pop corn et mains

Pauline est la fondatrice du podcast Sorociné traite du cinéma sous un angle féministe. Elle est accompagnée par Amandine et Laura.
On est revenues sur le manque de parité dans la critique cinéma, comment on peut mêler critique féministe et art, et évidemment d’Iris Brey!
Un entretien passionnant, qui permet de proposer encore un autre regard sur le féminisme dans le cinéma.

3 mains de couleurs différentes

Qu’est ce que Sorociné?

Pouvez vous présenter le podcast Sorociné?

L’idée du podcast est arrivée à l’été 2017.
J’étais en stage dans une rédaction et beaucoup de mes collègues écoutaient des podcasts. Je découvrais un peu l’univers, d’abord avec Transfert le podcast de Slate puis, naturellement, je suis allée vers les podcasts consacrés au cinéma et aux séries télévisées, puisque se sont deux de mes sujets de prédilection.
Dans le cas des émissions cinématographiques le constat était rapide et alarmant : comme les médias traditionnels, les voix des femmes étaient peu nombreuses voir totalement inexistantes. J’ai rapidement eu envie de créer quelque chose pour contrebalancer tout ça tout en ayant une approche différente du cinéma. Puisque les angles étaient un peu tous les mêmes et que les émissions finissaient toujours par, plus ou moins, se ressembler.

Quelques mois plus tard l’affaire Weinstein a remué le monde du cinéma et plus largement encore. La création du podcast devenait alors évidente et le premier épisode de Sorociné est sorti quelques semaines plus tard.
La ligne éditoriale est assez simple : une fois par mois, mes intervenantes et moi-même parlons de cinéma en croisant les regards, et surtout en mettant en valeur les femmes à tous les niveaux de la création du cinéma.
On s’interroge, on interroge les oeuvres, les regards, les productions, les créations d’hier et d’aujourd’hui pour brasser un peu tous les sujets qui nous font envie.

Pour le moment les intervenantes de Sorociné sont souvent les mêmes parce que nous enregistrons chez moi. Ce n’est donc pas toujours évident d’accueillir des personnes que je ne connais pas ou peu au sein de mon intimité.
J’aimerais beaucoup, dans un futur proche, insérer d’autres intervenantes. C’est d’ailleurs ce que je vais commencer à faire dans les prochains épisodes, puisque 2 nouvelles personnes, vont intervenir dans Sorociné.

Plutôt que de critiquer des films, vous évoquez des thèmes très variés dans Sorociné (les costumes, la figure de la peste, les sorcières, mais aussi les critiques féministes).
Pourquoi? Comment choisissez vous de parler d’un thème? Comment se passe la préparation?

L’idée des sujets vient souvent de nos envies personnelles et parfois ça rejoint l’actualité.
C’est arrivé que l’inverse se produise : l’actualité des sorties cinéma nous intéresse, alors on crée un sujet autour d’un ou des film(s).
Par exemple c’était le cas avec notre sujet sur les costumes. Les filles du Docteur March et Birds of Prey sortaient à quelques semaines d’intervalles. On s’est dit qu’un sujet sur les costumes pouvaient parfaitement coller avec ces deux sorties.
Le premier parce que c’est un film en costumes d’époque réalisés par Jacqueline Durant, une costumière britannique reconnue dans « le » métier, mais pas par le grand public. C’était donc aussi l’occasion de donner de la visibilité à une artiste mais aussi à un travail qui, encore une fois, est très peu rendu visibles aux yeux du grand public.
Je me permets d’ailleurs de faire une petite parenthèse et de vivement conseiller un podcast formidable, Profession Costumières de Céleste Durante qui donne la parole aux costumières de cinéma et de séries télévisées.
Le second parce que ça nous paraissait très intéressant d’aborder la réapropriation du corps d’Harley Quinn à travers ses costumes par l’actrice Margot Robbie, et la réalisatrice Cathy Yan.

5 femmes entourées d'une hyène
Birds Of Prey

C’est donc toutes ces pistes et ces croisements : les films, le métier et les artistes qui ont contribué à la réalisation de ce sujet. La critique des films est quasiment toujours présente mais nous souhaitons toujours apporter des angles d’analyses variés qui vont de la production des films, à la technique tout en passant par les contextes de réalisation.
Tout ça peut totalement varier d’un sujet à un autre.

