fille avec couronne de fleurs

Eleonore alias Leo lurillo est une blogueuse depuis plusieurs années. Elle a son propre blog, mais écrit également pour Fucking Cinéphiles et Le Blog de Nestor.
Eleonore fait également partie de l’équipe du podcast Certains l’aiment à chaud!
Elle n’hésite pas à impliquer son regard féministe sur les oeuvres.
C’est parti pour un nouvel entretien avec une critique cinéma féminine!

SOMMAIRE

1-Qui est Leo lurillo?

2-Dans l’antre de Leo lurillo

3-Le regard féministe de Leo lurillo

4-Gender studies et cinéma

5-Industrie et cinéma

6-Projets made in Leo lurillo

1-Qui est Leo lurillo?

Peux tu m’expliquer la genèse du blog? (naissance, pourquoi un blog, ligne éditoriale, etc..)

J’ai dû ouvrir mon premier blog à partir du moment où j’ai eu mon premier ordinateur personnel, donc vers l’âge de 12/13 ans. Il s’agissait d’un Skyblog, bien évidemment… Et je l’ai très vite axé série/cinéma. Et depuis, je n’ai pas vraiment arrêté, en fait.

J’ai un peu plus “professionnalisé” la pratique de la critique cinématographique lorsque j’ai rejoint feu-cinephilia.
J’ai rencontré lors de mon service civique au centre culturel du CROUS Manon, une de leur rédactrice, qui parlait de son activité de rédactrice web, des projections presses, des festivals et cela m’a plutôt donné envie.
J’ai donc rejoint l’équipe. Cinephilia avait pour ambition de parler des sorties ciné dans différents pays francophones. Il y avait un peu deux hub principaux : Paris et Bruxelles.
Mais le blog a été dissout et c’est à ce moment là que j’ai ouvert mon blog perso, Léo Iurillo. Je ne voulais pas perdre les articles déjà écrits et surtout me donner de la place pour des analyses plus poussées de certaines oeuvres, notamment en utilisant une grille d’analyse féministe.

J’ai aussi assez vite rejoint l’équipe de Fucking Cinéphiles. J’aime assez le côté bon enfant et positif de ce blog. C’est vraiment une équipe de passionnés qui parle à des passionnés.

Plus récemment, j’ai rejoint l’équipe du Blog de Nestor. Un site qui parle de la vie culturelle à Montreuil qui est peut-être la ville la plus active en France de ce côté là.
En général, je chronique les événements cinématographiques à Montreuil. Mais depuis le confinement et la fermeture des cinémas, je propose des listes de films à regarder en suivant des thématiques (films de fantômes, huis clos, films doudous). En fait, outre mon blog perso, j’aime assez faire parti d’une équipe, faire parti d’un projet plus grand que soi.

Le nom de mon blog est simplement un surnom, une sorte de nom de plume. Tous mes amis m’appelle Léo et Iurillo est le nom de famille de mon arrière grand mère.
Je ne supporte pas le fait de devoir porter le nom de mon père, il fallait donc que j’en change et cela me paraissait une évidence.
A l’origine, je voulais axer plus mes critiques et analyses sur le genre, et notamment les personnages féminins. Mais finalement, je préfère ne pas me limiter.
Outre le blog, qui est un bon moyen pour poser ses pensées, je me sers surtout d’Instagram, en proposant plein de micro critiques, c’est un medium qui permet plus d’immédiateté et surtout plus de contacts. J’ai rencontré plein de personnalités passionnantes sur Instagram.

Pourquoi un blog et pas un podcast ou des vidéos?

L’écriture d’articles est un hobby pour moi, ou plutôt une continuation de ma passion, le cinéma, domaine dans lequel je travaille.
L’intérêt du blog est qu’il demande bien moins de temps et de moyens (en tout cas pour moi, que la création d’une chaîne Youtube ou un podcast.

L’écriture est aussi pour le coup une activité plus solitaire, ce qui me convient bien car j’aime écrire la nuit.
J’aime aussi le principe de l’écrit en tant que lectrice car une lecture peut être morcelée au besoin.

Une vidéo ou un podcast demande une attention continue, sinon on est à peu près certains d’en manquer la moitié.
Alors que la lecture peut être arrêtée pour permettre la réflexion, une phrase peut-être relue plusieurs fois aussi. Je trouve que la lecture est le moyen de transmission le plus enrichissant. Même si très clairement pas le plus populaire.
Mais j’aime assez son côté old school.

