Deadloch est une série Australienne qui prend le parti d’être à la fois drôle et dark. C’est un astucieux mélange des genres qui sert un discours féministe subtile mais affirmé.
La série (que vous pouvez trouver sur Prime) à été créée par deux femmes : Kate McCartney et Kate McLennan qui endossent le rôle de créatrices, scénaristes et productrices.
Ca parle de quoi Deadloch ?
En Tasmanie, plus précisément dans une petite ville où les ragots vont bon train, un cadavre d’homme nu est découvert et une enquête policière commence. Les deux enquêtrices chargées de l’affaire se rendent vite compte que ce n’est pas le premier cadavre de la ville et vont devoir enquêter pendant un festival d’art qui a pour but de raviver économiquement l’île.
On baigne dans une ambiance noire style The Killing ou Top of the lake, à la limite du huis clos car les personnages évoluent dans une petite ville insulaire en hiver.
Pourquoi Deadloch c’est la meilleure comédie policière de l’année ?
Une super enquête
Deadloch n’est pas la série policière à laquelle on est habituées. On n’est pas sur des clichés d’enquêteurs sombres et torturés qu’on croise souvent dans le genre thriller et crime. Les enquêtrices sont des policières «normales» ce qui va aussi donner un ton humoristique à la série.
En plus c’est bien foutu, c’est rythmé, on est tenu.e.s en haleine car jusqu’au bout on ne sait pas qui est le tueur. Ou la tueuse ? Car Dealoch est aussi une enquête qui prend un chemin différent du genre : là les victimes sont toutes des hommes… Et donc les créatrices de la série s’en sont donné à cœur joie pour jouer avec les stéréotypes, nous déstabiliser dans ce qu’on connait de ce genre de série pour nous tenir en haleine jusqu’à l’épisode final.
En interrogeant ce qui fait un tueur ou une tueuse, Deadloch prend le parti très intéressant d’aller contre les théories évolutionnistes (les tueurs en série hommes «chassent» et les femmes «cueillent») mais inclut le concept de patriarcat et de conditionnement sociétal dans les motifs criminels.
« Les hommes qui tuent en série ont envie de notoriété. Les femmes qui tuent en série ne veulent pas être découvertes. »
Deadloch est une série policière c’est vraiment bien ficelée, chaque épisode est un peu plus sombre que le précédent, mais avec des pointes d’humour car n’oublions pas que c’est aussi une comédie noire.
Deadloch c’est drôle
Deadloch est bien écrit, est intelligent et satirique. Les australiens sont très bons dans le registre de l’humour noir.
On ne rit pas des crimes bien évidemment, mais des clichés sexistes d’abord, et on se bidonne avec les personnages hauts en couleur. Le duo formé par les enquêtrices est surprenant, et va là où on ne les attend pas avec des répliques et des situations marrantes.
Des situations comiques viennent ponctuer l’intrigue et on sent bien que les acteur.ices ont aimé travailler sur ce projet car il y a une bonne alchimie entre eux.
De la diversité dans les représentations
Je n’avais jamais vu dans une série qui n’est pas spécifiquement destinée à un public queer une telle diversité dans les personnages principaux : lesbiennes, gays, bisexuels, trans-masc, cross dresseur (hétéro qui aime porter des robes)….Ce qui est super dans Deadloch c’est que ces personnages sont interprétés par de vrais queers, ce qui est rare, souvent ce sont des acteur.ices hétéros qui jouent des personnages gays.
On voit aussi des personnage féminins qui sortent des clichés qu’on a l’habitude de voir, totalement décomplexés et non genrés.
La série présente aussi des personnages aborigènes et illustre comment la vie est plus difficile pour les peaux foncées et comment les blancs qui ont volé leurs terres les utilisent pour remplir les quotas de diversité.
«Ses ancêtres ont fondé la ville… non colonisé la ville !»
Les personnages dénoncent parfois sous le ton de l’humour, parfois avec un ton plus dramatique des thèmes sérieux comme la misogynie, l’homophobie et le racisme.
Le féminisme dans Deadloch
Deadloch joue avec les représentations de la masculinité toxique pour illustrer les personnages masculins de petites villes un peu bloquées dans le passé. Dans les premiers épisodes, les personnages masculins ont des comportements dont on pourrait moquer la bêtise : sentiment d’être parfaits, jalousie homophobe, accuser la maire d’avoir lesbiannisé la ville, être offensés car des homme sont tués (douce ironie)…
Plus les épisodes passent, plus on va vers des trucs sombres : misogynie, homophobie agressive, harcèlement sexuel, agressions physiques, pédophilie, etc…
La réflexion féministe est tellement bien ficelée avec l’intrigue qu’on se demande jusqu’au bout si le tueur est un homme ou une femme, et pourquoi ces meurtres ?!
Bref je recommande DeadloCH, avec un CH. Attention sinon vous allez tomber sur un film d’action avec Bruce Willis, c’est pas la même vibe ^^
Et si vous connaissez déjà Deadloch ou si vous voulez voir plus de comédies Australiennes voici mes recommandations : Muriel, Priscilla folle du desert, Ruptures et compagnie, What we do in the shadows, Flights of the concords, Wilfred, Please like me.