Concernant la préparation des épisodes de Sorociné, on se fixe les sujets environ deux-trois mois avant une date d’enregistrement. Ce qui nous permet de faire des recherches, de voir ou revoir des films/séries/livres qui vont nous servir à créer un corpus et des angles plus ou moins précis (encore une fois ça varie selon le sujet).
On prépare le sujet chacune de notre côté mais nous avons un groupe de discussion qui nous permet, si on le souhaite, de partager des sources, des angles d’analyse et/ou des oeuvres que nous avons envie d’aborder.

Pourquoi Sorociné commence par une citation d’une personnalité. Pourquoi?

Effectivement les épisodes commencent toujours par une citation ou un extrait d’un des films du corpus traité dans l’épisode.
Au départ c’était simplement pour faire entrer l’auditeur.rice doucement dans le sujet. Maintenant, en plus de cette dimension d’immersion, lors du montage je prends le temps de chercher un extrait ou une citation qui colle également à notre état d’esprit.
Par ailleurs, c’est toujours une phrase dite par une femme ce qui permet d’ajouter une voix supplémentaire à celles déjà présentes.

Inégalités dans la critique

Avez vous une idée de la part de représentation des femmes critiques? De la critique issue des minorités?

Grâce à des études comme celles menées par le Collectif 50/50 dont je fais parti nous avons, désormais, un peu plus accès à ces chiffres qui sont encore trop peu nombreux. Une des dernières études disponibles gratuitement et facilement sur le site du collectif révèle qu’en France, entre Mai 2018 et Avril 2019 sur 611 journalistes qui ont signé une critique 62% étaient des hommes, 37% étaient des femmes et 1% qui n’étaient pas spécifié.

En 2019, sur 611 journalistes qui ont signé une critique 62% étaient des hommes, 37% étaient des femmes

Concernant la critique issue des minorités, là encore les chiffres sont peu nombreux voir inexistants. Il est encore très difficile de chiffrer car c’est un travail conséquent que peu de personnes décident de faire. Les études sont difficiles à menées car les sujets encore trop tabous. Par ailleurs les statistiques ethniques sont interdites en France.
Si il nous manque grandement des chiffres, l’observation et l’écoute des témoignages de certain.e.s critiques permettent de mettre en lumière l’absence des femmes et d’avantage l’absence des personnes non-blanches au sein du métier. Encore une fois, il suffit de se rendre en festival, de regarder les comités de rédaction, pour se faire un avis assez rapide et révélateur.

On parle de plus en plus de la nécessaire représentation des femmes, des minorités etc (même si on est loin d’une égalité), mais beaucoup moins de la nécessité de la diversité de la critique. Pourquoi? En quoi la diversité des critiques est importante?

Il y a quelques mois l’actrice Brie Larson avait très justement mentionné le manque flagrant de diversité au sein de la critique. Ses paroles ont été largement relayées sur les réseaux sociaux notamment sur Twitter et, malgré une défense évidente, certains critiquaient, à tord et largement l’actrice.
Il suffit pourtant de se rendre aux projections destinées à la presse, dans les grands festivals de cinéma ou tout simplement de lire la première page d’une revue spécialisée, pour se rendre compte que les femmes sont en minorité, les personnes racisées quasiment absentes.

Femme blonde avec armure
Captain Marvel-Brie Larson

Si l’on creuse encore, une chose qui n’est jamais mentionnée au sein de la diversité, mais qui pourtant, est à bien des égards importante, les milieux sociaux dont sont issus les critiques. Le métier de critique est l’un des maillons essentiels à la création, production et réception des oeuvres cinématographiques.
Des oeuvres qui sont diverses dans le sens le plus large du mot. Je me permets de citer ma collègue et amie Clémentine DramaniIssifou qui, dans un texte intitulé « Pour une plus grande diversité dans la critique cinéphilique fran- çaise » et publié sur le site du Syndicat de la Critique dit :

« À travers les regards divers, qu’il s’agisse de femmes et bien sûr de personnes « non blanches », c’est à dire des regards de personnes qui socialement n’appartiennent pas à la catégorie dominante et/ou ont l’expérience d’être considérées comme non blanches, se créent d’autres discours qui superposent différents modèles de référence, renouvellent les codes et les référents esthétiques. Malgré tout il faudra que nous soyons nombreux issus de la diversité (de classe, de genre, de race, etc.) pour que nos regards singuliers embrassent la pluralité du monde et l’attention de tous les publics. « 

Cinéma féministe?

