homme brulé méchant

4-A Nightmare On Elm Street 4, The Dream Master (Le cauchemar de Freddy) de Renny Harlin- 1988

La saga continue avec A Nightmare On Elm Street 4: the dream master. On retrouve Kristen (sous les traits maintenant de Tuesday Knight), et ses deux camarades survivants. Aux côtés de son amoureux Rick, de sa soeur Alice, et de quelques ami-es, le combat reprend face à Freddy Krueger.

A Nightmare On Elm Street 4: the dream master est le début de la descente aux enfers de la saga. Mal joué, incohérent, ridicule, narration en roue libre…ce nouvel opus n’en finit plus. Réalisé par Renny Harlin, celui-ci est bien connu maintenant pour ses films d’action (58 minutes pour vivre, Cliffhanger, Peur Bleue…). Moins pour ses qualités de metteur en scène.

L’enfer c’est les autres

Et pourtant, une bonne idée encore rarement bien utilisée émergeait. Celle de faire place petit à petit à un personnage qui apparaissait comme secondaire au début. Alice, copine de Kristen, est effacée au début mais présente. Elle se « métamorphose » (c’est un bien grand mot quand on voit l’état de la narration) à la fin.
Cette évolution se traduit entre autres par son miroir. D’abord recouvert de photos de son entourage, le miroir est progressivement allégés de celles-ci au fur et à mesure que ce même entourage….se fait trucider.
Autrement dit, plus ta famille et tes ami-es meurent, et plus tu te découvres. Mieux, Alice a la chance de bénéficier des forces de son entourage, à leur mort. Elle devient ainsi connectée avec Freddy Krueger, ou douée d’arts martiaux…Alors comment? pourquoi? c’est en option.
Pourtant cette notion de possession de caractéristiques d’autrui et donc de vampirisme n’était pas inintéressante. Le vampirisme est aussi une référence phare (et sexuelle) des cauchemars. Et Freddy possède (voire aspire) aussi les âmes des jeunes, donc ça aurait été l’occasion de faire un parallèle.

Freddy en roue libre dans la nuit

A Nightmare On Elm Street 4: the dream master ne se démarque pas de son prédécesseur en utilisant les points faibles ou forts des personnages: asthme, entomophobie, arts martiaux..A noter que la transformation en insecte d’une amie d’Alice est la scène la plus réussie du film. Artisanale mais efficace, avec une référence facile à La Métamorphose de Kafka évoquée par un professeur au début du film.

La narration du film est tellement mal pensée qu’au final on ne sait même plus quand Alice rêve, si elle rêve. Au lieu de ça, on ressort des personnages anecdotiques pour les tuer selon le besoin. Ou on insère comme un cheveu sur la soupe des rebondissements ridicules comme une boucle temporelle redondante.
On notera le retour prépondérant des signes religieux en plaçant le combat final dans une église. Le Bien contre le Mal certes, mais aussi tout simplement le Mal (Freddy) engendré par le Bien (sa mère nonne) dont l’église est aussi sa maison par conséquent.

Bref, cet opus est une catastrophe qui ne semble pas avoir de fin, malgré quelques propositions non dénuées d’intérêt.
Mais ça n’empêchera pas A Nightmare On Elm Street 4: the dream master de rapporter 49 millions de dollars pour un budget de 4 millions. De quoi laisser malheureusement carte blanche à Renny Harlin pour ses prochaines réalisations.

5-A Nightmare On Elm Street 5, The Dream Child (L’enfant du cauchemar) de Stephen Hopkins- 1989

Les cauchemars continuent avec A Nightmare On Elm Street 5, the dream child réalisé par Stephen Hopkins. Dans cet épisode, Freddy Krueger utilise sa mère Amanda, pour renaître une deuxième fois (toujours en rêve évidemment). Alice et Dan, amoureux rescapés de l’opus précédent , devront s’unir avec leurs (nouveaux-elles) ami-es.

En premier lieu j’étais bien septique face au pitch de cet épisode. Le ressort scénaristique de placer un enfant est rarement une idée brillante. Et bien je dois dire que j’ai été agréablement surprise. Même très agréablement. Peut être que mes attentes étaient trop basses?

Et pourtant A Nightmare On Elm Street 5 démarre laborieusement entre générique digne d’un téléfilm érotique d’M6 et renaissance laborieuse et brouillonne. L’introduction des nouveaux personnages et le sacrifice attendu de Dan se déroulent sans éveiller un intérêt particulier. L’annonce de la grossesse d’Alice m’a même fait lever les yeux au ciel.

Des personnages bien griffonnés

Mais là où A Nightmare On Elm Street 5 devient malin c’est dans le traitement de l’évolution de ses personnages.
Après la mise à mort particulièrement ingénieuse de Greta, l’une des amie d’Alice, celle ci se retrouve avec Mark et Yvonne. Cette dernière ne croit pas au récit d’Alice, et persiste, sans pour autant être exclue totalement du groupe. Alice et Mark forment une nouvelle équipe (un duo sans intrigue amoureuse enfin!). Et alors qu’Yvonne n’a pas cru au départ Alice (elle finira pas y croire par la force des choses!), elle est épargnée. Contrairement à Mark. Le film sort des sentiers formatés de ce type de production, c’est indéniable. Cela rend le film beaucoup moins prévisible qu’il n’y parait.

L’autre intelligence de A Nightmare On Elm Street 5 c’est d’utiliser les caractéristiques des personnages de manière pertinente. La scène du meurtre de Greta est à mon sens particulièrement réussi. A la manière d’un repas surréaliste à la Beeltlejuice, le diktat de la minceur est dénoncé. Le film fait un parallèle entre les adultes mettant la pression sur cette jeune fille qu’est Greta, et l’horreur des actes de Freddy Krueger.

Dans un autre registre mais qui reste tout autant cohérente, est la scène où Mark affronte Freddy. Mark est fan de BD et aime dessiner. Cet atout est régulièrement montré à l’écran (au début, quand il écoute le récit d’Alice, quand il commende à l’aider concrètement…). Ce n’est pas un détail montré de façon bâclé une fois pour tenter de justifier la mise en scène de sa mort. C’est une caractéristique que nous spectateur-rice avons eu l’opportunité d’assimiler.
Par ailleurs, le décor et Freddy en noir et blanc VS Mark sont originaux. Et le parti pris grand guignolesque de Mark grimé en guerrier qu’il a dessiné est parfaitement assumé. N’oublions pas que nous sommes dans un rêve. Mark profite de ce rêve pour aussi réaliser des souhaites, à savoir incarner un personnage.

Et si ces scènes fonctionnent bien c’est aussi parce que les acteur-rices jouent bien. Même Lisa Wilcox plutôt médiocre dans le film précédent, elle tire ici son épingle du jeu.

Fredministe

Par ailleurs pour un film de ce genre du début des années 90, je le trouve particulièrement féministe. J’ai déjà évoquée la problématique de la pression sur le poids des femmes.
Mais alors qu’encore maintenant la question de l’avortement n’est quasiment jamais abordée dans les films américains à propos d’une grossesse non désirée, A Nightmare On Elm Street 5 l’évoque frontalement.
Il y a aussi le médecin paternaliste avec Alice, qui se permet de signaler sa fameuse « hystérie ».
Cela ne parait pas grand chose, mais c’est déjà beaucoup. Surtout pour l’époque.

Bien que dans A Nightmare On Elm Street 5 il est question de l’enfant d’Alice, ce ressort narratif est utilisé à dose homéopathique. On en parle suffisamment pour comprendre le lien entre cet enfant et la quête finale pour arrêter Freddy Krueger. Mais au lieu de passer par un foetus, (qui serait casse gueule), Stephen Hopkins fait vivre le fils d’Alice sous les traits d’un enfant d’une dizaine d’année. Cela change tout, le personnage peut être actif, parler et réfléchir.

Une mise en scène simple mais maligne

Autre point plutôt étonnant pour une énième séquelle d’une telle saga, c’est l’effort de mise en scène. Alors oui, elle manque de finesse et de maîtrise, mais on sent une vraie envie de nous amuser.
Par exemple, quand Alice entre dans la maison de Freddy Krueger, la caméra la surplombe du haut de l’escalier, qu’elle regarde. Traditionnellement on s’attend à ce qu’elle monte, et qu’une mauvaise surprise l’attende. Mais la caméra décide de descendre, via un travelling, comme si elle partait elle aussi à la poursuite d’Alice, qui se dirige vers une autre pièce.
Autre exemple, quand Freddy Krueger poursuit Alice dans la dernière partie du film. La caméra va plus vite quand elle suit Alice, que quand elle est face à Freddy. Une manière de montrer que le croquemitaine va moins vite que notre ressenti.

Malheureusement ces bons points sont gâchés par une fin grotesque. Une fois de plus, on utilise des entités qui sortent du corps de Freddy. Et le parallèle entre Amanda, mère de Freddy qui replace son bébé Freddy en son ventre pour le faire prisonnier, et Alice qui peut accueillir en toute sérénité son futur fils laisse pantois-e. L’enfant du diable VS l’enfant de la Ste Vierge.

Malgré la première demi heure pataugeante, A Nightmare On Elm Street 5 prend son envol, et fait une proposition de cinéma humble, mais pertinente. Une bonne surprise.
Cet opus rapporta 22 millions de dollars pour un budget de 6 millions.