
Les héroïnes dans le cinéma de genre sont nombreuses et spécifiques.
Super héroïne, guerrière, mère courage, les exemples ne manquent pas.
Qu’est ce qu’un personnage de femme forte? Quelles significations peut-on y attribuer? Quels types de d’héroïnes remarque-t-on et quelles idées sont diffusées à travers ces représentations?
Attention SPOILERS! La liste des films évoqués est en bas de l’article, si besoin (même si je ne spoil pas sur tous les films).
SOMMAIRE
1-La perception de la femme forte
6-Les héroïnes du cinéma d’horreur
1-Perception de la femme forte
L’héroïne « femme forte »
La définition de « force » fait référence à la puissance d’action physique. Mais aussi aux capacités d’esprit, intellectuelles et morales. Autrement dit, une personne perçue comme forte, a une aptitude à affronter ou à faire des choix ; qui lui donne le potentiel de s’élever. Notamment par rapport aux autres.
De la même manière, que lorsqu’on fait des recherches avec les mots clefs « femme forte cinéma ».
Erin Brokovich, Kill Bill, Mustang, Lady Vengeance, Wadja, La leçon de Piano, Carol, Woman at War…Que ça soit des combats sociaux, de liberté, des vengeances…Ces personnages féminins sont tous en lutte, dans la majorité des cas contre une domination masculine.

Ils le sont d’autant plus dans le cinéma de genre, qui se prête au sang et au combat. On le sait, les personnages féminins sont très présents dans le cinéma de genre. Pour plusieurs raisons:
- la symbolique du sang (règles, accouchement),
- la fascination des hommes pour les femmes (qui conduisent aussi à des oppressions),
- la transgression que représente le fait de violenter des femmes, ou de mettre en scène des femmes qui vont à l’encontre des stéréotypes de genre,
- les femmes sont victimes de sexisme, de violences….C’est donc propice à raconter des histoires adaptées au cinéma.
2-La femme, victime?
Cela m’amène à cette notion, la victime. Je remarque régulièrement que c’est un terme qui est parfois brandi par des femmes pour expliquer pourquoi elles ne sont pas féministes. Et pourquoi elles ne pensent pas être dans un système inégalitaire.
C’est parfois aussi évoquer par des féministes, qui refusent qu’on leur attribut ce statut.
Lors de la promotion de Lux Externa de Gaspard Noé, Béatrice Dalle expliquait sur France Inter, que le film était féministe. Charlotte Gainsbourg a précisé « oui mais elles sont victimes aussi quand même… ». On voit bien ici l’opposition qui est faite entre féminisme=femme forte, et victime.
Sur le plateau de C à Vous, Pénélope Bagieu était invitée pour évoquer son travail « Les Culottées« . Un des intervenants expliquait que les femmes décrites par Pénélope Bagieu n’étaient pas faibles, qu’elles avaient permis de grandes avancées.
Le présentateur Karim Rissouli s’est adressé à Pénélope Bagieu, l’air hésitant « Mais ces femmes…elles ne sont pas victimes, elles sont fortes ». Celle ci répond « Ah mais si elles sont victimes. Elles ont été victimes d’un système qui les discriminaient ».

Victime et après?
Le terme « victime » est donc associé généralement à une personne faible. Qui subit. Or, il me semble important de réévaluer ce terme, bien trop utilisé de manière péjorative à mon sens.
Les femmes, qu’elles le veuillent ou non (conscientes ou non), sont victimes d’une société sexiste et patriarcale. Même si évidemment des progrès sont constatés, il y a encore beaucoup de discriminations, de culture du viol, d’inégalités salariales, de violences conjugales, etc…la liste est longue, et ce n’est pas le sujet ici.
Nier ce statut de victime, participe selon moi, à invisibiliser ces problématiques. Si pas de victimes, pas de problèmes.
Nier le statut de victime des femmes, invisibilise la violence qui leur ai faite. Pas de victimes, pas de problèmes.
Ensuite, quel regard poser sur ce statut?
Les femmes sont les seules à avoir la légitimité de décider de quelle manière réagir face aux violences qu’elles vivent. Elles veulent s’isoler? Prendre des cours de self defense? Se détendre en faisant de la couture? Courir? Avoir une vie sexuelle riche ou inexistante? Militer? Lire? Rester discrète? Il n’y a pas de meilleure attitude, solution…Elles subissent déjà des violences, laissons les femmes les gérer à leur manière.
Ainsi, il n’y a pas à qualifier le terme victime. C’est un constat factuel à mon sens, rien de plus.

3-Souffrances sera ton destin
Il ne vous aura pas échappé que les femmes dans le cinéma de genre sont généralement maltraitées.
Logique me direz vous, car c’est un cinéma violent. La question est donc de s’intéresser à l’origine de ces maltraitances, et ce qui déclenche une action de la part de ces héroïnes. Si ça peut sembler anodin, c’est pourtant capital pour qualifier la perception que l’on a de ces personnages, et ce, sans qu’on en ait forcément conscience. Et comme le cinéma de genre s’inspire d’autant plus de la vie réelle, et est politique, comprendre ces mécanismes de personnages est important.
Je ne peux que commencer par ce qui est même devenu un sous genre du cinéma de genre: le rape & revenge.
Le principe est simple. Une femme souvent isolée, est violée, puis prépare sa vengeance. C’est un sous genre qui a explosé dans les années 70, dans un contexte tendu aux USA où les manifestations contre la guerre au Vietnam sont violemment réprimées. Parmi les plus célèbres on note They call her one eye, I Spit On Your Grave, La dernière maison sur la gauche, L’Ange de la Vengeance, The Nightingale…
C’est un genre d’exploitation (produit avec peu de moyens, en grande quantité), qui est donc déconsidéré.