Comment définiriez vous un film féministe?

La question n’est pas si simple, tant la définition n’est pas unique.
Néanmoins, si je devais donner une définition un peu universelle, elle s’approcherait de celle que la journaliste et docteure Iris Brey évoque dans son essai Le Regard Féminin. C’est-à-dire un film où l’expérience du personnage féminin est au centre du récit. C’est ce que l’on nomme le female gaze.
Je soulignerais, comme Iris Brey le fait, qu’un film féministe n’est pas forcément réalisé par une femme. À travers plusieurs exemples on peut voir qu’une réalisatrice peut totalement reproduire des schémas bien loin du female gaze.

Avez vous lu le livre d’Iris Brey, regards féminins, qu’en pensez vous?

Oui, bien sûr. Je suis le travail d’Iris Brey depuis la sortie de son premier livre, Sex and the Series qui a bénéficié d’une sortie «upgradée » il y a quelques temps.
Son travail est très inspirant car je l’ai découvert pendant mes études où je me destinais déjà à être critique de cinéma. Ses écrits m’ont éclairé et ils m’ont permis, à bien des échelles, de relier les notions féministes aux oeuvres filmiques, chose que je tentais déjà de faire mais avec quelques difficultés. C’est une figure importante de la critique et de la pensée cinématographique actuelle, et je suis vraiment reconnaissante qu’elle ouvre des portes au sein du monde très fermé et archaïque du cinéma en France.

Femme brune de profil
Iris Brey

J’attendais ce nouveau livre avec grande impatience, je suivais le compte Instagram qu’elle a créé pour donner des pistes de réflexion sur ce sujet. En l’attendant j’ai lu des livres autour, plus ou moins, du même sujet mais de ses consoeurs américaines.

Le Regard féminin est un livre essentiel car il apporte une réflexion qu’il est encore trop difficile de menée en France. D’ailleurs la réception du livre par certains journalistes et blogueurs cinéma, qui en ont, parfois fait des articles accusateurs, en ont été largement la preuve.

Même si je ne partage pas tout ce qui est dit dans le livre, comme je ne partage pas toutes les réflexions de certains livres féministes et/ou cinématographiques par ailleurs, je suis sortie de cette lecture avec l’esprit bouillonnant de réflexions et avec l’envie, plus que jamais, de creuser ce sujet du regard.
Je suis ravie, pas seulement pour Iris Brey mais aussi pour la pensée cinématographique, que le livre ait connu un tel succès. Il permet, et permettra, j’en suis certaine, d’ouvrir les horizons en termes d’analyses.

Combat pour la diversité en péril

Que pensez vous de la situation du cinéma français après les Césars? La crise du COVID va t elle pénaliser les femmes et personnes issues des minorités?

Je n’ai malheureusement pas la réponse à cette question.
Les Césars ont rapidement laissé la place à la crise sanitaire qui s’est propagée en seulement quelques jours.
La réflexion autour de la cérémonie, ses répercussions et ses engagements ont vite laissé place à l’inquiétude collective autour du coronavirus.

Crédits photos : Sipa/

Même si nous sommes nombreux et nombreuses à y penser encore, à en parler, l’opinion publique l’a vite effacée. Comme dans toutes les crises, les combats des femmes sont mis en péril, relayés au second plan et les Césars en sont une nouvelle fois une preuve incontestable. J’espère profondément que le débat ne s’arrêtera pas, que le cinéma français se réveillera une bonne fois pour toute.

La crise du COVID a déjà pénalisé les femmes et les personnes issues des minorités sur tous les aspects de notre société. Le cinéma n’est sans doute pas épargné. Beaucoup de films ne sortent plus en salles comme le film Mulan des studios Disney réalisé par Niki Caro, d’autres sont reportés et la situation économique n’est pas au beau fixe. Les spectateur.rice.s se font désirer dans les salles et tout cela agit inévitablement sur la production. La production étant le maillon fort du cinéma, sans elle, tout dégringole.

