Sasha est une vampire adolescente qui refuse de tuer des gens pour se nourrir. Sa famille subvient dont à ses besoins. Mais pour l’aider à gagner en autonomie, ses parents la confie à sa cousine qui devra lui apprendre à chasser. Sa rencontre avec Paul, qui se sent profondément seul et qui pense au suicide va être une rencontre déterminante.
On ne peut pas dire que Vampire humaniste cherche suicidaire consentant cherche le consensus avec son titre. Certains en seront frappés et le retiendront, d’autres en seront rebutés.
Le cinéma de genre s’intéresse depuis toujours à l’adolescence et notamment à l’adolescente. Période charnière de quête de soi et du corps (règles et transformation), la figure féminine est le sujet idéal à questionner et à analyser.
La réalisatrice Québécoise Ariane Louis Seize s’intéresse dans Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, au malaise psychologique que l’on ressent à cette période en réussissant à allier les situations personnelles et différentes vécues par une fille vampire, Sasha, et un garçon, Paul.
Des vampires à plusieurs facettes humanistes
Sasha est très entourée par une famille de vampire qui s’inquiète de ne pas la voir évoluer en chasseuse. Elle refuse de tuer, rejetant la violence que cela implique, et l’injustice que cela représente (pourquoi sa vie vaudrait plus qu’une autre?). Ce raisonnement est transposable aux débats actuels sur notre rapports aux animaux et à leur consommation. Sachant que les animaux ont une sensibilité, quel est notre droit à tuer ces êtres vivants (d’autant que les humains ont des alternatives pour le coup).
Paul est davantage soutenu par sa mère, qu’on sent démunie face aux pensées suicidaires de son fils. Sa solitude lui créé une absence de sens, et si son suicide peut rendre service à la culpabilité et à la vie de Sasha, ça l’arrange. En ces temps de débats sur la fin de vie, et le suicide adolescent dans l’actualité, c’est peu dire si le sujet est touchy.
Mais Ariane Louis Seize et sa scénariste Christine Doyon réussissent haut la main le pari. Il faut dire que leur rigueur professionnelle et artistique les ont conduites à faire relire le scénario par une association de prévention contre le suicide pour vérifier que le scénario ne contenait pas de soucis ou de contresens qu’elles auraient pu commettre. Ainsi, sans jugement sur le personnage de Paul, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, évoque avec douceur le sujet du suicide, pour surtout mettre en lumière au fil du film, la beauté du sentiment de ne plus se sentir seul.e.
Des vampires politiques
Et ce n’est pas le seul sujet politique qui est abordé. A travers Sasha, Ariane Louis Seize questionne notre légitimité à tuer un être vivant pour le manger (alors que dans le cas de Sasha, elle n’a que le sang humain pour survivre, contrairement à nous). Ainsi, on la sent piégée dans sa situation de vampire, écartelée par sa famille et son instinct qui lui dit de ne pas tuer.
Tout comme la fin de vie, qui est filmée avec une grande délicatesse.
D’emblée par son titre, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant questionne la notion de consentement non pas à travers l’acte sexuel (ou indirectement à travers le mythe du vampire), mais à travers l’état psychologique d’autrui. C’est ce que Sasha cherche à comprendre chez Paul, en l’aidant à se libérer psychologiquement et physiquement, pour répondre à ses propres conflits. Le film n’oublie pas que la question du suicide est nuancée et complexe, et ne juge jamais son personnage.
Il faut noter le travail sur les couleurs (beaucoup de vert et rouge pour les vampires), et les décors nous mettent dans un cocooning vampiresque gothique des plus agréables. Un travail délicat et précis de Shawn Pavlin, déjà présent sur les courts de la réalisatrice.
Ce qui m’a particulièrement touchée dans Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, c’est la représentation d’une amitié amoureuse à l’écran. J’ai personnellement souvent ressenti ce type d’émotion ou de sentiment, et jamais l’art n’a vraiment questionné ou représenté cette notion. Ces coups de foudre amicaux, où finalement la seule (et grosse) différence se situe dans la sexualité. Un sentiment de proximité énorme envers une personne sans envie de le toucher pour autant. La scène où les deux personnages écoutent Brenda Lee « emotions » illustre parfaitement cet état, et est un hommage à la sublime scène similaire dans un autre film de vampire à la vibe arty A girl walks home alone at night.
Ariane Louis Seize revisite le mythe du vampire en lui ôtant tous les clichés habituels, pour évoquer la quête d’identité et la compréhension de l’autre. Quoi de plus humaniste dans cette démarche artistique?
Bande annonce de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant:
[…] D’ailleurs cette question d’ouverture à la sexualité tourne court. Elle contamine un garçon niais de son lycée (on retrouve ici la métaphore du VIH), dont l’effet de transformation ne sera pas du tout le même que pour Ginger. Il devient moche, boutonneux, perdu. Il n’est ni prédateur, ni fort, ni intéressant. Bref, son état physique est pire qu’avant. Il n’est plus le mâle dominant du début. L’éveil à la sexualité n’est pas concluant dans Ginger Snaps. Comme la plupart des 1ères expériences sexuelles non?Pour continuer avec les personnages masculins, le seul positif est le dealer qui s’intéresse à Brigitte (et non pas à Ginger, fille identifiée comme jolie). A noter que la relation entre Brigitte et le dealer illustre une forme d’amitié amoureuse comme on en voit peu. Le dernier que j’ai en tête étant Vampire humaniste cherche suicidaire consentant. […]
[…] On a également des films qui questionnent des sujets de société comme le suicide adolescent dans Vampire humaniste cherche suicidaire consentant ou la condition des femmes dans A girl walks home alone at night. Le vampire est une créature […]