Furie propose une revisite du home invasion. Dans une ambiance oscillant entre slasher, et suspens, le film est une réflexion sur la masculinité toxique. Un film de genre malin et angoissant.
Furie est inspiré d’une histoire vraie, à savoir des propriétaires mis à la porte après avoir prêté leur maison à leur nounou. Une situation qui finira dans le sang…
Furie d’Oliver Abbou
Avec Adama Niane, Stéphane Caillard, Paul Hamy
Scénario de Olivier Abbou, Aurélien Molas
Produit par Jean Christophe Barret, Léonard Glowinski
Société de production: Alliance de Production Cinématographique
Furie est un film de genre français; le deuxième long métrage d’Olivier Abbou, après Territoires. Il a été présenté en avant première lors du festival de l’Absurde Séance, à Nantes.
Avec son pitch de home invasion inversé, Furie utilise le film de genre, pour faire une critique acide de notre société raciste et patriarcale.
Fallait pas les inviter
Furie met en scène la descente aux enfers d’un homme noir (qui est donc déjà en position de dominé par rapport à son ennemi, homme blanc), qui suite à la perte de ses repères (sa maison, sa femme…) remet en question son identité. Et cherche à savoir par la même occasion, l’homme qu’il souhaite être. Selon quels codes.
Oliver Abbou reprend les clichés masculins ( fierté, violence, virilité, possession…), pour montrer leur toxicité. Leur absurdité.
Il croise cette quête d’identité de genre avec l’identité raciale. Choix plutôt malin et audacieux. Ainsi, Paul se retrouve confronté à deux problématiques: sa place en tant qu’homme (cis), et noir. En tant que professeur d’histoire, il est fortement influencé par la notion de liberté: devient il objet s’il laisse un blanc s’emparer de sa propriété?
On assiste à la déchéance de Paul, illustrée par une mise en scène à la manière d’un clip. Comme plongé dans un univers déconnecté, il suit aveuglément des hommes animés par la misogynie et la violence. Mais qui donnent une impression de puissance, désirable.
Ainsi, Abbou prend le temps d’installer les enjeux, les personnages. Et même si on n’est pas encore frontalement dans l’action, on sent monter petit à petit le malaise.
La masculinité: cette toxicité
Le dénouement final est efficace et surprenant, oscillant entre slasher et survival.
On sent un véritable amour d’Olivier Abbou pour ses personnages, qu’il souhaite élever vers le haut, sans mièvrerie, avec une évolution qui fait sens.
C’est sans doute la limite de Furie: les hommes toxiques ne sont pas toujours aussi identifiables, avec peu de nuances. Mention spéciale à Paul Hamy qui interprète à la perfection le salaud.
L’affrontement final est plus malaisant que graphique. N’attendez pas des effets gore, ou une forte tension. Malgré quelques scènes brutales, on est surtout très mal à l’aise face à tant de barbarie.
Furie a l’intelligence de prendre le temps de déployer sa thématique de l’identité à travers les spectres de la masculinité toxique. Un final détonnant, qui conclue brillamment les problématiques posées.