Mickael Myers

Suites, reboot, remakes…la saga Halloween est dense et complexe à comprendre. Je propose ici un débroussaillage de cette saga mythique (pour le pire et pour le meilleur!). Suivez le guide!

La particularité de cette saga (en dehors du fait qu’elle n’a pas de suite logique dans la chronologie des sorties), est que Laurie Strode a plusieurs histoires qui ne sont pas toutes liées.
Tantôt « simple » victime de Myers, elle est parfois sa demi-soeur. Elle est aussi parfois mère mais d’enfants qui disparaissent au gré des films. C’est aussi un personnage tué, mais finalement de retour dans d’autres films…
Voici une time line qui regroupe les films et les liens entre eux:

Halloween de John Carpenter (1978)

Après avoir tué sa soeur à l’âge de 6 ans, Mickaël Myers est interné. 20 ans plus tard, il parvient à s’échapper et revient dans sa ville d’enfance où il sème la terreur auprès de baby sitter…

Film culte, qui lança la mode du slasher (le premier étant Black Christmas de Bob Clark en 1974), John Carpenter, réalisateur underground, fait une entrée fracassante.

C’est un tueur qui fera date, caractérisé par un masque blanc qui prend ses origines dans Star Trek. Carpenter dira qu’il s’est également inspiré des Yeux sans visage.
D’un pas lent et assuré, Mickaël Myers avance assurément vers ses prochaines victimes, armé de son couteau de cuisine.

Après avoir massacré sa sœur étant enfant à Halloween, Mikaël Myers passe 20 ans en hôpital psychiatrique. Cette ellipse est le premier mystère qui entourera pendant longtemps le concept même de ce croquemitaine.
Suivi par le Dr Loomis qui l’a suivi toutes ces années, il soulève la question du Mal qui habite Mickaël Myers. Élément narratif clef, dont les scénaristes useront et abuseront par la suite, pour expliquer moultes rebondissements.

Malgré les années, Halloween a gardé une atmosphère particulièrement oppressante et malsaine. L’aspect implacable de Mickaël Myers fait toujours son effet. Sans parler de la bande son, composée par Carpenter, qui nous dit de presser le pas au son des notes de piano qui martèlent l’arrivée des malheurs.
Signe que le film reste un incontournable du genre, est qu’il a été maintes fois analysé, même sous le prisme des notes de musique.
Je reste profondément marquée par ce croquemitaine impénétrable, qui incarne à merveille une muraille de noirceur qui se dresse devant ses victimes. Rares sont les tueurs qui malgré une qualité plus que discutable des films, parviennent à susciter une angoisse aussi présente.

Le film a toujours interrogé sur son caractère qui peut apparaître réactionnaire. Laurie Strode incarne le puritanisme américain, le modèle à suivre (à l’inverse de ce que représente John Carpenter à Hollywood). Ce sont ses amies, faisant des folies de leurs corps, qui auront affaire à la lame de Myers.
Pourtant, Carpenter a toujours précisé que le film représentait plutôt l’attaque de cette partie de l’Amérique en quête de liberté.

Je vous conseille d’écouter cette émission de France Inter sur Carpenter, très instructive sur la démarche du réalisateur.

Halloween a coûté 300 000$ pour en rapporter 70 millions. La belle affaire!

Halloween 2 de Rick Rosenthal (1981)

Laurie Strode est emmenée à l’hôpital suite à son agression par Myers. Mais celui-ci est bien déterminée à la suivre jusque là.

Rick Rosenthal (Bad Boys) démarre sa carrière en réalisant la suite directe, Halloween 2. Toujours écrit par Carpenter et Hill, le film situe l’action directement après la fin du premier. Le Dr Loomis poursuit toujours Myers, qui poursuit Laurie Strode, transférée à l’hôpital.
C’est dans cet épisode qu’il a été décidé de présenter Laurie Strode comme la demi-soeur de Myers, et donc de trouver une justification quant à la détermination de celui-ci à la poursuivre.
Une idée qui aurait pu être bonne, si le personnage de Strode n’aurait pas été autant sacrifié par la suite.

