9-A Nightmare On Elm Street de Samuel Bayer- 2010
Des adolescent-es sont persécuté-es par un certain Freddy Krueger dans leurs cauchemars. Qui est il? Que veut il? Le tout est de ne pas s’endormir si on veut rester en vie.
La saga se termine par un remake du premier. On évacue donc tout ce qui a pu se passer avant. Tout comme le remake de Massacre à la Tronçonneuse et Vendredi 13, on doit la remise sur les rails de Freddy Krueger à Mickaël Bay. Donc on sait que quel que soit les choix scénaristiques (et éventuellement artistiques), on sera sur du produit calibré.
Freddy ne déconne plus
L’hésitation et l’ambivalence sont les termes qui peuvent résumer A Nightmare On Elm Street. Coincé entre faire une proposition nouvelle et rendre homme au film de Wes Craven dont on sent le plus grand respect, Samuel Bayer ne parvient pas à convaincre.
Dans le nouveau A Nightmare On Elm Street, Freddy Krueger a fini de rigoler. C’est un personnage bien plus sombre. S’il joue avec ses victimes c’est avec sadisme et cruauté. Pour autant, la mise en scène des crimes reste très sage et très conventionnelle. La noirceur souhaitée du personnage n’atteint jamais un niveau qui plongerait le film dans un ton radical.
Pareil pour le passé de Freddy Krueger. Le film laisse penser que celui-ci était pédophile et la mémoire traumatique souvent associée aux violences sexuelles ne fait que renforcer cette hypothèse. Mais A Nightmare On Elm Street ne prend jamais le parti d’être clair. Donc on peut tout à fait en rester au fait que les enfants étaient torturés à l’arme blanche par Freddy.
On retrouve des scènes clefs du premier A Nightmare On Elm Street (le fantôme de la copine qui rôde dans les couloirs du lycée, la scène du bain…). Mais là encore Bayer ne sait pas quoi en faire. Soit c’est un bête copier coller, soit il n’en fait rien de plus.
Entre moments ridicules (Krueger qui ouvre sa veste pour laisser voir son pull quand il brûle vif), et incohérences (pourquoi Nancy se réveille en hurlant alors que Kris par exemple reste endormie alors que le même Krueger se rapproche d’elle?), A Nightmare On Elm Street tombe parfois dans la maladresse totale. Pourquoi avoir tenté d’ouvrir la piste de l’innocence de Krueger, alors qu’on sait parfaitement que ce n’est pas le cas?
Un tandem qui envoie de la griffe
Pour la première fois dans la saga (!), A Nightmare On Elm Street évoque les répercussions de la privation de sommeil sur l’organisme. Même s’il n’est qu’effleuré, on introduit le concept des micro siestes permettant à l’organisme de se recharger un peu. Le revers étant qu’on ne se rend plus compte qu’on dort, ce qui complique la tâche quand on a un croquemitaine à ses trousses.
Ce qui donne lieu à des mises en scènes simples mais efficaces comme quand Nancy est dans la pharmacie, et que le décor métallique du monde Freddy se confond avec les rayons. Dommage que cette piste n’ait pas été mieux explorée.
Si les personnages sont mal écrits et pour beaucoup mal joués (même Connie Britton se demande ce qu’elle doit faire), le tandem Rooney Mara/Kyle Gallner (vu dans l’excellent Dear White People) fonctionne très bien. Uni-es par la privation de sommeil, ils parviennent adroitement à se relayer. Ce qui permet de vivre le film sans trop de peine.
Jackie Earle Haley peine malheureusement à convaincre en Freddy. Ni le maquillage, ni la gestuelle, ni la posture ne traduisent quoi que ce soit de terrifiant.
Mention spéciale à l‘introduction, que je trouve particulièrement réussie. Les personnages sont bien introduits, la photo rouge sang est superbe, et la conclusion est bien dramatique. Dommage que le film ne reprenne pas ce qui marche pour s’enfoncer un peu plus dans la noirceur par la suite.