Qu’est ce qui fait que tu as envie de chroniquer un film? Particulièrement un film que tu n’as pas trop apprécié?

Déjà, pratiquement à chaque fois que je vais à une projection presse, j’essaye d’écrire un article, un petit quelque chose. Ils peuvent être parfois très courts lorsque le film ne m’a pas plus inspirée, mais je le fais tout de même.

Ensuite, cela fait environ deux ans que je fais une micro critique d’absolument tous les films que je vois sur Instagram, en insistant en général sur la plateforme ou la salle de cinéma qui m’a permis de le regarder.
Je trouve ça important d’insister sur l’offre légale qu’on a en France qui grandit bien depuis quelques temps.

Mais pour les gros articles disons que je suis poussée par deux motivations : soit j’ai adoré le film/la série et je dois absolument comprendre pourquoi et l’expliquer. Et du coup, cela passe souvent par le prisme d’analyses féministes.
Soit je suis en décalage avec la majorité de l’opinion publique, et cela m’intéresse assez d’analyser pourquoi.
Je retombe du coup assez souvent sur des problèmes sociétaux.

Si tu étais un monstre ou un extra-terreste ça serait lequel?

Le personnage de film auquel je m’identifie le plus est l’alien dans ​Under the skin​. Ce qui est un peu bizarre car c’est un peu un “non personnage” qui se construit plus par des négatifs que par des traits de personnalité.
Ce personnage me touche énormément car il tente de se construire par rapport à ce qu’il observe . Son humanité n’est pas innée mais construite, et surtout voulue.

Mais étant un cas un peu particulier, je vais partir sur des personnages plus “stéréotypés”. Si je devais souhaiter un pouvoir ce serait celui de l’invisibilité et comme l’Homme invisible pouvoir fuir mes responsabilités. Mais je sais que cela ne me ressemblerait pas et au final, je ne me servirai pas de ce pouvoir.

Alors je vais partir pour une figure bien plus classique et vraiment symbole de notre époque : la sorcière. Femme aux savoirs empiriques et qui n’a pas peur d’être anticonformiste.

2-Dans l’antre de Leo lurillo

Le dernier film qui t’a surprise dernièrement (en bien ou en mal?)

Difficile comme question, car je suis assez rarement surprise. Mais disons que dernièrement j’ai été assez surprise par le film ​Mister Babadook de Jennifer Kent car je n’attendais à rien.
Au final, le film avait une mise en scène très intelligente pour traduire un sujet assez fréquent au cinéma, le deuil, mais avec des stéréotypes de personnages assez originaux. Celui de la “mauvaise mère”. Je le mets entre guillemet car je ne trouve pas que ce personnage soit vraiment une mauvaise mère, mais elle est très loin de l’image de la mère sacrificielle que l’on a vu et revu, et re revu des milliers de fois au cinéma.

T​he Nightingale s’éloigne assez de Mr Babadook. La mise en scène est toujours aussi maîtrisée, mais le propos est beaucoup plus confus. Elle tente de concilier deux genres cinématographiques assez difficilement associables : le drame historique et le Rape & Revenge.

Un film aimé par la majorité que tu n’aimes pas?

Question beaucoup plus facile : ​Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino.
Disons qu’il a reçu des critiques assez mitigées du grand public. Ce qui est assez compréhensible si l’on considère la faiblesse du rythme du film et son scénario un peu bâclé.
Mais, par contre, un accueil dithyrambique de la part des cinéphiles… Je n’ai vraiment pas compris cet engouement, et j’ai plus eu l’impression d’un jeu de miroir d’auto-congratulation de cinéphiles, pour un réalisateur qui a fait sa carrière sur sa “cinéphilie. Il est sans réflexion sur l’objet cinématographique en lui-même et surtout sans le contextualiser. Que ce soit par rapport à notre période post #metoo que Quentin Tarantino dénigre assez subtilement dans son film, qu’aux années soixante-dix qui étaient déjà une décennie très réflective cinématographiquement parlant.
J’ai donc trouvé ce film au mieux superflu, au pire malaisant.
J’aime beaucoup ce réalisateur en temps normal mais là, très clairement, il a perdu son momentum. Je ne sais pas s’il a voulu ajouter du sens dans son cinéma, mais en tout cas c’est assez raté car finalement il en perd.