Croiser les axes militants à ceux du cinéma peut apporter du corps aux oeuvres

Quels derniers films avez vous vu qui vous semblent problématiques?

C’est difficile à dire. Non pas parce qu’aucun film n’est « problématique », au contraire, mais plutôt parce que le terme « problématique » me semble souvent utilisé sans contextualiser, sans expliquer en quoi telle chose est problématique et relève d’un problème général

Le mot « problématique » devient un mot valise qui peu à peu, est dénué de sens ou en tous cas l’est, lorsqu’il ne s’accompagne pas d’une réflexion plus profonde, plus nuancée.
Un film peut tout à fait être problématique sur certains aspects (exemple : un personnage mal écrit) et être tout à fait remarquable sur d’autres.

1 femme avec un homme
365 DNI sur Netflix

Toutefois pour répondre à la question, je vais prendre un exemple facile en citant le film 365 Dni sorti début juin sur Netflix. Il est réalisé par Barbara Bialowas et Tomasz Mandes. Le film a reçu énormément de critiques négatives sur les réseaux sociaux, et à juste titre car il n’a réellement aucune qualité.
Si j’enlève toute la partie d’analyse liée à la réalisation qui franchement ne vaut absolument pas un sou, je peux dire sans grand mal que le film est problématique sur bien des aspects.
Pour ne pas me lancer dans une longue analyse je vais prendre un élément qui survient très tôt dans le film : l’enlèvement du personnage principal, Laura, par le personnage masculin, Massimo. Le fait que ce soit un problème ne relève pas forcément du fait que l’on mette en scène un enlèvement mais que celui-ci ne soit jamais un problème. Ni pour le personnage masculin, ni pour le personnage féminin qui va d’ailleurs rapidement s’en accommoder.
La psychologie des personnages n’est absolument pas traitée (à aucun moment le film prend la peine de montrer comment tel ou tel personnage vit cet enlèvement). Le personnage féminin est passif et se donne à un schéma patriarcal nauséabond sans même le conscientisé.

Les femmes qui font des trucs

Quelles seraient les solutions pour plus de parité dans le cinéma?

Que les débats autour de la parité, de l’absence des femmes et de la diversité ne soient pas rapidement balayés, jetés aux oubliettes et moqués.
Que ces débats, ces questions, ces urgences ne restent pas uniquement dans un cadre de concerné.e.s et/ou d’allié.e.s mais qu’ils dépassent ces frontières. Des frontières qui restent presque systématiquement fermées, alors que ces questions sont l’affaire de tou.te.s.
Car c’est un effet boule de neige, cette parité et cette diversité permettent d’aboutir à une pluralité au sein même des analyses des oeuvres. Très souvent elles permettent de mettre davantage en valeur une oeuvre ou au contraire de révéler ses limites.

Néanmoins, pour reprendre ce que je disais un peu plus tôt sur les médias il est nécessaire que la diversité se fasse également au sein même de la création des médias. Il manque cruellement de nouveaux médias, si les podcasts ont rapidement permis d’élever des voix jusqu’alors relayées au second plan, d’autres supports pourraient totalement être créés dans ce sens.
Je prends l’exemple, pour en citer un, de la revue de Women Who do Stuff qui a mis en place une écriture exclusivement féminine inclusive et non-binaire.

Des scénaristes femmes que vous aimez?

Récemment j’ai découvert, grâce à la rétrospective Forbidden Hollywood qui avait lieu dans quelques cinéma, la scénariste Anita Loos qui a notamment écrit le roman, Les Hommes préfèrent les blondes. Il a fait l’objet de deux adaptations au cinéma dont la célèbre de Howard Hawks avec Marilyn Monroe et Jane Russell.

Anita Loos

Je connaissais le travail de certaines de ses consoeurs de la même époque, comme Frances Marion mais absolument pas le sien. Je suis toujours éblouie par la fraicheur et la modernité de ses scénarios qui sont parfois bien plus engagés, malgré l’époque, que ceux que nous pouvons trouver actuellement. Le film RedHeaded Woman s’attaque notamment, sans le nommer ainsi, au slut-shaming et, d’autre part au mépris de classe dont les hommes font preuve envers le personnage principal.