Ces films traduisent l’envie de révéler la force physique d’une femme à travers un viol, d’une part. Mais aussi de montrer son ingéniosité et son intelligence. D’une certaine manière, l’homme est nécessaire pour valoriser les capacités d’une femme. Par ailleurs, l’héroïne reproduit finalement le comportement violent et barbare masculin.
Pauline Harmange, auteure de « Moi les hommes je les déteste » explique que les comportements destructeurs de masculinité ne sont en aucun cas à envier. Qu’ils sont autant dangereux pour les hommes, que pour les femmes ou toute personne issue des minorités. L’idée n’est pas de se hisser à une égalité pour déployer autant de violences et de toxicité.
De plus, l’arc narratif en devient assez pauvre. En effet, il n’y a de place que pour cette vengeance. On ne se concentre pas sur les sentiments du personnage féminin. Elle n’est définie que par ce(s) viol(s), et/ou sa vengeance meurtrière.
C’est exactement ce schéma qu’on retrouve dans Bulbbul. Le film se démarque d’un classique rape & revenge par son esthétique fantastique et onirique marquée plutôt réussi. Pour autant le personnage féminin est une sorcière vengeresse parce qu’en plus de subir humiliations et mariage forcé, elle a été violée par son beau frère handicapé (…..). Cette scène est complètement ratée à mon sens. La mise en scène prend le parti de l’escalade de la complaisance de la souffrance. Car avant, on aura déjà assisté au déchaînement de violence de son mari pour lui casser les chevilles, et c’est pendant sa convalescence que le viol aura lieu. La caméra s’intéresse plus à nous dégoûter, qu’à nous mettre aux côtés de la victime et son ressenti.

Paye ton cliché
Mais au delà de ce constat, ces films participent à perpétuer des clichés sur le viol. Le classique, celui du viol commis par l’inconnu, le déviant (alors que 80% des viols sont commis par l’entourage). Mais aussi le cliché que le viol est forcément commis avec violence, de manière très brutale. Or le viol est aussi un acte qui peut être commis sans rage, sans contrainte physique, empreintes d’idées reçues sur le consentement. Mais le manque de pédagogie autour du consentement, additionné à une unique représentation, fausse notre perception de la réalité sur ce crime.
La journaliste Chloé Thibaud l’explique dans son livre « Désirer la violence ». Elle décrypte des scènes de violences sexuelles au cinéma, qui ne sont pas mises en scène comme telles. Comme ces imaginaires nous imprègnent, cela créer une confusion à la fois chez les hommes qui ne comprennent pas le consentement, et les femmes qui ne réalisent pas qu’elles sont victimes de violences.
Ces confusions sur le consentement s’inscrivent également dans des dynamiques de domination (autorité, intellectuelle, âge, etc..) qui brouillent notre perception et donnent lieu à ce qu’on désigne comme « zone grises ». Aurélia Boucherie l’explique bien dans son livre, « Troubles dans le consentement« .

Il serait aussi opportun que les histoires se concentrent davantage sur le ressenti de la victime et les conséquences qui en découlent (à la fois sur la victime mais aussi sur son entourage).
Souvent la violence se résume à la vengeance qui est sensée apaiser la victime de son traumatisme.
Hors, c’est évidemment plus compliqué que cela. Les ressentis peuvent être tout à fait différents d’une victime à une autre, cela pourrait donc être une niche d’idées pour renouveler les représentations.
J’ai conscience que le rape & revenge a une dimension de « divertissement » avec la jouissance de voir un déchaînement de violence s’abattre sur les bourreaux, sans travailler les personnages. Mais on peut demander maintenant une évolution du genre. Surtout après #metoo.
Mais..il y a des éléments à nuancer. Tout d’abord, ces films peuvent aussi avoir une dimension cathartique. En effet, pour que celle-ci fonctionne bien, il faut de la peur, et de la pitié. Autant dire que le rape & revenge coche plutôt bien les cases.
Ensuite, même si la représentation de ces crimes est souvent puante et erronée, il reste que les femmes sont les 1ères victimes de viol. Au moins on ne perd pas de vue que c’est une oppression systémique envers les femmes.
De plus, plusieurs témoignages dans le podcast Les Pieds sur Terre de France Culture montrent la complexité du sujet. Une femme racontait qu’elle avait été victime 2 fois. La 1ère fois elle était allée devant la justice. La 2ème fois, elle s’est défendue pendant l’agression et n’a pas ménagé ses coups. Elle avouait que le fait de se défendre elle même, de reprendre en main la situation et donc le contrôle, l’avait beaucoup plus apporté satisfaction.

