2-Freddy’s Revenge (La Revanche de Freddy) de Jack Sholder- 1985
Jesse, adolescent de son état, vient de déménager dans Elm Street. Et comme il a pas de chance, dans l’ancienne maison de Nancy, qui est devenue apriori folle. Avec Lisa, sa jeune fille en fleur, il va essayer d’échapper à l’emprise de Freddy Krueger.
Un an après (!!), la suite de Nightmare On Elm Street sort. C’est dire si les producteurs avaient senti le parfum de succès potentiel du premier opus. Cette fois c’est Jack Sholder qui s’y colle. Réalisateurs de série B voire Z, il tente de lancer la saga sur un tout autre chemin: celui de la possession.
On l’a vu au dessus la possession est un aspect fortement présent dans l’analyse des cauchemars. Que ça soit par les démons au Moyen Âge, par des pulsions sexuelles refoulées au 20ème siècle, ou encore par un syndrome post traumatique pour les neurosciences. C’est donc une piste intéressante en soi.
Ici, Jack Sholder tente d’exploiter la piste du double maléfique. Jesse fait parler sa face sombre à travers Freddy (l’inverse n’étant pas vrai vu que Freddy n’a besoin de personne pour ça!).
Il explicite aussi le lien entre Freddy et enfer, en faisant chauffer à peu près tout.
Freddy griffé de paresse
Le problème c’est qu’à aucun moment il n’est donné de sens à cette possession. Pourquoi Freddy Krueger a besoin de Jesse? Quel est le but à atteindre à travers lui? Pourquoi Jesse particulièrement? (maintenant que Nancy est partie et sa mère responsable de l’assassinat de Freddy également, la maison n’a pas forcément de liens avec Freddy). A quelle part sombre de Jesse ferait référence cette transformation?
Difficile donc d’être en empathie avec Jesse, ou de croire à l’histoire d’amour bâteau au possible avec les pires clichés genrés (la femme suppliant l’homme de la laisser l’aider, et dont l’attention ne tourne qu’autour de cet homme qui la rejette).
Jesse refuse l’aide que Lisa lui implore de lui donner, mais par contre il sollicite l’aide de son ami Grady.
Une double lecture sur la référence à l’homosexualité des personnages. La transformation de Jesse en Freddy ferait d’ailleurs référence à un coming out. Serait elle là la référence à la part sombre de Jesse? Ou symbolise t il la difficulté d’être gay?
En tous cas, c’est un rôle qui a porté préjudice à Mark Patton, qui a été évincée du métier par la suite. C’est notamment expliqué dans le documentaire Scream Queen My Nightmare On Elm Street où Mark Patton évoque lui même cette partie douloureuse de sa vie.
Par ailleurs des incohérences plongent carrément le film dans la farce. WTF les ami-es de Lisa qui la regardent se faire agresser à travers la baie vitrée?! WTF l’adolescent qui tente de raisonner Freddy après que celui ci ait décimé plusieurs des convives de la fête? (avec toujours les mêmes ahuri-es qui regardent passivement la scène sans être particulièrement choqué-es par ce qu’il-elles viennent de voir)
Et ta griffe Freddy Krueger?
Si Freddy’s revenge manque de consistance, il ne manque pas de références. On peut penser à Halloween quand Lisa brandit le couteau de la même manière que Jamie Lee Curtis, dans un plan similaire. Alien, quand Freddy sort du ventre de Jesse tel un parasite (intéressant quand on sait que pour les grecs, les cauchemars étaient liés à des troubles digestifs!). Ou encore Carrie, dans la scène où l’eau des douches se transforme en sang.
Il n’est plus tellement question de cauchemars ici, c’est uniquement Jesse qui est visé. Et Freddy’s revenge essaye de faire le lien avec le premier opus en allant un peu plus loin dans le déroulé de la mort de Freddy (quand il était vivant, tu suis?).
Les références à l’homosexualité perdent un peu la structure narrative du reste du film.
Si Freddy’s Revenge explore des nouvelles pistes, ça n’en fait pas un bon film. Un divertissement qui parfois arrive à nous emporter (comme la scène où Freddy sort de Jesse). Et puis Robert Englund, toujours parfait.
Le film rapporte quand même près de 30 millions d’euros pour un budget de 3 millions.
3-A Nightmare On Elm Street 3, Dreams warriors (Les Griffes du cauchemar) de Chuck Russell-1987
Kristen et ses ami-es interné-es doivent face à Freddy avec l’aide de Nancy, devenue étudiante en médecine.
Trois ans plus tard, et six ans plus tard dans le film, on retrouve Heather Langenkamp alias Nancy pour le troisième volet de Nightmare On Elm Street. Le film est réalisé par Chuck Russell, réalisateur emblématique de The Mask et du Blob. Comme Johnny Depp dans le premier, c’est l’occasion de voir les premiers pas de Patricia Arquette (qui n’a pas vraiment changé finalement!).
Alice au pays de la psychatrie
Ici on retrouve la notion de psychanalyse, psychiatrie. En effet, si la notion de démons pour expliquer les cauchemars était présente au Moyen Age, elle est revenue au 20ème siècle en utilisant plus le terme de démons intérieurs. Les patient-es seraient atteint-es de souffrances psychologiques qui les amènent à avoir des comportements destructeurs ou auto destructeurs.
L’originalité de ce troisième opus de A Nightmare on Elm Street est d’utiliser les caractéristiques de chaque personnages pour les tuer ou les faire souffrir. L’un fabrique des marionnettes, Freddy s’en servira comme tel. L’une veut être star de télé, elle se faire tuer par celle ci (belle illustration en passant des effets de la télé). Et bien sûr, le traditionnel complexe face au paternel pour Nancy.
Le cauchemar, symbole du viol
Dans ces Griffes du cauchemars, on peut noter une allusion explicite au viol. Oui au viol. Je m’explique. J’ai évoqué plus haut le soi disant lien entre pulsion sexuelle inassouvie et cauchemars. Mais penchons nous sur l’origine même du mot cauchemar.
Il vient de « cauche » qui veut dire foulé, écrasé. Mar qui renvoie à la nuit en vieil allemand, et mara un démon scandinave chevaucheur.
Il faut savoir que dans toutes les cultures, l’étymologie du mot, fait systématiquement référence à la notion d’étreinte, de recouvrir (qui renvoie au viol).
Au 14ème et 16ème siècle, on parle de démons comme Litu en Mésopotamie qui violent les femmes pendant leurs sommeils, qui leur causent donc des cauchemars.
Et le lien avec le film? La scène où le personnage de Taryn, toxicomane, fait face à Freddy Krueger. Alors qu’il perd l’avantage, Freddy utilise la faiblesse de Taryn et des orifices s’ouvrent pour permettre aux griffes armées de seringues de pénétrer violemment le corps de Taryn. Tout fait penser au viol: l’attitude de Freddy, la peur de Taryn, la violence du choc.
Action en non mixité
L’autre point fort du film est de jouer collectif. Même si plusieurs personnes pouvaient être chassées par Freddy, leurs actions pour le contrer restaient solo. Ici on mise sur les forces réunies du groupe qui est stigmatisés pour les mêmes raisons (coucou les luttes militantes en non mixité).
Cette notion de collectif est aussi lié à l’idée de faire venir autrui dans son cauchemar. Autre élément qui tend à complexifier la structure du cauchemar. Idée qui ne sera malheureusement pas poussée.
Le gros point faible en revanche, est la très maladroite apparition et mise en scène de la nonne qui vient expliquer bien clairement au Dr Gordon, les origines de Freddy Krueger. On devine tout de suite le lien de la nonne avec Freddy, et comme la fin nous prend par la main pour être sûr qu’on comprenne bien, ça en devient agaçant.
A Nightmare On Elm Street 3 se (nous) fait plaisir avec les références. Personnellement, j’ai pensé à Beetlejuice lors de la première scène où Nancy rejoint le cauchemar de Kristen (en lien avec la scène du serpent dans le sable). On peut aussi penser à Evil Dead (la tête tranchée de la mère qui parle, le squelette du final). Et évidemment l’Exorciste de nouveau quand Nancy voit le message de Freddy apparaitre sur le ventre de Joey dans le coma.
Le film n’est pas un chef d’oeuvre de l’horreur (la faute à une hésitation aussi sur l’aspect graphique), aussi parce qu’il veut brasser plusieurs idées en exploitant au final vraiment aucune. Mais au moins, ça joue, et les scènes de meurtres sont réjouissantes.
Le film rapporte presque 45 millions de dollars pour un budget de 4 millions. Autant dire le jackpot!
[…] découvert les films d’horreur et de genre ado, avec Wes Craven, et la saga Freddy etScream (à l’époque, il n’y en avait qu’un seul !).Je me souviens que dans mon collège, […]