Le militantisme féministe a t il sa place dans la critique cinéma?

Le fait d’être critique est profondément politique, tout comme le militantisme alors bien sûr qu’il a sa place dans la critique cinéma.
Tout comme grand nombre de réalisateur.rice.s sont militant.e.s. Croiser les axes militants à ceux du cinéma peut apporter du corps aux oeuvres. Il permet également de révéler les limites d’un monde qui apparait souvent comme merveilleux.

Néanmoins, pour nuancer mon propos, je pense que le militantisme doit également s’accompagner d’une réflexion plus profonde en ce qui concerne la critique de cinéma. C’est-à-dire, au delà des combats, prendre en compte tout ce que le cinéma est : son histoire, sa production, sa réalisation…

Y a t il des films que vous aimez pour ses représentations, mais que vous trouvez faible par ailleurs? (en termes de réalisation, jeu, photo, narration, etc…)

Il y en a plusieurs, oui. Je peux citer Wonder Woman de Patty Jenkins dont la production a été d’une grande importance sur plusieurs aspects. La réalisatrice est la première femme à réaliser un film de super-héroïne avec un budget aussi conséquent (environ 150 millions de dollars) et elle était attendu au tournant.
Comme l’héroÏne de son film, elle portait sur les épaules un cadeau qui pouvait s’apparenter à un fardeau. Si le film n’avait pas connu un tel succès, la production aurait- elle encore fait confiance à une femme ? La question peut se poser quand on voit le nombre de films de cette envergure confiés à des hommes. Et quand on lit les chiffres précis des budgets alloués aux femmes qui sont nettement moins importants que ceux confiés aux hommes.

J’ai aimé et admiré les premières minutes de Wonder Woman. La scène d’ouverture où des amazones s’entraînent sur une île où les femmes sont entre elles, combatives et intelligentes. Puis le film devient scénaristiquement assez simpliste, les scènes s’enchaînent et la réalisation devient tout à fait transparente. Je ne suis pas une grande fan des films de super-héros et de super-héroïnes donc globalement je leur reproche très souvent les mêmes choses (puisqu’ils sont tous plus ou moins fabriqués à l’identique).

visage dans univers bleu
Raccourci dans le temps

Récemment il y a le film Un Raccourci dans le temps. Réalisé par Ava Duvernay, dont j’admire les engagements, et qui est sans aucun doute une figure essentielle au sein d’Hollywood mais qui, avec ce film n’a malheureusement pas brillé.
Le film est franchement pas bon sur tous les aspects créatifs (scénario, photographie, réalisation). Encore une fois, en terme de production le film est important, car il fait de la réalisatrice la première femme noire a bénéficier d’un budget important (environ 100 millions de dollars). Le film a également une jeune fille noire en tête d’affiche, Storm Reid (qu’on a pu voir récemment dans la série Euphoria et dans le film Invisible Man), ce qui reste encore rare dans les grandes productions estampillées Disney ou autres.

Il faut que les débats autour de la parité, de l’absence des femmes et de la diversité ne soient pas rapidement balayés, jetés aux oubliettes et moqués.

Inspirations et projets

Quelles sont les chaînes YT/blogs/podcasts que vous suivez?

Je dois reconnaitre que ces dernières années j’ai un peu délaissé les blogs même si je suis activement Bon chic bon genre, Deuxième Page, Tout est politique, Le Genre et l’écran et The Caget Bird Song.
En parallèle à ces blogs, je suis abonnée à plusieurs newsletters dont Les Glorieuses, Women who do stuff, What’s Good.

J’écoute d’avantage des podcasts dont je suis totalement accro. Parmi ceux que j’écoute je peux citer Formae, Les Critiques Hystériques, Peak TV, Une Sacrée paire d’ovaires, Emotions, Adapte-moi si tu peux, Le Tchip, Kiffe ta race, RomComment ?, Vénus s’épilait-elle la chatte ?, Miroir, Miroir et bien d’autres.