Halloween 2 perd évidemment en idées de mises en scène, mais il est grandement aidé par son lieu d’action. Un hôpital comme décor est du pain béni pour un film d’horreur. Des couloirs interminables, du sang, du blanc, des outils coupants pour ne pas dire tranchants, Mickaël Myers se sent comme à la maison.
Certaines mises à mort sont marquantes, comme l’infirmière qui se vide de son sang grâce aux soins de transfusion en sens inverse, mis en place par notre croquemitaine.

Le film marchera moins bien que son prédécesseur mais sera tout de même un grand succès. Mais il est vrai que le film s’avère bien fade et les interprètes donnent le sentiment d’être en roue libre.
On est vraiment dans la base de la base d’un slasher honnête.

A noter que Rosenthal n’en aura pas fini avec Halloween, puisqu’il prendre les manettes d’Halloween Resurrection que j’évoque plus loin.

Halloween 3, le sang du sorcier de Tommy Lee Wallace (1982)

Un fabricant de jouets met au point des masques très spéciaux pour Halloween. Un docteur se met à enquêter après avoir tenté de soigner un homme tué par ce fabricant.

Quasiment dans la foulée du second opus sort Halloween 3, mon chouchou. Mal aimé à tout points de vue (histoire, réalisation…), c’est le vilain petit canard de la saga.

Au placard le croquemitaine, Mickaël Myers est supprimé du scénario.
Il était question ici de faire partir la saga sur une toute autre direction. De faire exister le concept d’Halloween sous plusieurs thématiques diaboliques
Halloween 3 se penche sur un fabricant de masque voulant éradiquer les enfants en leur faisant regarder la télé, tout en portant un masque. En voilà un projet politiquement incorrect!

Piètre réalisation? Certes. Jeu des interprètes approximatif? Certes. Scénario à grosses ficelles? Ok. N’empêche, il se dégage d’Halloween 3 un charme fou avec son concept cynique à souhait.
Il faut savoir que la télévision couleur aux USA est arrivée au milieu des années 50, et qu’à l’époque de la sortie du film, la télévision câblée existe avec 27 chaînes basiques et déjà des chaînes payantes. C’est dire si ce media a eu très tôt une force massive.
Halloween 3 a donc le mérite de s’inscrire dans cette série de films démontrant les dangers addictifs de la télévision (Vidéodrome de Cronenberg, mais aussi Poltergeist dans une moindre mesure.) A savoir la force des images, des écrans, sur nos vies et comportements (ou si la télévision nous mangera tout cru?).

On passe au dessus de la ridicule histoire d’amour, et de l’enquête poussive pour savourer des moments glaçants.
Les inoubliables scènes de télé avec les masques, qui laissent place à de la vermine, symbolisant ces cerveaux ramollis. Ce contrôle de la population avec un organisme sectaire est un élément narratif présent dans Halloween 6. A noter que les masques des enfants, sont présents dans Halloweens Kills. Ils sont d’ailleurs particulièrement réussis, car toute la magie ludique et enfantine d’Halloween n’existe plus. On saisit d’emblée à travers leur design, qu’ils ne sont pas adaptés à des enfants.

L’échec cuisant public et critique feront repartir les producteurs sur la piste de Myers. Il restera à jamais l’opus étranger, mais témoin d’une tentative créative audacieuse.

Halloween 4 de Dwight H. Little (1988)

Mickaël Myers revient hanter sa nièce Jamie, après la mort accidentelle de sa mère, Laurie Strode.

Six ans plus tard sort Halloween 4, ou le début des complications. Le temps d’écrire une nouvelle chasse à l’Homme de Myers en tous cas.
Dwight H. Little se distinguera par la réalisation de mauvais films par la suite (Sauvez Willy 2, Anacondas…). Il sera surtout aux manettes de séries (Prison Break ou Bones).

