien ne se déroule comme prévu, et le personnage se retrouve dans des situations absurdes qu’il cause lui même. A travers cette autodérision permanente on a une analyse satirique des comportements humains, c’est un petit régal léger.
Atlanta : dépression et surréalisme 🍑
4 saisons, depuis 2016
Série créée par Donald Glover aka Childish Gambino aka Troy de Community.
La saison 1 est plutôt une sorte de drame léger qui présente Earn, un type qui veut devenir producteur de rap pour son cousin et qui a une relation un peu compliquée avec la mère de son enfant. On nous présente un monde quasi alternatif à 1 degré de la réalité, ce qui créé un décalage étrange et comique.
C’est dans la saison 2 que la série prend un virage beaucoup plus engagé dans le fond et la forme (au moment où sort This is America). La trame narrative est moins classique et devient même surréaliste à certains moments, pour appuyer un discours émotionnel d’inadéquation et d’incompréhension sur la société moderne. La série expose sous forme de métaphores des sujets comme le racisme, le gaslighting, la dépression et l’appropriation culturelle.
White lotus S1: les précieuses ridicules 🏝️
Mini série, 2020
L’homme est un loup pour l’homme, même en vacances. La série expose avec une certaine ironie comique les mécanismes de domination des privilégiés aux dépends de gens qu’ils considèrent comme des subordonnés (servants, époux-ses, faire-valoirs, étrangers).
Au delà de la violence de classe, la série décortique la violence dans les relations interpersonnelles, à tous niveaux. La laideur des personnages se dévoile à travers les dialogues au fur et à mesure que l’intrigue se déroule. C’est un carnage.
La superbe bande originale signée Christobal Tapia De Veer (Utopia) appuie cette ambiance de psychose et de pression.
Si vous avez aimé la série je vous recommande le film Le sens de la fête qui est aussi un délicieux carnage. La saison 2 de White lotus s’attaque aux relations de couple, et je n’en parlerai pas ici car ce n’est pas une comédie.
La meilleure version de moi même : narcissisme 2.0 🙃
1 saison, 2021
La série d’humour noir de Blanche Gardin dénonce les paradoxes de la société moderne dans une comédie satirique de 9 épisodes.
Elle s’attaque aux gens qui s’auto diagnostiquent hyper sensibles, aux «féministes» qui descendent les autres femmes, aux gens qui dépensent 15 000 euros pour aller faire du yoga en Inde dans des ashram de luxe pour se sentir woke, aux marchands de développement personnel qui sont plus intéressés par l’argent que de votre bien être etc.
Bon visionnage !
[…] Blackening est une comédie satirique inspiré des slashers classiques. Le film, qui se déroule le 16 juin, date de la libération […]