Cet opus rapporta 115,6 millions de dollars pour un budget de 35 millions. Il était donc étonnant de ne pas voir de suite. C’est le succès de Halloween 2018 qui relancera l’idée d’un nouveau film. Quand? Il suffira d’y penser et d’y rêver pour avoir la réponse j’imagine.
Bilan de la saga
Contrairement à une saga comme Halloween, la saga A Nightmare On Elm Street a tenté de garder une certaine continuité dans l’histoire de Freddy Krueger. Au fur et à mesure des épisodes, on en apprend un peu plus sur son histoire, participant à l’humaniser. Il est bien né d’un être humain (qui plus est d’une nonne!), il a été marié et père.
La représentation de Freddy Krueger est globalement restée constante, avec une accentuation de ses traits joueurs dans le sixième opus.
Une mythologie cauchemardesque
La saga utilise certaines métaphores liées aux cauchemars. La dimension sexuelle, et plus spécifiquement le viol (je rappelle que l’étymologie de cauchemar est lié à la notion de recouvrement et d’étreintes, et que les mythes évoquent des démons violeurs provoquant des cauchemars).
On retrouve aussi la notion de démons qui viennent tourmenter le sommeil, et qui sont responsables des cauchemars, toujours dans le sixième épisode.
Le vampirisme est aussi une notion liée aux cauchemars qui est utilisé dans la saga. On sait que Freddy Krueger a besoin des âmes des adolescent-es pour perdurer.
Une saga incomplète
En revanche, la saga aurait pu utiliser bien plus d’éléments historiques et de mythes. Comme par exemple le purgatoire. A partir du 10ème siècle, l’Eglise se dit que ça peut être un bon outil pour asservir encore plus la population. C’est là que l’idée du purgatoire fait son chemin. Ainsi, les présences occultes des cauchemars sont les âmes des pécheur-cheresse-s, errant, à la recherche du pardon. Malin! Dans la mesure où la religion tient une place importante dans la saga A Nightmare On Elm Street, il aurait été intéressant d’explorer cette piste.
Les croyances dans l’Antiquité concernant l’utérus aurait été un angle intéressant. On pensait que l’utérus était une sorte d’animal qu’il fallait nourrir. S’il ne l’est pas, il provoquait alors des symptômes comme des cauchemars.
Il est dommage que la notion de peur qui fasse vivre Freddy Krueger ne soit pas plus creusée. A savoir un parallèle sur nos actes qui nourrissent nos propres angoisses. Et qui nous met des barrières.
Par ailleurs, la dimension physiologique de privation de sommeil est trop peu évoquée. Alors que ça aurait pu être un ressort narratif pertinent. Les films auraient pu aussi se pencher sur les recherches faite sur le sommeil. A savoir que les rêves et cauchemars apparaissent lors de la brutale transition entre le dernier stade du sommeil et le sommeil paradoxal où l’activité des neurones est très importante.
1,2, une question ou deux…
Maintenant, la saga A Nightmare On Elm Street me laisse quelques questionnements (auxquels vous pourrez peut être répondre!):
-Si on sait que la peur donne vie et puissance à Freddy Krueger, pourquoi les protagonistes n’ont jamais cherché une solution pour arrêter de penser à lui?
-On sait que le Freddy Krueger humain tuait des enfants. Pourquoi s’attaque t il uniquement à des adolescent-es par la suite? (En dehors des descendances de ses meurtriers bien sûr)
-Pourquoi une griffe finalement? (En excluant l’arme blanche qui symbolise la pénétration dans les slashers)?
-Pourquoi il n’est jamais question de contrôler ou construire ses cauchemars (comme dans Inception par exemple)? D’autant plus que la notion de rêve lucide (c’est aussi le sujet de Horsehead) est évoquée.
Je vous conseille le documentaire sur la saga, Never Sleep Again.
Et vous? Quel est votre opus préféré?
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[…] découvert les films d’horreur et de genre ado, avec Wes Craven, et la saga Freddy etScream (à l’époque, il n’y en avait qu’un seul !).Je me souviens que dans mon collège, […]