Jamie Lee Curtis ne voulait plus jouer dans des films d’horreur (après Fog et Le Bal de l’horreur), son personnage est tué dans un accident de voiture (détail mentionné très rapidement).
Dans les pas d’Aliens le retour de James Cameron sorti en 1986, les scénaristes créent le personnage d’une petite fille, Jamie (coïncidence?), fille de Laurie Strode.
Myers se réveille d’un coup, après un coma dû à ses blessures de la fin du second opus. Le Dr Loomis, toujours aux trousses de Mickaël, doit être sacrément fatigué.

Zéro mise en scène, photo immonde, meurtres tous aussi plats les uns que les autres, Halloween 4 est un ratage.
Mais Danielle Harris qui interprète Jamie, tire son épingle du jeu, tout comme Ellie Cornell qui joue sa soeur adoptive. Le duo est touchant, et leur justesse de jeu permet de créer une réelle empathie.
On la retrouvera d’ailleurs des années plus tard dans les Halloween de Rob Zombie.
On retrouve les

Le final fait écho au premier film, en rejouant la scène de l’enfant tueur, démarrant ainsi l’idée d’une malédiction planante de Myers. La scène est marquante, tant la violence associée à un enfant reste rare et tabou. Cela assoit aussi l’aspect maléfique et non humaine de Myers, comme une entité, plus qu’une personne.

En termes de box office, même si les résultats ne sont pas aussi florissants que pour les deux premiers opus, ils permettront de relancer la saga. En revanche en France, il passe quasi inaperçu. C’est le début d’une longue traversée du désert pour la saga dans l’Hexagone.

Je vous conseille la vidéo d’Azz l’Epouvantail qui traite du personnage de Mickaël Myers:

Halloween 5 de Dominique Othenin-Girard (1989)

Jamie est hospitalisée et est toujours sous emprise de Myers. Le Dr Loomis, de plus en plus obsédé par Myers, pousse la petite fille à se surpasser pour l’arrêter.

Pour la seconde fois, un nouveau Halloween suit de près le précédent. Halloween 5 continue de narrer les mésaventures de la pauvre nièce de Myers. De possession de Jamie par son oncle, les scénaristes nous amènent doucement sur bientôt une toute autre thématique. On laisse en fait complètement de côté l’amorce de la fin d’Halloween 4. Jamie n’est pas une tueuse, mais plutôt liée par l’esprit à Myers, et ressent tout quand il agit.

Le personnage de Rachel est tué rapidement, et on se concentre cette fois sur le duo formé par Loomis et Jamie. Ici le duo est l’exact reflet inverse de celui formé par Jamie et Rachel dans Halloween 4. Le Dr Loomis, obsédé par Myers, ne voit pas Jamie comme une enfant, voire un être humain, mais plutôt un objet nécessaire à l’arrêt des massacres. Pour soigner sa propre culpabilité de ne pas avoir su protéger sa ville de son patient, il se repose sur Jamie.
Danielle Harris est la seule raison qui nous permet de rester éveillé-e face à tant de laideurs (il faut voir le masque de Myers!), d’incohérences. Par exemple, alors que Loomis ne cesse de répéter que le vide occupe les yeux de Myers, il tente de jouer sur l’affect (!) de Myers en expliquant que sa nièce peut l’aider.
Sans compter qu’à moins d’être sensible aux jumpscares, la frayeur reste toute relative (les scènes de meurtres en plein acte sexuel dans la grange est risible).

On amorce ici l’idée d’un dominant sur Myers, en introduisant un personnage avec un chapeau, évoluant dans le noir. Il vient délivrer Myers, prisonnier du commissariat.

Le film est un échec aux USA, et passe inaperçu en France. Il fera les beaux jours d’amateur-rice-s de genre comme moi, qui chercheront à se forger une cinéphile d’horreur dans les vidéo clubs.

Halloween 6, la malédiction, de Joe Chappelle (1995)

Jamie, enceinte, est retenue captive par la secte qui contrôle Myers. Elle s’échappe mais est assassinée finalement par son oncle.
Tommy Doyle qui était gardé par une babysitter tuée par Myers en 1978, doit affronter Myers avec l’aide de Kara Strode.

Le public attendra (vraiment?), six ans pour retrouver notre croquemitaine préféré. C’est Joe Chappelle qui s’y colle, et il ne fera plus grand chose à partir des années 2000.
Le film sortira un an avant Scream, un poil trop tôt pour proposer un bon scénario.

Le film reprend l’idée du précédent, en assumant la thématique de la secte.
Et ils ne feront pas dans la dentelle. Myers n’aurait été réveillé que par une malédiction invoquée par la secte. Par ailleurs, Jamie accouche mais on ne comprend pas de qui est l’enfant. Le chef? Myers? Et surtout…ce que ça apporte au film d’un point de vue narratif.

Tommy Doyle (joué par Paul Rudd!) refait surface, le petit garçon que gardait Laurie Strode dans le premier film. Il prendra en charge l’enfant de Jamie pour la grande fureur du croquemitaine.
Halloween 6 a tous les défauts des deux précédents opus. Mais le personnage de Jamie n’est pas présente, et l’histoire de la secte est ridicule, sans queue ni tête. Et rien de risible à se mettre sous la dent.
D’ailleurs plusieurs versions ont circulé en salle, en vidéo, en fonction des pays. Un joyeux bordel.

Ce résultat, au delà d’une catastrophe, est la fin de la 1ère time line.

Halloween 20 ans après, de Steve Miner (1998)

Laurie Strode, mère d’un garçon, a changé d’identité et est directrice d’une école. Toujours traumatisée par l’agression de son frère en 1978, elle peine à avoir une vie équilibrée. C’est sans compter sur Myers qui la retrouve enfin.

La saga semblait morte et enterrée, mais c’est sans compter sur Scream de Wes Craven, qui redonnera un coup de fouet au slasher en 1996.

Jamie Lee Curtis dans une période un peu creuse, accepte de reprendre le flambeau. L’occasion de relancer la saga. C’est le début d’une nouvelle time line car le film reprend la suite d’Halloween 2 et occulte tous les autres.

On commence à bifurquer sérieusement. Laurie Strode est sensée être morte, vous vous rappelez? Exit. Elle est sensée avoir eu une fille? Exit. Donald Pleasence qui jouait le Dr Loomis est mort en 1995 donc la question ne se pose pas.
Laurie Strode a maintenant 40 ans, est mère d’un adolescent joué par Josh Harnett, qui tient ici son premier rôle. Sa copine est jouée par Michelle Williams, qui est encore inconnue.

Mise en scène classique pour un slasher mais soignée, on respire enfin. Qui plus est, le décor de l’établissement scolaire est une très bonne idée. Elle permet de mêler lieu sécurisant et connu, mais qui devient petit à petit le théâtre du piège qui se referme sur les personnages.

Les acteur-rice-s sont convaincant-e-s, les personnages travaillés pour qu’on ressente de l’empathie. Et la drôlerie de Scream étant passé par là, on a aussi droit à des passages plus légers qui permettent un ensemble relativement harmonieux. D’ailleurs c’est le même scénariste aux manettes, Kevin Williamson. Et c’est peu dire que Scream et Halloween 20 ans après se ressemblent.

La musique est ce qu’il y a de plus choquant, car on note un copié collé pour certaines séquences (moments de suspens avec le garde, ou de course poursuites). Pour les fans de Scream, on se trouverait presque plongé-e dedans à certains moments. C’est Marco Beltrami qui compose la musique des deux films.

Ensuite on note des reflets presque exacts de certaines scènes. Voyez plutôt:

Je trouve aussi des similitudes entre Laurie et Sidney qui doivent affronter les démons du passé, à savoir, ceux qui ont détruit une partie de leur famille. Et si H20 reste faiblard par rapport à Scream, l’écriture de Laurie Strode est enfin réussi. D’ailleurs je trouve que c’est uniquement dans cet opus qu’on note une écriture aussi pertinente et fine de Laurie Strode. Son traumatisme est très bien traité à travers ses difficultés sociales, d’alcool et Jamie Lee Curtis livre une interprétation juste.

Loin d’être un grand film, Halloween 20 ans après donne un coup de sang à la saga, et offre quelques beaux moments de frayeur honorables. Steve Miner sortira par la suite l’honorable Day of The Dead.

En plein boom du slasher, il fait parti de ceux qui sortent du lot. Le film bénéficie d’une belle sortie aux USA et en France et fait un score honorable.

Halloween Résurrection de Rick Rosenthal (2002)

Après avoir réglé le compte de Laurie Strode, Myers revient dans sa maison qu’il voit investit d’une émission de télé réalité.

Je crois que le résumé en dit déjà beaucoup sur les intentions du film.
La saga retrouve Rick Rosenthal, réalisateur du second opus! Autant il s’en était tiré honorablement pour Halloween 2, autant il se vautre dans la médiocrité pour ce Halloween Resurrection.
Pourtant, le film essaye d’être cohérent avec son époque en proposant de situer l’action dans une télé réalité.

Après avoir assister à l’exécution rapide de Laurie Strode (alors que ça fait déjà 3 films où elle l’affronte sans trop de dommages), on assiste à une émission dont le but est de balancer des candidat-es dans l’ancienne maison de Myers. Et c’est tout. Un scénario complètement idiot, et creux. Aucune réflexion sur la puissance des images de la télé réalité et de ses artifices. Donc on s’ennuie. Mortellement si j’ose dire.

L’idée du retour de Myers dans sa maison sera reprise dans Halloween Kills.

Halloween de Rob Zombie (2007)

Le petit Mickaël Myers évolue dans une famille pour le moins toxique et a quelques problèmes à l’école. Après avoir assassiné une partie de sa famille, il est interné. Mais c’est sans compter sur la soirée d’Halloween où il compte retrouver sa soeur, Laurie Strode.

Cinq plus tard, Rob Zombie, un des maîtres de l’horreur, adulé par les autres, tantôt détesté par les autres. Auteur de La maison des 1000 morts, The Devil’s Rejects, l’annonce de sa présence à la réalisation d’un Halloween émoustille.
On démarre avec Halloween, une toute nouvelle time line.

Et il y a de quoi. Rob Zombie a l’ambition de faire d’Halloween un mélange de reboot et remake. Reboot car la première partie du film se porte sur la genèse de Mickaël Myers. On le voit enfant, évoluant entre mère paumée mais volontaire et beau père violent, sœur ignorante.
Remake car la seconde partie du film reprend les éléments du premier Halloween: la traque de Laurie Strode par Myers. Un ambitieux programme donc.
C’est l’occasion d’assister à un point de vue sur le personnage que représente Myers. Un démon? Le Mal en personne? Un être humain doué d’une force inconnue?
En tous cas, Zombie prend le parti de mettre un visage humain sur un croquemitaine légendaire. Et donc introduit forcément une espèce d’humanité.

Zombie utilise la famille comme point de départ à un comportement déviant.
Il y a la figure classique du beau père violent, ou de la soeur qui n’est d’aucun soutien. Mais ces antagonistes sont contrebalancés par le personnage éculé de la mère douce et aimante (incarnée par Sheri Moon Zombie).
Le film montre que malgré cet amour, un enfant qui a des fragilités, peut basculer du côté obscur quand il reste entouré de violence et d’humiliations.

On peut aimer Rob Zombie pour les mêmes raisons qu’on peut ne pas l’aimer. Son cinéma est brutal, à l’opposé de la subtilité. Aucune respiration, aucune légèreté, ça tranche, ça saigne, et ça ne donne aucune chance.
Et ça fait sens avec la brutalité de Myers.
Par contre, on a droit au traditionnel male gaze sur Sheri Moon Zombie et surtout sur la soeur de Myers incarnée par Hanna R. Hall (Cecilia dans Virgin Suicides). Cette manière de sexualiser à outrance les personnages féminins chez Zombie est non seulement redondantes (en plus de perpétuer des clichés sur la culture du viol), mais en plus n’apporte rien au scénario. Ici l’hypersexualisation justifie le fait que le beau père ait des gestes inappropriés sur sa belle fille…
Par ailleurs, on peut regretter que le personnage de Laurie Strode n’est absolument pas renouveler. On reste sur la jeune femme sage, prude, qui n’a surtout pas de vie sexuelle, elle.

Scout Taylor-Compton fait le job en Laurie Strode sans étinceler particulièrement. Mais on note surtout la présence de Danielle Harris, qui jouait la fille de Laurie Strode dans Halloween 4, 5 et 6. Elle incarne ici Annie, une amie de Laurie Strode (qui était aussi un personnage présent dans le film de 1978). Vous suivez toujours?
Malcolm McDowell, qui joue Alex dans Orange Mécanique.

Halloween sera un succès avec 80 millions de $ au box office US, mais sera un échec en France comparé à Halloween Resurrection.

Halloween 2 de Rob Zombie (2010)

Après son agression, Laurie Strode habite avec son amie Annie et son père. Traumatisée, elle appréhende Halloween qui arrive…

Il faudra 3 ans à Rob Zombie pour proposer la suite directe de son Halloween. A l’origine, les Français Alexandre Bustillo et Julien Maury devaient le réaliser. Ils ont expliqué que Zombie a dû finalement réaliser le 2ème volet pour se libérer des frères Weinstein.

Laurie Strode, la fille modèle s’est transformée en métalleuse afin d’exprimer son mal être (cliché quand tu nous tiens). Elle est hantée par son frère, et tente de se reconstruire, alors qu’elle apprend enfin être la sœur de Myers…Mickaël Myers est comme à son habitude, bien décidé à achever son œuvre.
Rob Zombie introduit la notion de rêves, de basculement dans le désespoir le plus total. Sans issue. Mais le scénario l’intrigue tourne rapidement dans le vide, avec des séquences oniriques plates.

Malgré des représentations sexistes, Halloween 2 brille par certains moments de mises en scène de génie comme Zombie sait le faire. Comme le meurtre d’Annie.
La confrontation avec Myers est d’une force dramatique rarement vue dans le slasher. Le meurtre est divisé en deux parties. La première est l’attaque. Nous sommes à la place de Myers, et confronté-es au regard d’Annie qui se tourne, et qui, via un ralenti, sort progressivement du champ, comme pour annoncer que sa mort est déjà là. Ensuite, le ralenti continu et accentue la terreur d’Annie. Un désespoir noir s’en dégage.
Alors qu’on pense que la scène est finie, la séquence suivante s’ouvre sur Laurie et une amie rentrant d’une soirée. Elles se posent tranquillement autour d’un thé. Au moment où Laurie pénètre dans la chambre d’Annie, elle constate le désordre. Et les flash back de l’agression commencent, qui traduisent la compréhension instantanée par Laurie de l’horreur que son amie a vécu. Et encore une fois, comme rarement, on a l’opportunité de ressentir une réelle émotion à la mort d’un personnage. A la fois via le prisme de l’amitié avec Laurie, et via l’amour paternel. Un vrai tour de force à mon sens.

Rob Zombie clôture cette nouvelle time line avec deux opus très différents du reste de la saga. Qu’on aime ou pas, Zombie a eu l’audace de s’approprier cette saga tout en apportant un vent de fraîcheur. Et vous l’aurez deviner, c’est ce cinéma de genre que j’aime, même avec ses défauts.

Halloween de David Gordon Green (2018)

Deux journalistes enquêtent sur le personnage de Mickaël Myers. Laurie Strode vit recluse depuis l’agression dont elle a été victime par Myers. Elle a peu de contacts avec sa fille et sa petite-fille, mais elle sera bientôt obligée de les protéger.

Alors que l’on croyait en avoir fini, le croquemitaine revient 8 ans après le dernier film.
Réalisé par le quasi inconnu David Gordon Green, Halloween rebat de nouveau les cartes. On repart ici après le premier Halloween en 1978. Je précise que dans le 1er film, Laurie Strode n’est pas la soeur de Myers. C’est une idée introduite dans la suite (pas celle de Zombie, hein, faut suivre!)

Cette fois, Laurie Strode (de nouveau vivante pour la 2ème fois), retrouve les traits de Jamie Lee Curtis. Elle n’a donc pas de fils, comme dans Halloween 20 ans après, mais une fille (mais pas Jamie), nommée Karen. Celle-ci considère sa mère comme paranoïaque et tente de protéger sa fille de sa grand mère.

A l’ère de me too, Halloween met à l’honneur les femmes. Et élément notable, toutes les générations sont réunies pour faire face. Les personnages masculins sont pour ainsi dire insignifiants (le père inutile, le petit copain volage, le nice guy toxique qui sera d’ailleurs puni par Myers).
Jamie Lee Curtis ressemble un peu à une caricature de Linda Hamilton dans Terminator. Le personnage a donc ici un traitement très différent des autres, présentant Strode comme presque la traqueuse.
Judy Greer dans le rôle de la fille, et l’inconnue Andi Matichak dans celui de la petite fille de Laurie Strode complètent ce trio.

Si le film brasse des thématiques déjà vues et ne les traitent pas vraiment (le cynisme des journalistes en quête de scoop, le stress post traumatique), on s’approche d’une brutalité du Myers de Rob Zombie.
Halloween prend soin de proposer un spectacle divertissant et carré, en flattant les fans de la saga.

Halloween Kills de David Gordon Green (2021)

Laurie Strode est transférée à l’hôpital suite à ses blessures. Pendant ce temps, Myers est sauvé des flammes par des pompiers et sème la terreur dans la petite ville en proie à la paranoïa.

David Gordon Green continue sa trilogie avec ce 2ème opus qui était très attendu après la réussite de son prédécesseur.
Malheureusement la déception fut à la hauteur de l’attente.

Halloween Kills se perd dans des hommages en tous genres à la saga, et dans des thématiques intéressantes sur le papier, mais complètement sous exploitées.
Le film est une suite direct de son prédécesseur et qui se déroule en partie à l’hôpital, comme dans Halloween 2. On retrouve les masques d’Halloween 3 sur ceux des adolescents insupportables. On a l’infirmière d’Halloween 2 également, mais aussi Tommy Doyle (cette fois sous les traits d’Anthony Michael Hall et pas de Paul Rudd comme dans Halloween 6). Sans compter l’introduction qui rejoue des scènes qui se passent dans le film de 1978, mais tournées spécialement pour Halloween Kills. Vous suivez toujours?
Mais Halloween Kills reprend deux éléments pertinents, déjà évoqués plus tôt dans la saga:

  • La notion de malédiction à l’origine de Myers dans Halloween 4 et 5 qui se traduisait à travers le personnage de la petite fille, Jamie,
  • Le retour de Myers dans sa maison dans Halloween Resurrection.

La 1ère idée est exploitée à travers les habitants d’Haddonfield devenant paranoïaques, et agressifs. Ce n’est pas sans rappeler des violences de foules récemment observées aux USA, comme l’assaut du Capitole. Pour autant, le sujet est aussi vite évacué qu’il a été introduit. Cet aspect est bien mieux traité dans Assassination Nation, dont ce n’est pourtant pas non plus, la thématique principale.

Halloween Kills aborde le fait que Myers n’est en fait obsédé ni par Laurie Strode, ni par le meurtre. Mais il aspire simplement à regagner son foyer. L’idée aurait pu être intéressante si elle avait été évoquée dans le 1er film. Là…on met la suspension d’incrédulité du public à rude épreuve, surtout si on s’adresse à des férus de la saga. Après tant de représentations de meurtres de Myers, il ne serait en fait qu’animé par habiter dans sa maison?
Et si c’est le cas, pourquoi ne pas le laisser faire…? On assiste à des incohérences plus grosses les unes que les autres, avec des adultes et des adolescents non entrainés, qui vont à l’affrontement avec une armoire à glace?

Par ailleurs, le film se perd dans sa narration avec des allers retours de scènes à l’hôpital et dans la ville, qu’il peine à lier.
La brutalité de Myers monte d’un cran pour atteindre le Myers de Zombie cette fois. Halloween Kills a l’ambition de faire passer un moment agréable entre ami-es, et fans de la saga. Dommage car les idées étaient prometteuses.

Halloween Ends de David Gordon Green (2022)

Quelques années après les derniers événements, Laurie Strode vit avec sa petite fille. Allyson pleine à trouver sa place dans cette société qui la rejette. Elle trouve refuge auprès Corey, lui aussi rejeté après un événement tragique. Ce rapprochement viendra challenger Allyson sur son rapport au bien et au mal.

David Gordon Green clôture cette nouvelle trilogie dans cette saga improbable en faisant prendre un nouveau virage à Mickaël Myers. Un peu trop serré le virage, tant le tout manque de cohérence.
Et pourtant, le film démarre avec une introduction des plus réussies. En quelques minutes, le film parvient à montrer comment une situation des plus banales (un babysitter en difficulté avec un gamin insupportable), peut basculer dans l’horreur. En raison d’un hasard (le fait que Corey ne savait pas que le gamin était derrière la porte), mais aussi par faille humaine. Dès lors, mon attention était retenue, en attente de découvrir ce que ce Halloween Ends allait proposer.

De la même manière, la problématique abordée par le biais du personnage d’Allyson est pertinente. A savoir questionner le rapprochement de deux personnes rejetées: vont-elles s’aider ou s’enfoncer mutuellement?
Malheureusement, le film lâche vite le fil de cette thématique, et s’embarque dans une représentation de Myers abordée sous un autre angle dans Halloween 6. Myers ne fonctionne finalement pas seul, et s’attache à transmettre son Mal à une personne idéal pour cela: un adolescent rempli de mal être.
Ainsi, Myers est faible, presque penaud, si bien que la scène finale d’affrontement avec Laurie Strode sort de nulle part, malgré son efficacité. Ce sentiment est renforcé par le fait que Strode est également presque en back stage durant tout le film.
Le final est malgré tout puissant, tentant de mettre un point final à cette entité maléfique de Myers, mais est représentative du film dans son ensemble. Des scènes isolées réussies, mais qui ne parviennent pas à donner une structure solide et pertinente à l’ensemble.
Mieux que Halloween Kills, bien en dessous de Halloween, une trilogie qui finie en mi figue-mi raisin.

Bilan

Le principal problème de la saga (en dehors de ses opus de qualité variable), est qu’il est difficile de s’attacher à ce personnage de Laurie Strode qui n’a pas vraiment d’identité. Elle est à la fois soeur ou pas, mère d’enfants qui existent ou pas.

Malgré des gros ratés, la saga Halloween a eu le mérite de regorger d’idées. Bonnes, mauvaises, inabouties, balbutiantes, tout ou presque a été testé. C’est aussi ce qui fait son charme.
Dans tous les cas, cela a permis de fixer durablement dans le temps, la silhouette du croquemitaine, « the shape » sans doute le plus connu et le plus marquant du cinéma de genre.
Avec un simple masque blanc et une démarche lente donc terrifiante, ce n’est pas étonnant qu’il ait marqué à la fois ses auteurs, et son public.

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