Enfin, le genre tend à proposer des films qui prennent un peu de hauteur. Même si Revenge souffre des défauts mentionnés plus haut, la scène de viol n’est pas voyeuriste. Par ailleurs, j’aime beaucoup le questionnement qui est posé sur le regard qu’on pose sur une héroïne qui joue de sa sexualité. Dans le regard des hommes cela leur donne l’autorisation de s’approprier le corps de cette femme. J’aime beaucoup le fait que c’est l’homme misogyne qui se retrouve nu dans l’affrontement final.
On peut noter aussi que si les films de Tarantino ne sont pas féministes à mon sens, il traite aussi les viols dans Kill Bill en hors champ, et n’en fait pas l’enjeu principal.
Je pense également à Elle, où la question du viol (qui plus est d’une femme d’une soixantaine d’années), est centrée sur les ressentis du personnage concerné.
Enfin, si l’excellent Alone fonctionne sur des ressorts scénaristiques propres au rape & revenge, le viol n’a pas lieu. Et la vengeance se fait aussi à travers la victime qui fait voir le vrai visage de l’agresseur à sa famille.
4-La femme guerrière
Alien, Terminator, Sucker Punch, Princesse Mononoké, Tank Girl…les femmes guerrières ne manquent pas. Personnellement j’ai grandi avec Ripley et Sarah Connor. Mes héroïnes d’adolescentes. Et à l’époque je ne me questionnais pas sur le fait que ça soit des femmes. Pour moi, c’étaient des personnages comme les autres.
L’héroïne femme ‘badass a des réelles capacités au combat. Ce qui en fait un personnage fort, du moins en apparence. Car on peut noter plusieurs bémols. Comme le syndrome Trinity (le fait qu’un personnage féminin soit plus fort que le masculin, mais finit par être là pour servir le héros). On peut noter ce cas dans Matrix évidemment, Harry Potter, Kick Ass et bien d’autres. Parfois, on peut non seulement constater le syndrome Trinity, mais en plus, le personnage féminin est ramené à une intrigue love interest, comme dans le 2ème opus des Gardiens de la Galaxie (dans ce cas, Gamora est en plus en rejet total).
Les tenues peu adéquates au combat posent aussi problème. Cela a pour conséquence de décrédibiliser les actions du personnage, mais aussi de le transformer en objet attirant pour le public masculin. Je suis encore dépitée de la course poursuite en talon face à un tyrannosaure dans Jurassic World.
Le traitement vestimentaire différent d’Harley Quinn dans Suicide Squad et Birds Of Prey en est l’exemple parfait.
A la fois, un personnage féminin associé à des caractéristiques masculines (comme Sarah Connor) a également ses limites. Car on retrouve la même problématique citée au dessus. Une femme n’a d’intérêt et ne peut qu’exister à travers des comportements masculins dominants.
Par ailleurs, si les héroïnes badass ne sont pas forcément victimes de viols, elles agissent pour se libérer d’une domination (Nikita, Batman le défi) ou parce qu’on les a d’abord attaquées sous une forme ou une autre (The Villaines, Lady Vengeance, Terminator).
Si je prends l’exemple de The Villaines (dont il faut saluer le splendide plan séquence au début), le personnage féminin est d’abord aux mains d’une agence de tueurs. Son père est tué, puis son mari, et elle doit se marier pour protéger sa fille. Enfin, celle-ci finit elle aussi, par être tuée. Ici, c’est son foyer qui est attaqué, on retrouve la notion de mère sacrificielle. En tous cas, impossible dans ce film de connaître la personnalité, l’histoire ou les caractéristique de ce personnage. Elle n’existe qu’à travers sa famille et son désir de vengeance.

Justice!
Impossible de ne pas parler de Ripley dans la saga Alien. Elle est en apparence, non genrée. Ni sexualisée, ni masculinisée, et son personnage n’est pas concerné par des problématiques liées au fait que ça soit une femme. Il a d’ailleurs été écrit à l’origine pour un homme.
Pourtant, son genre est rappelé plusieurs fois. La fameuse scène de la petite culotte, sa maternité (que ça soit via Newt dans Aliens, ou via le monstre dans Alien Ressurrection). Il y a aussi le début d’une idylle dans Alien 3, qui marque une hétérosexualité.
De manière plus générale, on note que l’intelligence artificielle s’appelle « Mother », et que la naissance des aliens est proche de l’idée qu’on se fait d’une grossesse (voire d’un accouchement!).
Ces rappels participent à développer une empathie pour le personnage, et à donner une raison d’avancer dans cette lutte sans fin, voire sans espoir. Mais on il aurait pu y avoir d’autres enjeux moins genrés aussi.
L’intrigue avec Newt (la petite fille d’Aliens), ne réduit pas subitement Ripley au statut de mère et surtout, ce sont des enjeux qu’on peut voir aussi avec des personnages masculins. Je pense notamment au merveilleux Logan ou La Planète des Singes, Suprématie.
Concernant sa relation avec Clemens dans Alien 3, on sent qu’elle est dominante. Elle est consciente du passé de Clemens, et refuse de trop se dévoiler. Elle se sert de ces éléments pour garder le contrôle.

L’écoféminisme s’invite
Tank Girl est un personnage badass à part dans le cinéma d’action. Délurée, punk (donc associée à la marginalité), elle est animée par un désir de justice. Pas de love interest, pas de maternité, ici le personnage est humanisée à travers l’amitié et l’altruisme. Apprêtée (entre maquillage et coiffure fantaisie), elle est également libérée sexuellement. Une scène assez représentative de l’esprit de Tank Girl la montre en train de s’embellir…en utilisant des ciseaux pour faire des trous dans son collant. C’est une manière très claire de montrer que le personnage soigne son apparence, mais selon ses critères, et en renversant des objets associés à la féminité. Elle est dénudée, mais pas sexualisée à mon sens. Elle me fait beaucoup penser à Harley Quinn dans Birds Of Prey ou dans une autre thématique, Gwen Stefani. Cette chanteuse a toujours eu un côté punk et énervé (il faut voir les live de No Doubt dans les années 90!), tout en soignant particulièrement son image.
La volonté de Tank Girl de rendre l’eau accessible à tout le monde dans ce monde post apocalyptique, est liée à la notion d’écoféminisme
Par ailleurs, la volonté de Tank Girl de rendre l’eau accessible à tout le monde dans ce monde post apocalyptique, est liée à la notion d’écoféminisme. C’est une branche du féminisme qui établit un lien entre les comportements masculins toxiques (plus de guerres, plus de capitalisme, et même consommer plus de viande), et drames écologiques. Par ailleurs, on sait que les femmes sont plus touchées par les conséquences du dérèglement climatique (plus de difficulté à aller chercher de l’eau). Je vous conseille l’émission Des Couilles sur la table à ce sujet.
On retrouve une thématique similaire dans Mad Max Fury Road. Les héroïnes reprennent le contrôle et font demi tour pour récupérer leurs terres, et ne sont donc pas dans une optique d’aller chercher ou coloniser une terre toujours plus loin.

Le personnage de Rebecca Ferguson dans les Mission Impossible est aussi un personnage assez peu genré, malgré ses belles robes. Elle surtout montrée d’emblée comme aussi forte que Tom Cruise, en maintenant une ambiguïté sur ses intentions. On ne sait jamais de quel côté elle penche, elle reste complexe à identifier. Et elle s’avère être au final l’égal de Tom Cruise. Elle sert d’abord ses intérêts légitimes, et on n’assiste pas à un énième love interest.
Je vous conseille l’émission sur le sujet, du podcast « Actioner ».
5-La méchante

Parce que oui les femmes sont aussi méchantes, le cinéma de genre nous offre des personnages diaboliques en tous genres.
Force est de constater que là encore, les motifs de méchanceté des femmes sont assez proches de ceux des hommes.
Il souvent question de pouvoir et/ou d’argent (Scream 4, Misery, Sleepy Hollow, Spiderman New Universe…).
Des enjeux liés au fait de conquérir, de manière large.
Les méchantes dans The Neon Demon sont dépassées par leur besoin avide de reconnaissance, mais via le pouvoir qu’elles ont grâce à leur beauté. Ainsi la sororité peut aller se rhabiller. Le film raconte surtout à quelle point cette notion est changeante, impossible à maîtriser et à comprendre. Les puissants ici sont des créatifs misogynes, qui font d’eux des entités d’autant plus insaisissables. Ce sont finalement eux la force maléfique.
Si les sorcières de The Craft utilisent la magie pour résoudre leurs problèmes, le basculement de Nancy vers le côté obscur est dû à sa terreur de perdre en puissance face à Sarah.
On retrouve aussi la classique thématique de l’amour. On tue parce qu’on a été responsable de la perte du bien aimé (Urban Legend), par rivalité (Happy Death Day), ou encore aveuglée par l’amour (La fiancée de Chucky).
A noter que dans Urban Legend, la serial killeuse en veut même à son amie de conclure avec le mec qui ne s’est jamais intéressé à elle. La traditionnelle rivalité féminine pour l’amour d’un homme… Quant aux femmes plus âgées, elles tuent pour défendre le fiston (Vendredi 13, Scream 2).
Si les femmes peuvent tuer pour des raisons similaires aux hommes, l’inverse est moins vrai.
Il est intéressant de rappeler que les serial killeurs, notamment dans les slashers, tuent rarement pour ces raisons là. Il s’agit de vengeance (Maniac Cop, Jason, Nightmare On Elm Street), parce que… maman (Scream, Psycho), par démence ou perversité pure (Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Maniac, Black Christmas, Le voyeur, Bloody bird..)
On constate là encore que si les femmes peuvent tuer pour des raisons similaires aux hommes, l’inverse est moins vrai.
Cruella d’enfer
Parfois les héroïnes font preuve d’une cruauté sans pareille. C’est le cas d’Amanda dans la saga Saw. Mais ses nouvelles convictions viennent d’un lavage de cerveau d’un homme, Jigsaw. Celui-ci lui reproche d’ailleurs régulièrement de ne pas avoir totalement compris sa démarche, à savoir donner une chance de survie à ses victimes. Elle n’est pas capable de comprendre la philosophie de Jigsaw et cède à des pulsions meurtrières.
Un lavage de cerveau sur des jeunes héroïnes qu’on retrouve dans We summon the darkness.
Ce constat renvoie à celui que l’on peut faire à propos des femmes terroristes. A cause de stéréotypes sexistes, on a du mal, encore maintenant, à concevoir qu’une femme peut décider de commettre des actes terribles au nom d’une doctrine ou d’une politique. Fanny Bugnon explique ce phénomène à travers son livre « Les Amazones de la Terreur » (terme donné par la presse), à travers notamment le groupe terroriste Action Directe.

Si La Mutante est mauvais, et qu’il repose sur le principe d’attirer le mâle, Sil est une extra terrestre qui ne cherche qu’à se reproduire pour coloniser la planète. Elle agit dans son propre intérêt, pour faire perdurer son espèce et conquérir un nouveau territoire (ça me rappelle quelque chose…).
Il y a aussi les méchantes ambigües comme Catwoman ou Poison Ivy. Les deux utilisent leur sex appeal. Catwoman agit de manière très individuelle, et à l’origine le personnage a un background beaucoup plus émancipateur que dans le film de Burton.
La transformation de Catwoman et Poison Ivy est due à des violences commises par des hommes.
6-Les héroïnes du cinéma d’horreur

Si on sort du film d’action plus ou moins horrifique, et qu’on s’intéresse à ce qu’on identifie comme film d’horreur, on constate que ce sont principalement des jeunes héroïnes. Des adolescentes, des jeunes adultes qui sont confrontées à des hommes. Un frère pour Laurie Strode dans Halloween, un petit ami pour Sidney dans Scream, un pédophile défiguré pour Nancy dans Nightmare On Elm Street. Mais aussi un ancien enfant persécuté dans Vendredi 13, un rôdeur dans Pas un Bruit, un psychotique dans Psycho, un pervers dans Black Christmas ou dans Terreur sur la ligne, mais aussi pourquoi pas, un pêcheur dans Souviens toi l’été dernier.
Ces films plus ou moins réussis, explorent les thématiques du passage à l’âge adulte, de la prise de contrôle sur sa vie, de l’émancipation.
Dans la plupart de ces films (dont beaucoup sont des slashers), ressort le concept de la final girl, théorisé par Carol Clover. Une héroïne souvent prude, sage, innocente, qui n’est pas déconcentrée par le sexe ou l’alcool, verra sa force sera révélée par l’attaque d’un croquemitaine. Elle est « final » car dernière survivante.
On peut y voir un aspect réactionnaire de ce concept, mais il peut être aussi tout à fait contrebalancé (je vous conseille l’article passionnant de Ciné Clob à ce propos). On peut y voir aussi la société puritaine qui tente de nuire au désir de liberté, et de contestation de la jeunesse.
Depuis l’apparition de Sidney dans Scream, le schéma de la final girl a évolué. La sexualité fait partie de leur vie quel qu’en soit la forme ( It follows, Midsommar, Us, Souviens toi l’été dernier, Happy Death Day..)
Ma tenue n’est pas une invitation
La plupart des héroïnes de films d’horreur ou des final girls sont en apparence inoffensives. Leur look est clairement identifiable comme féminin, mais tout en retenue. Elles portent souvent des jeans, éventuellement tee shirt fantaisie mais pas trop et coupe classique, chaussures conventionnelles, coiffure classique. En somme, elles se fondent dans la masse, voire respectent les codes que l’on attend de la femme « respectable ». Pas trop sexy ou excentrique, mais pas marginale, non genrée ou trop masculine non plus.
A mon sens, cette utilisation de ce costume permet au public de pas porter les préjugés classiques sur l’héroïne, ce qui permet de créer de l’empathie facilement. Par ailleurs, son apparence inoffensive décuple d’autant plus l’admiration, quand elle se met à charcuter.
Pourtant, une final girl pourrait être gothique (sans être déprimée), avoir des cheveux roses et bleus, aimer les maquillages excentriques, voilée (on peut rêver!), ou encore porter pull large et jogging en permanence. Ces styles aussi différents habillent des femmes toutes autant différentes derrière. On peut simplement se contenter de représenter…d’autres styles?



L’habit ne fait pas la moinesse!
C’est précisément ce que j’aime dans le passable In The Fade. Une héroïne d’âge moyen, rock n’roll et tatouée (et mère!) en est l’héroïne, et à aucun moment son look est utilisé ou mentionné pour l’intrigue. C’est simplement son style, et c’est tout.
On remarque un changement de style radical de Laurie Strode dans Halloween II de Rob Zombie. Elle passe du style traditionnel de la final girl à une rockeuse trash. Mais c’est en réaction au calvaire subit dans le 1.
C’est aussi palpable dans Mama, même si j’ai tendance à penser qu’on peut lier ça au fait que le personnage de Jessica Chastain est en opposition avec une pression sociale faite sur les femmes; celui d’être mère.
Un film comme Carrie, montre que se fondre dans la masse ne sert à rien. Carrie est moquée, alors que celle ci a fait tous les efforts pour répondre aux codes, notamment vestimentaires.

Le malin We summon the darkness joue précisément sur les aprioris de l’apparence. Il s’agit d’un trio de jeunes héroïnes pulpeuses, rockeuses, (en réalité aux mains d’une organisation de fanatiques religieux). Elles se servent de leur style pour à la fois séduire, mais aussi induire en erreur sur leurs centres d’intérêt, et donc leur milieu.
Même si on retrouve le schéma classique des jolies jeunes filles qui représentent le mal, j’y vois aussi l’occasion de montrer la superficialité masculine. Mais aussi une manière dont l’homme (représenté par le gourou), utilise le corps des femmes à ses fins (ici sa doctrine).
Comment ne pas citer la vampire de A Girl Walks Home Alone At Night ? En plus de réinventer le mythe du vampire à la sauce féministe (elle sillonne seule, la nuit, les rues de Bad City pour défendre les femmes et avertir les petits garçons). Le film se réapproprie la symbolique de hijab, tant décrit comme vêtement réduisant la liberté des femmes. Mais on reste ici dans l’idée d’une créature fantastique. Pas une femme « lambda ».
Bad moms
Il y a également une panoplie de représentations de la mère dans le cinéma d’horreur. La vidéo de Vidéodrome à ce sujet résume les différents portraits de mère. Je ne développerai pas plus car la vidéo est assez claire sur les concepts.
Les actions des mères sont donc souvent liées à leurs enfants ou leur famille. Ce qui est une évidence dit comme ça, pourtant quelques exemples viennent diversifier cette représentation.
Par exemple dans le très bon mais empreint de culture du viol Boulevard de la Mort, le personnage joué par Rosario Dawson est mère. Mais on ne voit jamais ses enfants, elle exprime simplement le fait qu’elle a besoin de s’amuser un peu.
Je retrouve la même idée dans Relic. Ce sont 3 héroïnes de 3 générations, dont 2 sont mères. Et leurs actions ne sont pas en lien avec ce statut, mais avec le fait de faire face à un problème universel de liens familiaux et de déchéance.
Les actions des mères ne devraient pas être définies uniquement en réaction à une atteinte à leurs enfants, ou famille.

Dans Us, film d’horreur à multiples lectures, Adélaïde est mère certes, mais son combat est intérieur, tout comme le reste de sa famille. Finalement, s’ils font équipe en famille, ils font bien face à un combat intérieur, face à eux même. Ou d’une partie reniée de la société, tout dépend de quelle lecture du film il est question.
Le film de loup garou, Les Bonnes Manières, présentent à la fois un couple lesbien, mais aussi une femme noire qui se retrouve par la suite, mère célibataire. Ce film montre les barrières territoriales des différentes classes sociales, et des discriminations qui en découlent. La mère bien qu’appartenant à la classe ouvrière, n’est pas dépeinte comme misérable. Elle est contrainte de protéger son enfant, dont la condition n’est pas compatible avec une libre circulation dans le monde dans lequel ils vivent. C’est vrai aussi que son personnage a des allures de mère courage, cependant elle s’approche plus de réalité de beaucoup de femmes.

A good woman is hard to find brosse le portrait d’une jeune veuve mère célibataire, acculée par la charge mentale et la pression sociale. Elle est piégée par un dealer, mais arrivée au bout de ce qu’elle peut supporter, se défend. Sa légitime défense aboutira sur une opportunité de vengeance, sans qu’elle ne l’ait réellement cherché. C’est un film émouvant, qui pointe des micros oppressions quotidiennes, qui semblent anodines, mais qui sont de réelles violences. Il y a là aussi, une dimension universelle.
7-Elles se démarquent
Même si les femmes agissent en réaction à une agression ou une domination, on peut aussi noter des personnages qui se différencient.

Vengeance, oui mais
Je pense à La Mariée était en Noir. Le traitement de cette héroïne vengeresse dont le mari a été tué le jour de son mariage est particulièrement intéressant (et pour une fois le concept de la « femme dans le frigo » est inversé). Elle n’est pas une guerrière mais parvient à éliminer un à un les malencontreux meurtriers. Elle use de stratagèmes, d’analyses de son environnement et les hommes sont ridiculisés en cédant à leurs réflexes masculins. En préférant laisser l’intendance de leur foyer à une inconnue, et évidemment en étant attiré par elle. Le personnage féminin est discret, mais reste imposant.
Si 3 billboards se base sur un principe de rape & revenge, et est un cas à part. C’est un personnage féminin qui reprend les codes du masculin, tout en n’étant pas véritablement guerrière. De plus, on oscille constamment entre empathie pour le drame qu’elle a vécu et sa quête (sa fille a été violée et tuée, et le meurtrier n’est pas recherché), et agacement. A la recherche de justice, elle manque parfois de logique et d’altruisme. Et c’est toute la réussite du personnage à mon sens. Vivre la perte d’un enfant, dans ces conditions, en constatant l’incompétence des forces policières peut engendrer confusions et paradoxes.
Le personnage féminin dans Wedding Nightmare est une fraîche mariée qui devra survivra à sa toute nouvelle belle famille en proie à une malédiction. Elle devra affronter un système patriarcal et religieux, deux éléments qui donnent une dimension plus universelle quant à la domination que subissent les femmes. Je vous laisse apprécier la vidéo de Demoiselles d’Horreur qui développe ce sujet.
Une vraie sororité
Dans Assassination Nation, 4 adolescentes se rebellent contre la culture du viol et le cyberharcèlement. Le final, on ne peut plus jouissif, fait le bilan global des principes de domination, et appelle à une sororité pour mener la lutte ensemble.
Par ailleurs c’est un des rares films (même en dehors du cinéma de genre), qu’une femme transgenre existe en tant que personnage en dehors de cette identité, avec un vrai background qui y fait référence, sans l’occulter non plus. Et interprété par une personne concernée, Hari Nef. Ca change tout dans la manière de jouer, de penser le personnage.
Helen de Candyman mène une enquête sur la légende du croquemitaine, avec en fond, des thématiques sur le racisme et le sexisme. Elle agit d’abord parce qu’elle a besoin de faire ses preuves, dans un système professionnel patriarcat qui ne la prend pas au sérieux.
Dans Planète Terreur, Cherry se retrouve amputée d’une jambe, qu’elle remplacera par une arme. Un handicap transformé en force donc. Et si le personnage est sexualisé à outrance, elle agit dans l’intérêt du groupe, pour résister à ce monde apocalyptique.
L’exemple de The House of Sorority Row est intéressant. On est dans une ironie dramatique. C’est à dire qu’on en sait plus que les héroïnes sur le background d’un personnage central. Pourtant, la mise en scène ne cesse de nous amener sur une fausse piste, et on finit par mordre à l’hameçon (en tous cas ça a été mon cas, tant l’idée d’une vieille serial killeuse me plaisait!). Parallèlement, les héroïnes sont aussi sur une autre fausse piste. Ce qui créé un véritable empathie avec cette sororité.
Les victimes sont principalement des jeunes femmes et cette fois, ce sont les hommes qui sont tués sans raison. Ils sont d’ailleurs quasi absents et inutiles. On assiste à deux générations de femmes en opposition, qui ne se comprennent pas.
Dommage que le film propose une énième histoire de fils difforme, adoré par sa mère.
Les héroïnes victimes de discriminations ciblées

L’excellent Run a comme héroïne une adolescente handicapée moteur. Elle est à la fois indépendante et inévitablement vulnérable, mais utilise toute sa logique et son esprit astucieux pour se débarrasser d’une mère pathologique. Grâce à une mise en scène soignée et un montage carré, une simple maison devient un terrain remplit d’obstacles, dès lors qu’une personne valide en décide. Une belle métaphore de notre société validiste.
Je regrette le rebondissement final, qui en plus d’être de trop, semble faire dire au film qu’une mère biologique ne commet pas d’actes aussi horribles. Que ce n’est l’affaire que d’une femme devenue folle après la perte de son bébé. Pourtant l’affaire Gypsie Rose l’a bien prouvé.
Par ailleurs, j’ai été frappée par cette mise en scène qui sonne juste dans les moments de tension. J’avais la sensation d’une nouveauté dans la manière de représenter ce handicap. Et il se trouve que l’actrice principale, Kiera Allen, est une personne concernée par le handicap. Je ne répéterai jamais assez qu’il est capital de laisser de la place pour les personnes concernées qui ont le pouvoir de renouveler les histoires et les représentations.
C’est un 1er rôle pour l’actrice qui ne manque pas de rappeler en interview qu’une personne handicapée ne doit pas être définie par cela. C’est tout de même le cas dans Run, dont le handicap est l’élément central de l’intrigue, malgré que le personnage de Chloé soit soigné.

Bad Hair, met en scène une jeune héroïne victime de racisme, de domination de classe. C’est l’occasion pour le réalisateur de Dear White People d’évoquer des questions autour du colorisme, ou de réflexions racistes autour des cheveux afro, notamment féminins. En effet, la jeune femme est victime de cheveux meurtriers (oui oui), après avoir dû se conformer à une norme pour obtenir un poste. Même si certaines critiques considèrent que le film est coupable de misogynoire.
La scène où Anna décide de finalement de modifier sa coiffure est représentative de la thématique du film. Elle se rend dans un salon de coiffure qui a tous les codes des dominants. Il est luxueux (donc difficilement accessible à la classe moyenne alors que ce sont ce que les dominants attendent d’eux). C’est compliqué d’obtenir un rendez vous compte tenu de sa notoriété. C’est donc un lieu déjà impressionnant. Ensuite, quand elle se fait coiffer par Virgie (géniale Laverne Cox), on ressent toute la douleur vécue par Anna. A la fois physique (les rajouts sont brutalement attachés à ses cheveux), et psychologique (elle laisse une partie de son identité).
A aucun moment, Anna se bat. Elle essaye tant bien que mal de garder ses valeurs tout en survivant dans un système dur envers elle.
Les sorcières de The Craft (pitié ne regardez pas le reboot), agissent dans une optique de reconstruction personnelle ou en réponse à des comportements sexistes ou racistes. Donc des oppressions systématiques, dans lesquelles plusieurs personnes ayant ces problématiques, peuvent se reconnaitre.
D’autres enjeux sont possibles!
On le constate, les femmes agissent principalement en réaction à une agression, que ça soit envers elle, ou quelqu’un de sa famille. Les actions purement politisées, notamment pour lutter contre un système oppressif (et donc violent envers un cercle élargi), sont relativement marginales. Tout comme des actions en lien avec une réflexion philosophique, métaphysique, ou tout simplement liée aux relations humaines.
Mais les films mettant en scène ce type de personnages féminins ne sont pas inexistants pour autant.
De par leur métier, ou de leur histoire, ces enjeux permettent aux personnages féminins d’exister en tant qu’individus
L’impressionnant Possession évoque le parcours d’une femme délaissant enfant et mari pour une relation avec une entité monstrueuse. C’est aussi l’occasion de montrer la destruction sociale et culturelle engendrée par le régime communiste. Le personnage joué par Isabelle Adjani montre un corps et une âme en totale errance, reconstruction.
Relic pose le portrait de 3 héroïnes de 3 générations qui font face à la vieillesse, au deuil, et surtout au temps qui détruira inexorablement la génération qui nous précède.

Le personnage fantômatique de La Llorona (le film guatémaltèque), est un personnage qui hante discrètement mais réellement la maison d’un dictateur. Elle n’est pas violente, et même si sa présence est liée au massacre de ses enfants, elle est aussi politique. Sa présence est là pour dénoncer, et surtout enfin verbaliser le génocide (plutôt méconnu des européen.nes), des Indiens Mayas sous la dictature au Guatemala, dans les années 80.
Dans ces films, les femmes ne se battent pas, mais existent pour une raison spirituelle et/ou politique. On peut noter bien sûr la saga Alien, mais aussi Resident Evil. Dans le genre policier, Fargo met en scène une policière qui gère grossesse et enquête, de front.
Ces enjeux permettent aux personnages féminins d’exister en tant qu’individus. De par leur métier, ou de leur histoire. Avec ses qualités, défauts, ses manières d’interagir et comprendre le monde.
8-Et maintenant?
Quel ce que soit le sous genre concerné, les héroïnes sont principalement des femmes jeunes. Même si on note quelques exemples avec Serial Mother, Relic, Mad Max ou Elle, les femmes entre 50 et 90 ans, sont (comme ailleurs au cinéma) très absentes. Pourtant, l‘émancipation, la réaction à un système de domination, sont des thématiques passionnantes qui existent aussi pour ces femmes, sous d’autres formes, avec d’autres enjeux. Mais j’imagine que dans la mesure où elles sont invisibilisées dans la vie, elles passent aussi plus souvent sous l’intérêt des radars des scénaristes.

The Substance a permis à Demi Moore d’obtenir le rôle qui restera le plus marquant dans sa carrière à 60 ans, tant il aura apporté reconnaissance et récompenses. Le film traite de l’âgisme avec flamboyance et rage. Son succès confirme que le public est en recherche de représentations d’héroïnes de tout âges, et que la vie des femmes plus âgées n’est pas finie. Ce sont des héroïnes complexes et riches.
On peut noter aussi que dans tous les exemples cités dans cet articles, les héroïnes racisées, identifiées comme LGBTQI+, etc..bref des minorités, se comptent sur les doigts d’une main, surtout dans le mainstream.
Les réalisateurs sont fascinés par la manière dont les femmes évoluent dans un monde qui leur est hostile. Monde créé par et pour eux.
J’ai souvent lu des interviews de réalisateurs de cinéma de genre qui expliquaient leur fascination pour le genre féminin. Que c’était pour cette raison qu’ils mettaient en scène des héroïnes. Pour mieux les comprendre, pour sublimer leurs forces, leurs faiblesses. Cette réponse m’a toujours posé questions.
Ce que je constate, c’est qu’ils sont fascinés par l’attitude que les femmes adoptent dans un monde qui leur est hostile. Monde créé par et pour eux, dont certains continuent de perpétuer consciemment ou non, des comportement toxiques, violents, dominants. Et permettez moi de trouver cela particulièrement ironique.
Quel est le sens de la l’héroïne « forte »?
Finalement qu’est ce qu’une héroïne forte? Une femme qui se bat, qui se rebelle, qui lutte? Oui mais que doit-on penser des femmes qui peuvent/veulent pas se battre? Une femme ayant un handicap ne pourrait-elle pas être forte? Des femmes qui n’oseront jamais s’imposer physiquement ou verbalement ne sont donc pas fortes?
Plus j’y pense, et plus la notion de « femme forte » n’a finalement pas beaucoup de sens, et se réduit souvent à la capacité des héroïnes de mimer des comportement masculins.
Et ces comportement sont toujours valorisés, contrairement aux actions associées au féminin. Par exemple, une petite fille qui joue avec des jouets dits de garçon sera valorisée ou alors on la laissera tranquille. C’est beaucoup moins le cas pour un petit garçon qui joue avec des jouets « de fille ».
La force se mesure de différentes manières (on l’a vu dans les exemples au dessus), quels que soit les genres. D’ailleurs, ça serait l’occasion de sortir de ces représentations binaires. D’introduire des personnages transgenres, gender fluid…Car si le cinéma de genre brille par sa présence de femmes (contrairement aux autres genres de cinéma), il reste très frileux sur la représentation de la communauté LGBTQIA+, de manière générale, surtout dans le mainstream.
Est ce que c’est parce qu’on a longtemps cru qu’il n’intéressait que les mecs cis hétéro virils? Je ne sais pas. En tous cas, il y a beaucoup à faire.
La violence exercée par les femmes est nécessaire aussi, car elle est en réaction à un système oppressif, violent et meurtrier. Qui plus est, la violence dans les rapports humains est inhérent au cinéma de genre.
Le fait qu’une femme soit capable de prendre les armes, lui permet aussi d’être autonome, dans une société qui est dangereuse pour elles.
Mais on l’a vu, cette représentation de la violence doit être bien traitée, pour valoriser le personnage féminin.
Cette idée reçue qu’une héroïne est guerrière, a pour conséquence une injonction supplémentaire. A savoir que les femmes qui ne le font pas, seraient faibles.
Par ailleurs, varier les raisons des actions et des enjeux des héroïnes dans le cinéma de genre, permettrait de proposer de nouvelles histoires. Et oui, j’en arrive souvent à la même conclusion…
SOMMAIRE
1-La perception de la femme forte
6-Les héroïnes du cinéma d’horreur
Liste des films évoqués:
- We Summon The Darkness de Marc Meyers
- Tank Girl de Rachel Talalay
- La llorona de Jayro Bustamante
- Serial Mother de John Waters
- Relic de Nathalie Erika James
- Mad Max de George Miller
- La saga Halloween
- The Villaines de Jeong Byeong Gil
- Black Christmas de Sophia Takal
- Alone de John Hyams
- They call her one eye de Bo Arne Vibenius
- In the fade de Faith Akin
- Nikita de Luc Besson
- Mission Impossible Rogue Nation de Christopher McQuarrie
- A girl walks home alone at night d’Ana Lily Amirpour
- Saw 2 de Darren Lynn Bousman
- Misery de Rob Reiner
- The Neon Demon de Nicolas Winding Refn
- Bad Hair de Justin
- Run de Aneesh Chaganty
- Halloween II de Rob Zombie
- Elle de Paul Verhorven,
- Carrie de Brian De Palma
- La saga Alien
- Resident Evil de Paul S.Anderson
- Possession de Andrzej Żuławski
- Fargo des frères Coen
- Scream de Wes Craven
- Bulbull d’ Anvita Dutt Guptan
- Birds of Prey de Cathy Yan
- The Nightengale de Jennifer Kent
- L’ange de la vengeance d’Abel Ferrara
- Mama d’Andres Muschietti
- Jurrassic World de Colin Trevorrow
- Planète Terreur de Robert Rodriguez
- Urban Legend de Jamie Blanks
- Happy Death Dead de Christopher Landon
- La fiancée de Chucky de Ronny Hu
- Boulevard de la Mort de Quentin Tarantino
- Les Bonnes Manières de Juliana Rojas et Marco Dutra
- Sans un bruit de John Krasinski
- Bloody Bird de Michele Soavi
- Us de Jordan Peele
- A good woman is hard to find d’Abner Pastoll
- Assassination Nation de Sam Levinson,
- La Mariée était en noir de François Truffaut
- Wedding Nightmare de Tyler Gillet et Matt Bettinelli Olpin
- 3 Billboards de martin McDonagh ,
- Nightmare on Elm Street de Wes Craven
- The house on Sorority Row de mark Rosman
- La dernière maison sur la gauche de Wes Craven
- Les Gardiens de la Galaxie de James Gunn
- Kill Bill de Quentin Tarantino
- Lady Vengeance de Park Chan Wook
- The Craft d’Andrew Fleming
- La mutante de Roger Donaldson
- Spiderman New Universe de Peter Ramsey, Rodney Rothman, Bob Persichetti
- Sleepy Hollow de Tim Burton
C’est vrai qu’on oublie qu’il y a de nombreux style de femmes fortes et qu’il ne faut pas uniquement penser aux femmes guerrières (même si…les badass Connor et Ripley Sont et resteront mes favs).
En tout cas encore un put’ d’article 🤘🏻👏🏻
Un grand merci à toi! Ca fait plaisir 🙂
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