The Room revisite le mythe de la caverne d’Ali Baba pour mettre à mal les désirs et les souffrances d’un couple. Un huis clos touchant et poétique, même si attendu.
The Room est un thriller fantastique, mettant en scène l’arrivé d’un couple dans leur nouvelle maison. Ils découvrent une pièce, magique,
qui exauce tous leurs souhaits…ou presque.
The Room de Christian Volckman
Avec Olga Kurylenko et Kevin Janssens
Scénario de Christian Volckman, Éric Forestier
Produit par Yaël Fogiel, Laetitia Gonzalez, Jacques-Henri Bronckart
Distribué par Les Films du poisson
The Room est le deuxième film du français Christian Volckman. J’ai pu le voir lors du Festival Les Utopiales 2019. Il était présenté en compétition officielle. Au casting, Olga Kurylenko et Kevin Janssens vu dans Revenge.
Un titre banal…
The Room ou le cas d’école d’un très mauvais choix de titre. Non pas par rapport au sujet du film qui est cohérent. L’autre film The Room, classé comme un des films les plus mauvais de tout les temps (et qui a donc fait le buzz), est le mieux référencé, et de loin.
Le réalisateur Christian Volckman précise que pendant le tournage, le film s’appelait SpringWel, nom de l’architecte du lieu de tournage. Pour des raisons commerciales, il a été décidé de garder The Room.
…pour un film surprenant
The Room commence comme un film des plus classiques. Un beau et jeune couple emménage avec passion et complicité dans leur nouvelle maison.
Christian Volckam met très rapidement en place le point de bascule du film. La découverte de la pièce magique (mais interdite et dangereuse, à l’image de Barbe Bleue), et les premières expérimentations qu’en font le couple.
On a à peine fait connaissance avec ce couple qu’on rit avec eux de l’absurdité de la situation.
Qui n’a jamais dit une phrase du type « si je gagnais au loto… »?
Evidemment, on sait que cet étalement de luxure a un prix. La question est: lequel?
Car on se demande bien pourquoi Matt et Kate ne se posent pas plus de questions, ce qui marque une grosse incohérence.
Mais la force de The Room est d’apporter des rebondissements réguliers, et pour certains imprévisibles.
Raiponce maléfique
The Room est un huis clos. Un couple qui se retrouve enfermé par la force des choses, avec leur enfant.
Et au delà de cet enfermement, c’est la métaphore des enfants qu’on élève dans une certaine culture, dans une certaine idée politique, dans des traditions. C’est finalement une forme d’enfermement. Christian Volckman l’explique très bien dans une interview passionnante que je vous conseille de regarder.
La mise en scène de The Room permet de rapidement bien faire la distinction entre la pièce et le reste de la maison. La photographie faite de nuances clair/obscur, reflète bien le caractère magique de la pièce.
Par ailleurs, il y a des idées de mises en scène pertinentes. Comme lors d’une dispute entre Matt et Kate. Celle-ci se renferme complètement sur son rôle de mère qui doit surprotéger son enfant. Elle exclut de fait Matt, qui lui reste septique face à cette chose. Et un passage montre Matt en dehors de la maison, affrontant Kate. Le film regorge d’idées similaires, en jouant avec le positionnement des personnages.
On regrette une fois de plus ce trait de personnage cliché, de la mère sacrificielle, qui se dévoue entièrement à son enfant.
Si The Room patine un peu dans la redondance du nouveau quotidien déprimant du couple, et des investigations de Matt concernant le passé de la maison dont on a (trop) vite les clefs, le dénouement final est diablement efficace. Sans rien dévoiler, on assiste à une course poursuite originale, mélangeant illusions et réalité.
The Room est un thriller fantastique bien ficelé, qui offre une une perspective nouvelle de se questionner sur nos désirs, et leurs conséquences.