Je ne suis pas une grande consommatrice de vidéo youtube mais j’ai, ces dernières semaines, découvert des chaînes notamment cinéma tenues par des femmes. Malheureusement, on ne cessera jamais de le dire mais le Youtube cinéma est encore bien trop masculin ou en tous cas les vidéos mises en avant sont d’avantage celles réalisées par des hommes.

J’ai très envie de citer quelques chaînes que je trouve de grande qualité et avec des analyses et sujets toujours très intéressants. La Manie du Cinéma, Cinéma et Politique, Zoétrope et Vidéodrome pour ne citer qu’elles.
Évidemment mes listes sont loin d’être complètes et il y en a beaucoup d’autres.
J’invite, et je le ferai toujours, les gens à avoir la curiosité de chercher, de fouiller et bien sûr de regarder.

Sur quoi porteront les prochaines émissions de Sorociné?

Nous avons plusieurs idées de sujets que nous allons réaliser dans les prochaines semaines.
Dernièrement nous avons fait un épisode centré sur la série Buffy contre les vampires, car depuis peu nous avons inséré des épisodes consacrés aux séries.

Nous avons également réalisé un épisode sur la censure. Avec les dernières actualités, celle sur Mignonnes ou encore sur la supposée censure d’Autant en emporte le vent, nous avons eu envie de nous pencher sur l’histoire de la censure.
Nous avons relevé que, dans la plupart des cas, les personnes qui défendent avec ferveur ses oeuvres et qui crient rapidement à la censure, mettent en cause les féministes dans ces décisions.
C’est donc un sujet qui nous a paru évident de traiter au sein du podcast comme nous l’avons fait avec celui centré sur la critique féministe (sorti il y a quelques mois).

Nous préparons un épisode sur les héroïnes de la saga Star Wars qui sortira à la fin u mois de décembre.
Par ailleurs, nous travaillons depuis plusieurs mois, sur un sujet en lien avec l’animation et plus particulièrement sur les places des femmes au sein de ce pôle spécifique. Il demande plus de temps car nous souhaitons brasser toute l’histoire de l’animation mais également nous entretenir avec des professionnelles. La situation sanitaire actuelle rend les choses un peu plus compliquées mais nous allons y arriver. Enfin, nous travaillons sur un projet différent qui sera complémentaire avec le podcast : un format papier Sorociné!

Cette revue a les mêmes valeurs que le podcast Sorociné, c’est-à-dire, de mettre en valeur les voix des femmes et de manière totalement inclusive. Nous sommes sur le processus de création depuis le début de l’été, et nous avons déjà une poignée de personnes qui se sont engagées avec beaucoup d’enthousiasme sur l’écriture de sujets.
Notre premier numéro a pour thème « Premières » un sujet vaste mais symbolique puisque non seulement c’est notre premier numéro (d’une longue liste je l’espère), mais aussi parce qu’il servira d’introduction.

Nous avons déjà des catégories : une consacrée au cinéma de matrimoine avec des dossiers et interviews sur le cinéma des premiers temps. Une autre consacrée à des grands entretiens avec des techniciennes (monteuses, preneuses son…) et bien d’autres sujets divers qui embrasseront tous, plus ou moins, cette thématique de « Premières ».
En plus des personnes qui sont déjà sur le projet, nous avons décidé de lancer un appel à sujets sur nos réseaux sociaux pour que d’autres voix s’élèvent. Nous savons que beaucoup n’osent pas s’engager dans l’écriture. On a vraiment envie que cette revue soit participative à tous les niveaux.

4 adolescentes
Mignonnes

Pour permettre la création de cette revue nous allons mettre en place un financement participatif avec des contreparties pour les personnes qui feront des dons. Nous sommes totalement indépendantes, et ça depuis le tout début, nous n’avons jamais gagné d’argent avec Sorociné.
La création d’une revue papier a un coût et nous tenons particulièrement à rémunérer toutes les personnes (signataires des articles, illustratrice, secrétaire de rédaction…). Nous savons que la critique et, plus largement, tous les métiers appartenant à la culture est économiquement bousculée par la situation sanitaire.
Nous croyons fortement en notre projet de revue et nous espérons sincèrement qu’il trouvera un écho chez d’autres.

Pour suivre Sorociné: