Festival Montréal

Le festival Spasm s’est achevé, et je vais vous faire profiter de mes impressions! C’est un festival que je viens de découvrir à Montréal.

Le festival Spasm, qu’est ce que c’est?

A la base, le concept était plutôt orienté autour d’une grosse fête d’Halloween, entourée de longs ou courts métrages exclusivement québécois. Petit à petit, le choix des films s’est élargi.

Le festival dure 8 jours. Tous les soirs, un ou deux films sont présentés. Un zombie walk est organisé, des « intervenants » musicaux jouent entre deux projections, des sélections diverses sont proposées,  des quizz, des débats ont lieu après une projection…Bref on ne risque pas de s’ennuyer! Le but du festival Spasm est de diffuser des œuvres « insolites » donc pas nécessairement orientées sur l’horreur. On peut ainsi trouver de la science fiction, du fantastique, voire de la comédie horrifique ou du kung fu…
L’équipe du Spasm Festival c’est une vingtaine de personnes, dont 7 qui se consacrent uniquement à établir la programmation.

J’ai découvert le festival Spasm en ayant pris connaissance du fameux Zombie Walk. Un Zombie Walk consiste tout simplement à réunir un maximum de personnes déguisés en zombie et ensuite à déambuler dans la rue.



Séance Crépuscule- Art/Crime

Je suis allée à la séance du lundi soir, qui proposait un court métrage et un documentaire « Art/Crime » sur l’histoire de Remy Couture.
J’arrive donc au Théâtre Plaza, salle assez grande, avec un étage et deux bars, et une grande scène. Sur la grande scène est installé un écran et je me fais la réflexion que c’est la 1ère fois que je vais voir un film dans un bar. En tout cas, le présentateur du festival Spasm, Jarrett Mann arrive tout pétillant pour annoncer le programme de la soirée. On débute donc avec le court métrage du québécois Eric Falardeau, Crépuscule. C’est un film d’animation en « stop motion » (c’est à dire filmé, image par image), qui raconte l’histoire d’un groupe de créatures dont leur fascination pour un couple d’humain va faire basculer leur destin…Film très curieux, c’est le moins qu’on puisse dire, sympathique à regarder, mais qui ne soulève pas plus d’interrogations que ça.

Débute ensuite le documentaire Art/Crime de Frédérick Maheux, dont c’est la 2ème réalisation. Remy Couture, est un créateur talentueux d’effets spéciaux et de maquillage. Tellement et trop talentueux qu’il est actuellement poursuivi en justice pour corruption des mœurs. A cause d’une plainte vieille de 3 ans, venant de l’Allemagne et lancée par Interpol, Remy Couture a été arrêté par la police québécoise. Avant de travailler pour le cinéma, Remy Couture faisait des séances photo et des courts métrages pour ainsi se perfectionner petit à petit. Tout était mis en ligne sur son site Inner Depravity. Sauf que, suite à une séance photo qui incluait un enfant de 10 ans, des gens ont réellement cru qu’un enfant s’était fait kidnappé et ont donné l’alerte. La plainte a mis 3 ans à venir au Québec, et a quasiment tout de suite eu pour conséquence l’arrestation de Remy Couture.

Frédérick Maheux a décidé de réaliser un documentaire sur ce sujet, en interviewant des modèles de Remy Couture, des personnalités du milieu du cinéma d’horreur, des avocats, des policiers…
Le documentaire reste objectif, se contentant de recueillir les propos des uns et des autres (d’après le réalisateur), mais on sent tout de même que le but est de démontrer que la liberté artistique sera en danger si Remy Couture est condamné. La chose intéressante bien réussie, est de faire croiser des propos de personnes qui se rejoignent, venant de différents milieux. C’est là qu’on voit qu’on peut tous parler de la même chose finalement. Qu’on soit contre ou pour ce qui arrive à Remy Couture, le documentaire se place comme un porte parole d’un problème de société. Qui peut décider de ce que les Québécois (ou le reste du monde) peut regarder? Quelle est la limite?
Remy Couture essaye de récolter des dons pour l’aider face aux démarches judiciaires qu’il doit assumer.
Il est finalement acquitté en 2012.

Après le film, le réalisateur et Remy Couture montent sur scène pour répondre aux questions du public. Au début, tout le monde est un peu timide, puis finalement les questions affluent et elles ne pourront pas être toutes posées. Les principales questions étaient sur le déroulement de la procédure judiciaire.
Remy Couture semble être un personnage sympathique mais complètement dépassé par ce qui lui arrive. Il a essayé de bien faire comprendre aux gens que non, ce n’est pas parce que tout le monde sait maintenant que ce n’était pas réel, qu’il est tiré d’affaire.

Séance du samedi 29 octobre: Grande soirée horreur- Party Halloween

Pour finir en beauté le festival et fêter en même temps Halloween, le festival Spasm propose une grande soirée horreur, costumée. La 1ère partie de la soirée se déroule au Club Soda, semblable au Théâtre Plaza, avec un étage en « U ».  Pas moins de 10 courts métrages seront présentés. La 2ème partie de soirée se déroule justement au Théâtre Plaza, pour la party d’Halloween.
Quand on rentre dans la salle, le marchandisage est cette fois présent. Le festival vend des DVDs de leur précédents éditions, avec les courts ou longs métrages présentés.
La soirée débute avec un numéro d’ombres chinoises orchestré par l’équipe de Gil Brousseau (le vice président lui même du festival Spasm). Ils reproduisent les grandes scènes de Psychose, d’Alfred Hitchcock (1960). C’est vraiment plaisant à regarder et ça fait une bonne intro!
Puis, de nouveau, notre Jarrett Mann vient présenter la soirée courts métrages:

  1. Corps de Yan Moreau- Québec (10 minutes)

    C’est un film sur une petite équipe qui vient enquêter sur des bruits, apparitions étranges que des locataires auraient entendus et vus. Évidemment tourné avec des moyens réduits, le film contient quelques effets visuels bien réussis et nous donne quelques frayeurs. Mais si vous avez vu un bon nombre de films de fantômes et autres, cela ne vous percutera pas plus que ça. Le réalisateur était présent et est venu rapidement présenté le film.
  2. Hambuster- France -réalisé par 5 étudiants de Supinfocom (6 minutes)
    Un vrai régal (c’est le cas de le dire). C’est l’histoire d’un hamburger tueur qui va mettre rapidement une ville sens dessus dessous…Le film est ingénieux, rythmé, dynamique, drôle, et très bien réalisé. Je suis super impressionnée du travail de ces étudiants, qui livrent ici un petit bijou, et qui est bien meilleur au niveau créativité que beaucoup de grosses productions d’animation. Il ne dure que 6 minutes, mais il s’en passe des choses…Un peu de gore, beaucoup d’humour et d’action, je vous le fais partager:[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=MRevA4DxL0o]
    Vous pouvez même aller sur le site officiel: http://hambuster.com
    J’ai d’ailleurs voté pour ce film!
  3. Cauchemar- Québec- de Martin Manuel Beaulne et Myriam Gosselin (3 minutes)
    Le court métrage que j’ai moins aimé. Une femme fait des cauchemars et ne cesse de se réveiller et ainsi de suite…Le final est bon, mais le reste est trop lourd et confus. Les réalisateurs usent et abusent d’effets pour créer une ambiance déstabilisante et cauchemardesque, mais du coup ça ne prend pas. Les réalisateurs étaient aussi présents pour présenter le film.
  4. Mon père- France- de Patrice Gablin (13 minutes)
    Très « dark » comme on aime bien dire ici. Un petit garçon souhaite inviter un camarade à dormir chez lui, ce qui terrifie la mère et ravi le père….La grosse difficulté à mon sens pour un court métrage, c’est de créer quelque chose d’efficace et d’original alors qu’on a très peu de temps. Et « mon père » réussit cela. Il évoque un sujet très peu évoqué au cinéma, installe tout de suite une ambiance très inquiétante et se finit de façon la plus sombre possible.
  5. Brutal Relax- Espagne- d’Adrian Cardona, Rafa Dengra et David Munoz (15 minutes)
    La grosse rigolade de la soirée. Trash, gore rigolo (pas crédible pour un sou donc), divertissant. Efficace dans son genre, ça permet de décompresser quand on vient de voir « Mon père ».
  6. Le lac noir- France/Suisse- de Victor Jacquier (19 minutes)
    Le film le plus beau esthétiquement parlant. Sur fond de conte, un couple recueille un enfant trouvé dans le ventre d’un gros poisson. Sa présence révèlera un lourd secret. Très « dark » aussi, c’est un film fantastique. La photographie est magnifique et l’histoire bien que simple, est prenante.
  7. Le blanc c’est le meilleur- France- de Greg Rugeri (5 minutes)
    Encore pour décompresser, un court métrage bourré d’humour sur un duo de zombie, échangeant sur la saveur des humains. A voir absolument si vous le pouvez!
  8. Red Balloon- Angleterre- de Damien Macé et Alexis Wajsbrot (14 minutes)
    Un petit bijou de suspens. Cela démarre lentement mais le film contient deux trois scènes de bonne tension.
  9. Ethereal Crysalis- Québec- de Syl Disjonk (10 mintes)
    Les effets spéciaux et maquillages ont justement été réalisés par Remy Couture. Je n’ai pas accroché au film pour ma part. Trop mystique, trop lourd. Je ne pourrais même pas raconter l’histoire, mais je n’aime pas ces mélanges de magie, transformations dans un monde imaginaire (peu original).
  10. Turbokid- Québec- d’Anouk Whissel, François Simard et Yoann Karl Whissel (6 minutes)
    Sympa à regarder mais sans plus. C’est l’histoire d’un « super héros » qui vient au secours d’une gente dame, retenue par des méchants bonhommes. Des meurtres ingénieux et un peu d’humour, c’est rigolo mais trop potache et manquant de rythme pour que j’apprécie vraiment.Je me rend compte que je ne suis pas trop sensible au cinéma québécois…

Au milieu de la soirée, deux humoristes (qui ont profité de se moquer gentiment de français en passant), sont venus animé un quizz, dit le « Quizz chinois ». Des extraits de films d’horreur (vraiment série Z), sont diffusés, et il y a ensuite plusieurs propositions pour deviner la suite. Le cinéma, ce n’est pas très interactif à la base, donc là ça faisait plaisir d’avoir un peu d’animation, autour du cinéma, avec les gens qui participaient. Je trouve que c’est une bonne idée pour faire une pause de courts métrages, et d’apporter en même temps quelque chose de différent pour un festival de cinéma. D’habitude, on attend une salle calme quand on va au cinéma, mais pas ici. Ici le cinéma, on le partage finalement.

Une fois la soirée finie, le festival Spasm avait prévu 4 cars (d’école jaune américains) pour tous nous emmener au Théâtre Plaza pour la party d’Halloween. On s’est donc retrouvées avec Sarah Palin et une tronçonneuse derrière nous…
Ambiance old school, on a pu admirer les différents et beaux (ou pas) costumes. Allant d’un vagin, à Bugs Bunny, et passant par Marla de Fight Club, une fille déguisée en tombe…Bref il y avait de tout!

Le prix du public a été décerné à…Turbo Kids (sans doute pour le côté fun j’imagine?)