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Bienvenue sur un nouvel entretien avec une femme critique cinéma!

Je vous propose d’aller à la rencontre de Clémentine de Cinéma et Politique, une chaîne qui comme son nom l’indique, s’intéresse à la portée politique du cinéma. Mais aussi dans quels contextes historiques et bouleversements politique un film est né.Ses vidéos sont particulièrement denses et reflètent un travail de fond.

Clémentine a répondu pour mon plus grand plaisir, à mes questions. Enjoy.

Cinéma et politique: la chaîne

Comment définirais tu ta chaîne ?

Pour décrire ma chaîne sur Youtube et les réseaux sociaux, j’ai opté pour une citation de Jean-Luc Godard : « Je ne veux parler que de cinéma. Pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout. »
Elle décrit en fait très bien mes intentions : en parlant de certains films, je veux parler d’Histoire, de politique, de culture… Bref, ouvrir une fenêtre sur le monde !

On dit souvent « tout est politique » mais personnellement, je me pose la question : qu’est-ce qu’un film politique ? Je n’ai aucune réponse figée à cette question, mais avec mes vidéos, je tente de mettre à jour différentes manières pour un film d’être politique. Faire ces vidéos me permettent d’accompagner ma réflexion et, je l’espère, celle des spectateurs.

Comment l’idée de cette chaîne t’es venue ? J’ai cru comprendre que tu avais une autre chaîne, pourquoi as tu créé celle-ci ?

En effet, j’ai crée une première chaîne en 2017 dont la ligne éditoriale était un peu floue. Il y était surtout question de politique et de sciences humaines et sociales. Je l’ai faite sans stratégie car à vrai dire, quand je l’ai créée, je ne connaissais strictement rien à l’univers Youtube. D’une certaine manière, c’était un peu « pour m’occuper ».
Sur cette chaîne, j’ai fini par faire quelques vidéos de cinéma – trois en tout – dont une consacrée à la politique dans le western spaghetti. Vu qu’elle a rencontré un certain succès – proportionnellement à mon nombre d’abonnés – j’ai eu envie de faire d’autres vidéos sur le cinéma et la politique.
Initialement, je pensais faire un format spécial cinéma sur cette chaîne et puis mon intuition me disait qu’il valait mieux créer une nouvelle chaîne. J’ai beaucoup hésité (et embêté mon copain avec mes tergiversations).

J’avais même fait un sondage sur Twitter « faut-il créer une nouvelle chaîne ? » Tout le monde a répondu non à ma grande déception. J’avais besoin de me conforter dans ma décision, et je m’attendais à ce que les personnes répondent oui. Finalement, je n’ai écouté personne et j’ai fait la nouvelle chaîne. Et avec le recul, je me rends compte que c’était la bonne solution car le public de Cinéma et Politique n’est pas le même que celui de mon autre chaîne…

Je tente de mettre à jour différentes manières pour un film d’être politique.

Qu’est ce qui te plaît dans le fait de partager ta cinéphilie en vidéo ?

Faire de la vidéo, c’est ma passion depuis toute petite ! J’ai aucun problème à passer des heures aux recherches, à l’écriture, à la réalisation… J’allie donc ma passion du cinéma et de la politique à celle de la vidéo. Que demander de plus ?!
Malheureusement, tout cela constitue un travail de longue haleine et ne me permet pas de me rémunérer…

Un film, photographie de son époque

Comment choisis-tu un sujet ?

C’est un peu aléatoire… J’ai par exemple choisi Spartacus car la production du film avait plein d’histoires intéressantes à raconter (la liste noire, les rivalités entre Trumbo et Kubrick, etc.) et celles-ci pouvaient expliquer les aspects politiques du film même.

Pour Watermelon Man, j’avais beaucoup apprécié le film et j’avais trouvé un article très intéressant à son sujet. Comme pour Spartacus, l’histoire des conditions de production était elle aussi passionnante. Mon désir était aussi de faire connaître Melvin Van Peebles et ce film complètement méconnu en France. Bon, évidemment, c’est la vidéo la moins vue de la chaîne…

Mes critères sont donc : l’intérêt politique que suscite chez moi le film. Mais aussi les ressources que l’on peut trouver. J’adorerais faire une vidéo sur le cinéaste italien Elio Petri mais il est malheureusement difficile de trouver des ressources sur lui. En fait, je ne parle pas forcément de films que j’aime par dessus tout. Par exemple, je ne suis pas particulièrement fan de L’Inspecteur Harry mais le contexte historique, social et politique dans lequel le film a été produit sont passionnants.

Après, j’ai aussi un critère très pragmatique : prendre des films qui peuvent générer un intérêt et toucher le plus possible. J’essaye donc d’alterner entre choses connues, moins connues… J’avais un moment écrit (et tourné) une vidéo sur le film Drancy Avenir d’Arnaud des Pallières mais j’ai laissé tomber car c’est un film vraiment trop obscur. Mais je recyclerai probablement l’article pour une autre vidéo.

Il faut faire attention à ne pas trop projeter les idées que l’on aimerait voir dans un film

Tes vidéos sont denses en termes de réflexions et de références politiques. Comment organises-tu, construis-tu tes recherches ? Quelles sources utilises-tu ?

Je pars d’une idée de vidéo (parler de tel film, tel thème) avec des suppositions et des aprioris (tant sur l’objet d’étude que sur la manière dont je vais l’aborder). Je fais quelques premières recherches pour voir si je trouve des ressources intéressantes. Au moment de l’approfondissement, mes suppositions s’envolent et je m’ouvre à de nouvelles idées et à de nouvelles manières d’aborder le sujet.

Par exemple quand j’ai fait la vidéo sur Spartacus, je partais de l’idée que j’allais parler de la vision marxiste du scénariste communiste Dalton Trumbo et c’est tout. Et en faisant des recherches, j’ai découvert tout un tas de nuances, d’anecdotes qui font de Spartacus autre chose qu’un film marxiste.
En réalité, c’est plutôt un film le cul entre deux chaises (ou trois).Il faut en fait faire attention à ne pas trop projeter les idées que l’on aimerait voir dans un film.

Je cherche mes sources dans des articles, publications scientifiques la plupart du temps. Je prends ce qui est à ma disposition : articles sur internet, bouquins à la bibliothèque. Parfois, je me permets de m’acheter quelques bouquins et articles (quand j’ai les thunes).

La vidéo la plus compliquée que tu as faite ? Pourquoi ?

Pour le moment, je n’ai fait que quatre vidéos.
Je dirai tout de même L’Inspecteur Harry car je me suis assez arrachée les cheveux à l’écriture. J’ai beaucoup écrit et réécrit. Elle ne fait « que » vingt minutes et quand on voit le résultat final, on ne se rend pas compte de tout le travail invisible derrière. Et pourtant… Cette vidéo m’a quand même pris trois mois de travail en tout.

Les goûts et les couleurs

Tu es passionnée des films des années 70, cinéma italien, western. Pourquoi ? Qu’est ce qui te passionne dans ce cinéma ?

Mon intérêt pour le cinéma italien s’est fait en plusieurs étapes.
J’ai d’abord commencé à découvrir à quinze ans les « auteurs » du cinéma italien. Ensuite, vers l’âge de vingt ans, j’ai découvert le cinéma bis italien et plus particulièrement : les gialli, les poliziotteschi et les westerns spaghettis.

Puis quelques années plus tard, je me suis davantage immiscée dans la comédie à l’italienne. Et enfin, j’ai fini par approcher le cinéma politique, plus de « dénonciation ». Peu à peu, un puzzle s’est formé dans ma tête et m’a permis, avec le cinéma, de mieux saisir l’Histoire de l’Italie et donc toute la toile de fond de ces films.

Connaître le contexte de production de ces films est un véritable enrichissement à leur compréhension et même à leur appréciation.
Par exemple, la toute première fois que j’ai vu Le Guépard de Visconti, je n’avais pas vraiment compris le film. Puis en Terminale, on a étudié le livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa dont est tiré le film. On a parlé de l’Histoire de l’Italie, de l’unification italienne et tout à coup, le film a pris une autre dimension pour moi. J’ai soudainement beaucoup mieux saisi la dimension politique du film : Le Guépard raconte en fait l’histoire d’une révolution ratée. Mais dans son contexte, Le Guépard, en parlant de l’unification italienne de 1860, révèle aussi la transformation que traverse la nation italienne des années 60 depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Et en plus d’être tout de même très politique, le cinéma italien est très souvent baroque, fait de démesure, satirique, mordant… C’est tout ce qui me plaît !

Pourquoi les années 70 plus particulièrement ? Parce que 1968 a été une année charnière et la période qui a suivi, les années 70, a été une période de désillusion et de forte violence politique. Dans ce contexte, sont apparus de nombreux films qui reflètent chacun à leur manière les crises de leur époque.
Le cinéma américain devient auto-réflexif, subvertit les codes pour donner une autre lecture de l’Histoire des États-Unis, devient paranoïaque. Le cinéma d’horreur montre que les monstres viennent non plus de l’extérieur mais de l’intérieur, etc.
Et c’est la même chose pour le cinéma italien qui a de nombreuses similarités avec le cinéma américain de cette époque. Sauf que les contextes sont différents : par exemple, la paranoïa en Italie est surtout liée à la violence politique de l’époque, à la peur d’un coup d’état néofasciste. Ou encore au terrorisme, à la suspicion de corruption dans les plus hautes sphères de l’État, etc.

C’est quoi un film politique?

Cinéma et politique. Le cinéma a donc un rôle politique ? Dans quel sens ?

Tout dépend de ce qu’on met derrière « rôle politique ».
Par exemple, L’Inspecteur Harry sur lequel j’ai fait une vidéo est un film avec du politique. Mais l’objectif avec ce film n’était pas de servir l’idéologie conservatrice.
J’ai vu un moment quelqu’un dire dans mes mentions sur Twitter qu’après tout, L’Inspecteur Harry avait peut-être été mal compris car Don Siegel était libéral et que ce n’était donc pas possible qu’il fasse un film conservateur.
Mais le film est passé entre plein de mains : le script d’origine a été écrit par un duo de scénaristes puis retravaillé par d’autres. Clint Eastwood a mis son grain de sel, Don Siegel et les studios aussi.
Le film est donc le produit d’un imaginaire collectif à une époque donnée. Et étant donné que cet imaginaire était partagé par une partie de la population des États-Unis, le film a rencontré le succès. Son succès, les débats qu’il a suscité des débats ont donné à L’Inspecteur Harry un rôle politique.
Mais une fois encore, ce film ne va pas avoir le même rôle politique qu’un film de dénonciation ou un film de propagande.

Tes vidéos brassent beaucoup d’histoires politiques, notamment américaines. Laquelle te fascine le plus ?

Comme je l’ai dit plus haut : la période post-1968 aux États-Unis et en Italie. C’est une période qui doit aussi être intéressante à explorer du côté de l’Allemagne, en rapport avec le nouveau cinéma allemand mais il faudrait que je m’y penche davantage un jour.

Sinon, en matière d’histoire, je suis très intéressée par l‘histoire de l’extrême-droite, du nazisme et du fascisme. Pour finir, je trouve aussi la période des années 80 très intéressante car c’est une période charnière, celle où le capitalisme opère son tournant néolibéral.

Je ne suis pas particulièrement fan de L’Inspecteur Harry mais le contexte historique, social et politique dans lequel le film a été produit est passionnant.

Quand l’histoire éclaire l’actualité. Que t’évoque ce slogan de l’émission Affaires sensibles de France Inter ?

C’est une phrase juste car l’Histoire permet de comprendre le présent mais j’irai plus loin en disant que l’Histoire habite le présent.
L’Histoire est toujours active dans le présent : ce n’est pas quelque chose qui est derrière nous, c’est encore là. Le passé circule dans le présent.
Même si on est né-es bien après la seconde guerre mondiale , c’est une Histoire qui continue de traverser le collectif mais aussi, qui nous traverse nous, en tant qu’individu. C’est pour cette raison que j’apprécie beaucoup un film comme Hiroshima mon Amour d’Alain ResnaisIl montre comment les histoires collectives et individuelles s’entrecroisent, comment l’Histoire continue de hanter le présent.

Le cinéma US a tenté d’exorciser les traumatismes de la guerre du Vietnam à travers plusieurs films de divers genres. Comment expliques tu qu’on compte sur les doigts d’une main le traitement de la guerre d’Algérie dans le cinéma français ?

Je suppose que cette différence de traitement s’explique par des contextes dissemblables : la guerre froide et la colonisation.

Les États-Unis se sont assez rapidement regardés dans un miroir. L’échec de la guerre du Vietnam leur a montré qu’ils n’étaient pas tout puissants. Le cinéma a reflété cet imaginaire collectif en crise.

Quant à la guerre d’Algérie, la France n’arrive toujours pas à se regarder dans un miroir. La France n’assume pas son passé colonial, ni la guerre d’Algérie.
C’est pourquoi peu de films sur le sujet ont été produits. Les seuls qui l’ont abordé ont été censurés. La France refoule ce passé, probablement parce que cette Histoire continue de vibrer dans le présent. Des rapports hérités du colonialisme continuent de persister. Les personnes d’origine immigrée, souvent issues des anciennes colonies, continuent de subir des discriminations racistes.
D’ailleurs, le film le plus connu sur la Guerre d’Algérie (La Bataille d’Alger) est un film… algéro-italien. Par contre, La Bataille d’Alger n’a pas subi une censure d’État mais une censure venue de la société. Les cinémas qui voulaient diffuser le film ont subi des pressions de la part d’associations d’anciens combattants ou de groupes d’extrême-droite. Le film a rencontré des difficultés lors de sa diffusion.

La France n’assume pas son passé colonial, ni la guerre d’Algérie

Le cinéma a-t-il permis des évolutions sociétales et politiques ? Ou c’est le cinéma qui change avec son époque ?

J’ai plutôt tendance à penser que le cinéma étant le reflet de nos imaginaires collectifs, il évolue avec son époque. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de films radicaux ou avant-gardistes.

Les références de Clémentine

Peux tu citer 2 hommes et 2 femmes du cinéma que tu aimes ? (réalisation, acteur-rice, montage, photo…)

Je vais citer Elio Petri parce qu’il demeure assez méconnu en comparaison d’autres réalisateurs italiens de la même période et c’est bien malheureux !
C’est un cinéaste très important pour moi, autant sur le plan esthétique que politique. Son esthétique expressionniste, démesurée, théâtrale, qu’il a de plus en plus assumée au cours de sa carrière, colle parfaitement à ces portraits d’hommes aliénés, divisés de l’intérieur. C’est un cinéma qui rend d’ailleurs très bien compte de toutes les contradictions de la société italienne post-1945 et de ses démons.

J’ai revu hier soir La Classe ouvrière va au paradis et ce film est vraiment exceptionnel. C’est très rare de voir des films sur des ouvriers, sur le travail des ouvriers, sur leur sentiment d’aliénation mais surtout de cette manière : anti-naturaliste au possible.

Pour le deuxième homme… Je choisis Ennio Morricone. J’adore son travail, notamment pour les films d’Elio Petri, mais pas que ! Il a tellement composé qu’à mon avis, même quand je mourrais, je n’aurai pas eu le temps d’écouter toutes ses musiques…

En femmes, pour rester un peu dans la même veine, je vais citer la compositrice italienne Nora Orlandi. Beaucoup la connaissent pour son superbe Dies Irae du film L’Étrange Vice de Madame Wardh que Quentin Tarantino a piqué pour Kill Bill.
Je ne connais pas sa vie, seulement ses compositions, mais j’imagine qu’il était quand même très dur pour une femme de se faire une place en tant que compositrice de musiques de films dans l’Italie des années 60 et 70. Donc voilà… Chapeau !

Et pour la deuxième femme, je vais choisir l’actrice Gena Rowlands. Je l’ai découverte à peu près comme tout le monde : dans les films du réalisateur John Cassavetes qui était son époux. La première fois que je l’ai vue, c’était dans Une Femme sous influence. Elle dégage une telle fièvre. Son corps est complètement animé et la caméra de John Cassavetes sait très bien capter toute cette énergie qu’elle dégage.
Elle a incarné dans le cinéma indépendant de Cassavetes des rôles de femmes éloignés de ce qu’on pouvait avoir l’habitude de voir au cinéma. Opening Night, notamment, raconte les angoisses d’une actrice vieillissante. Ces films se regardent vraiment avec les tripes.

Un ou des films que tu trouves dangereux idéologiquement parlant ?

J’avoue que rien ne me vient en tête. Qu’est-ce qui fait qu’un film est dangereux idéologiquement ?
J’avais une fois vu un documentaire sur les films nazis (Les Films interdits : l’héritage caché du cinéma nazi) qui justement pose la question de : est-ce qu’on peut regarder des films nazis ? Sont-il encore dangereux ? Comment faut-il les voir ?

Les films de propagande nazie avaient un fort impact sur le public à leur époque, car un contexte les précédait et les entourait. À l’heure actuelle, ces films présentent-ils encore un danger ? Sans doute que l’antisémitisme de ces films pourraient encore parler à des spectateurs.

La vie politique nous offre une galerie de personnages qui semblent tout droit sortis d’une comédie à l’italienne.

Une histoire politique que tu aimerais voir porter à l’écran ?

J’aimerais voir davantage de films qui révèlent justement les « zones d’ombre » de la France. On a par exemple beaucoup de films sur la résistance mais peu sur la collaboration.

J’aimerais aussi voir davantage de thrillers politiques ou de comédies satiriques sur les puissants. Franchement avec tout ce qui se passe en France, on a de quoi faire !
Et la vie politique nous offre une galerie de personnages qui semblent tout droit sortis d’une comédie à l’italienne. Entre Alexandre Benalla, Joachim Son-Forget, Juan Branco, Emmanuel Macron, les députés macronistes, certaines personnalités médiatiques… On est servi-es.

Tous les deux jours à peu près, quand je vois l’actualité, je me demande si je ne me suis pas réveillée dans une dimension parallèle mais non. Je me rappelle que je suis bien en France.

Ou sinon, il faudrait faire un film sur le pouvoir policier en s’inspirant de Didier Lallement, notre Maurice Papon des temps contemporains. Déjà rien qu’avec sa grosse casquette sur sa petite tête, son « look » est cinégénique.

Un film que tu trouves représentatif d’un changement politique profond (fin de la ségrégation, fin de la guerre froide, chute du mur de Berlin, etc…) ?

Je vais dire Sweet Sweetback’s Badaasssss Song de Melvin Van Peebles. C’est le deuxième long-métrage de Melvin Van Peebles après Watermelon Man (dont j’ai parlé dans une vidéo).

A la fin des années 60, des studios américains ont en effet ouvert leurs portes à des réalisateurs noirs dont Melvin Van Peebles. Mais le tournage du film a été laborieux et Melvin Van Peebles a dû ruser pour avoir le final cut. Après cette expérience, il a rompu son contrat avec le studio qui l’avait embauché et a tourné Sweet Sweetback’s Badaasssss Song qui est un film très politique et radical dans lequel un homme noir fuit la police sur des kilomètres (de Los Angeles jusqu’à la frontière mexicaine).

Je suis très admirative du courage qu’a eu Melvin Van Peebles de faire ce film. Et de manière générale, je suis admirative de tous ceux et celles qui choisissent la voie de l’indépendance. Sweet Sweetback’s Badaasssss Song a été classifié X mais a tout de même été un énorme succès auprès du public noir. Les gens sont allés voir ce film malgré la classification X ! Son succès montre que le public noir avait d’autres attentes vis-à-vis du cinéma. C’est un film politique sur plein d’aspects : son discours en lui-même est politique, mais aussi la manière dont le film a été fait.
Tout cela mais aussi son succès révèlent quelque chose de la place des Noirs au sein de la société américaine des années 70.

Quelles chaînes aimes tu suivre ? Pourquoi ?

Je regarde beaucoup de chaînes en cinéma et en SHS. J’essaye de voir le plus de choses possibles pour avoir une vue globale et il y a plein de choses intéressantes !
Après, ma chaîne chouchou, c’est vraiment Vidéodrome. Elle aborde aussi le cinéma sous l’angle des sciences humaines et sociales. Quand j’ai découvert sa chaîne, je me suis dit : « Ah ! On est sur la même longueur d’ondes ! ».

Tes prochains projets vidéo ?

Je travaille actuellement sur une vidéo consacrée à La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo.
J’ai aussi en projet une vidéo sur la violence à l’écran dans le cinéma populaire italien (giallo et poliziottesco) des années 70 avec beaucoup d’Histoire de l’Italie dedans !
Peut-être aussi une vidéo comparative du film féministe Les Femmes de Stepford et de son remake avec Nicole Kidman qui, au contraire, lui est un film plutôt réactionnaire (le backlash est passé par là).
Avec SamCockeye de la chaîne Vidéodrome, on travaille aussi sur une vidéo avec une sélection personnelle de films sur le travail.

J’ai d’autres idées : le cinéma d’action des années 80, la comédie à l’italienne, peut-être quelque chose sur le Mondo, sur Jésus au cinéma e tutti quanti. Mais tout dépendra de mes ressources et de mes envies !

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