As tu déjà changé d’avis sur un film après avoir lu des critiques dessus?

Je n’ai pas forcément changé d’avis sur un film, mais une critique ou une analyse bien construite peut me permettre de nuancer celui-ci.

Je “suis” assez peu de monde sur les réseaux sociaux, mais j’aime lire des critiques/analyses assez construites de personnes très ciblées.
Sur Instagram j’aime beaucoup lire les micro critiques de 1.2.3.wtf qui sont courtes, pertinentes et assez drôles.
Je lis aussi les blogs de Bon Chic Bon Genre – of course – celui de Welcome to prime time Bitch.
J’aime assez Le Bleu du Miroir et bien sur Fucking Cinephiles sur lequel j’écris.

Pour les chaînes même si je suis assez peu Youtube, je regarde Demoiselles d’Horreur, Laura fait genre, Azz L’épouvantail et bien sûr à l’époque le Fossoyeur de film.
Mais je viens de me faire une petite playlist de vidéastes à découvrir, et je vais m’y plonger un peu plus dans les jours à venir.
pour créer une sorte de cartographie de sens autour d’un film.

Je ne supporte pas au contraire le “j’aime/j’aime pas”, ou le “c’est nul/c’est trop bien”. Cela me hérisse les poils. Je sais que c’est un peu puéril mais il m’arrive de supprimer des gens sur certains réseaux sociaux lorsqu’ils écrivent ce genre de commentaires. Arf, ça m’énerve!

Le regarde féminin ne doit pas forcément émaner d’une personne de genre féminin

Ce que tu aimes analyser dans les films? (cadrage, mise en scène, scénario, etc..)

Cette question est vraiment difficile car chaque film aura ses petites particularités.

Il y aura peut-être plus à analyser sur le scénario d’un Rohmer, sur la cinématographie d’un Nicolas Winding Refn; ou encore sur le montage d’un Eisenstein qu’inversement.

Après, je dirais que je préfère analyser ce qui est lié au cadre, à la mise en scène et à la couleur.
Je suis moins à l’aise avec le scénario et le montage.

J’aime aussi assez l’analyse contextuelle : l’effet du casting choisi; mais aussi le choix d’un film dans la carrière d’un acteur en particulier. Recontextualiser un film dans son époque puis dans l’époque actuel.

Comme la diffusion/l’exploitation c’est un peu mon dada, j’aime assez casser le 4e mur lors d’une analyse de film. Et réfléchir à l’impact et à la réception de celui-ci dans le vrai monde.

A quoi sert la représentation de la violence au cinéma selon toi?

La violence au cinéma a principalement un but cathartique.

Le spectateur ressent la douleur du personnage et se dit “tiens, tiens, je n’ai pas très envie d’être à sa place. Je vais donc éviter de faire comme lui”.
Le cinéma est l’un des meilleurs media pour ce principe de catharsis, car la distanciation entre spectateur et personnage est assez faible.

Les films gores nous obligent à repenser le corps pour ce qu’il est, et à y prendre du plaisir quelque part.

La représentation de la violence au cinéma prend aussi ses racines dans la pulsion voyeuriste très humaine. Notamment dans le cinéma assez gore.
On vit dans une société particulièrement aseptisée (et avec le covid ça ne va pas s’améliorer), et très hygiéniste.

On essaye d’oublier ce qu’est un corps, le sang, la chair, le pus, les différents organes… Les êtres-humains pourraient être fait de plastique que cela ne changerait pas grand chose.
Les films gores nous obligent à repenser le corps pour ce qu’il est, et à y prendre du plaisir quelque part.

3-Le regard féministe de Leo lurillo

Comment définirais tu un film féministe?

Déjà comment définir le féminisme ? J’aime assez l’idée que le féminisme puisse se définir en négatif : ce qui n’est pas sexiste est féministe. Faisant du féminisme la norme et le sexisme le comportement déviant.

Si on considère ce point de vue là, les films féministes seraient tous ceux qui ne sont pas filmé sous le prisme du male gaze ? Enfin, quand on y pense cela limite déjà beaucoup la sélection.
J’aime aussi assez la théorisation du Female gaze d’Iris Brey, qui fait écho au Male gaze de Laura Mulvey. Plutôt que d’inverser le regard et de faire de l’homme un objet de désir (ce qui peut par ailleurs être un exercice intéressant), Iris Brey considère que le regard féminin n’est pas un regard qui objectifie, mais un regard centré sur le ressenti, l’expérience du personnage.
Je pense que cela peut-être une jolie définition du film féministe.

Iris Brey

Avant ce début de théorisation, qui je l’espère aura des suites et mutations, dans l’histoire du cinéma, il y a eut plusieurs “tentatives” de cinéma dit féministes.
Je ne suis pas une spécialiste mais ces mouvements sortaient des circuits de productions classique que ce soit par contrainte, par provocation ou par choix (ou un peu des trois).

Je pense notamment à Maya Deren dans les années 40 qui fait parti de l’avant-garde du cinéma expérimental (que j’aime assez d’ailleurs).Ou plus récemment Virginie Despentes avec son film ​Baise-moi qui est borderline pornographique et très clairement provocateur (que j’aime beaucoup moins).

Maya Deren

Mais personnellement, je pense qu’un cinéma féministe ne peut fonctionner que s’il se “bat avec les mêmes armes” et passe par les mêmes canaux de production et d’exploitation que le cinéma “classique”.
Le pouvoir du cinéma vient de sa manière de représenter ses personnages qui poussent à l’identification.
Tous les films plus expérimentaux n’ont pas vraiment ce pouvoir.

Est ce que tu pense qu’il y a un regard féminin (venant de la part de critiques, ou de réalisatrice, scénaristes..)?

Oui, je pense qu’il y a un regard féminin tout comme il y a un regard masculin.
Par contre je ne pense pas qu’il doit forcément émaner d’une personne de genre féminin.
Ce regard féminin en est vraiment à un début de théorisation selon moi.
Il accompagne ces mouvements #metoo et #balancetonporc et viens d’une prise de conscience collective de la représentation des femmes à l’écran.

Par contre, je ne pense pas du tout qu’une réalisatrice fasse forcément un film “female gaze”. Une réalisatrice peut très bien par un certain système de masochisme, réutiliser les codes du male gaze.

Ceci dit, nous avons vraiment besoin d’une mutation dans les métiers de la production audiovisuelle.
Nous avons besoin de plus de femmes dans tous ces corps de métiers.
Je renvoie au visionnage du documentaire ​Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood de ​Tom Donahue qui est très bien pensé et écrit. Et montre bien grâce aux chiffres du Geena Davis Institute, la situation critique des femmes à Hollywood.

Qu’est ce qui fait qu’on peut reconnaître qu’un film a une vision sexiste, raciste, homophobe etc..selon toi évidemment!

Oula, cela peut se jouer à tellement de niveaux.

Déjà, le scénario. Un bon moyen de repérer si un film est sexiste avec le test de Bechdel.
Je pense qu’on peut facilement faire une version de ce test pour les personnages non blanc et non hétérosexuels. Combien sont-ils ? Font-ils avancer l’action ? Leurs traits de personnalité sont-ils stéréotypés ?
Je crois avoir vu passer un test dans ce style sur Twitter mais je ne me souviens plus de son nom.
Après, il faut bien sûr nuancer le test de Bechdel. Un film qui se passe dans un pensionnat pour garçons ou au front lors de la guerre 14/18 aura un peu de mal niveau personnage féminin.

En plus du scénario, il y a la manière de filmer les acteurs et actrices.
Les corps sont-il morcelés ? Comment est filmé la première apparition du personnage ? Plongée, contre-plongée ? (même légère). Ses vêtements correspondent-ils à l’action réalisée ? Avec quel personnage, le spectateur partage-t-il le point de vue ?

J’aime assez l’idée que le féminisme puisse se définir en négatif : ce qui n’est pas sexiste est féministe

4-Gender studies et cinéma

Tu as travaillé sur les gender studies. Peux tu expliquer en quoi ça consiste? Sur quoi as tu travaillé exactement? Dans quel cadre?

Je n’ai pas exactement travaillé sur les gender studies, mais disons plutôt les gender studies appliqué au cinéma et à la télévision.
J’ai fait mon Master de cinéma à Londres dans l’Université qui accueille Laura Mulvey, la créatrice du concept de Male Gaze (Visual Pleasure and Narrative Cinema) qui était d’ailleurs un peu ma tutrice. Elle a révolutionné la manière de voir et d’analyser le cinéma. Son essai est à lire absolument.

Les gender studies naissent aux États-Unis dans les années 70 avec la seconde vague féministe. Elles sont pluridisciplinaires et partent d’une observation des rapports hommes/femmes.
Récemment, le super podcast Sorociné a fait une émission sur la critique féministe et a commencé par parler de l’étude du genre. Je vous renvois sur celui-ci si vous voulez plus d’info et d’idées sur ce thème.
Il y a deux ouvrages qui m’ont particulièrement marquée; qui sont des livres cultes des gender studies:

  • The Feminine Mystique – Betty Friedan (1963). Betty Friedan mets le doigts sur le problème qui touche la plupart des femmes aux foyers “parfaites” des années 50. L’ennui, le manque d’ambition de la vie domestique, la dépression qui s’en suit. Il n’est pas parfait, un peu daté, notamment quant aux questions d’homosexualité, mais il révolutionne tout de même la façon de concevoir la cellule familiale.
  • Backlash – Susan Faludi (1991) – Mon chouchou – Susan Faludi étudie avec une minutie incroyable les mécanismes de ce qu’elle appelle le Backlash. Comment les différents média essaient de renvoyer la femme à la maison après la seconde vague du féminisme. Ce livre est une petite perfection et a d’ailleurs reçu le prix Pulitzer.

Personnellement, j’ai travaillé sur l’utilisation de la figure de la sorcière comme métaphore du féminisme dans les séries télévisées; avec une étude de cas sur la troisième saison de American Horror Story.
Et c’était passionnant. D’ailleurs, je renvois sur le documentaire disponible sur OCS , Les Sorcières à Hollywood de Sophie Peyrard qui est très bien fait sur le sujet, très simple d’accès et bien sourcé.

Pourrais tu citer des travaux faits en France qui s’en rapproche?

Alala, la relation entre cinéma Français et gender studies n’est pas tendre. Il suffit de regarder comment est reçuLe regard féminin d’Iris Brey… C’est assez affligeant.
Livre que je conseille d’ailleurs qui est un début de réflexion sur un female gaze un peu maladroit, mais qui fait vraiment plaisir à lire. Et je pense qu’il y a un vrai concept à creuser dedans, notamment sur la question de regard comme porteur d’expérience du personnage.

En terme d’étude universitaire pure, je n’ai pas d’autres exemple français qui me viennent à l’esprit. Mais par contre, je ne peux conseiller d’aller voir le site du collectif 50/50, qui s’attaque plus à l’égalité dans les métiers du cinéma. Et qui a quelques études bien intéressantes.

En quoi les gender studies sont importantes pour le cinéma?

Parce que le cinéma est le médium qui a le plus d’impact sur la manière de se représenter.
L’identification y est très forte. Analyser les représentation des personnages féminins et l’impact qu’ils ont sur le public est donc hyper important.

C’est tout con, mais après la sortie d’​Hunger Games, le pourcentage de filles qui se sont inscrit à des cours de tir à l’arc a augmenté en flèche. Alors, il faut faire attention au miroir de la société qu’est le cinéma.

Trouves tu qu’il y a une évolution dans le cinéma français à ce niveau là​?

Je pense qu’il y a une vraie scission dans le cinéma français. Et la dernière cérémonie des Césars le montre assez bien. Un petit pourcentage, une sorte d’élite, veut rester dans un entre soi et ne veut pas adresser les mouvements féministes actuels.

Alors que ces mouvements sont très forts, touchent énormément de monde. Donc je ne sais pas bien où on va dans le cinéma français mais cela promet d’être explosif.

5-Industrie du cinéma

Que penses tu du débat sur le téléchargement illégal, les plateformes de ciné qui tuent le cinéma mais qui permettent de financer des films dont les studios ne veulent pas etc…?

Ohlala grosse corde sensible là, gros gros débat.

J’ai un avis quand même assez tranché sur la question. Je travaille dans le cinéma, cela me paraît donc ridicule de ne pas trouver un moyen légal de voir un film. Ce serait se mettre une balle dans le pied… D’autant plus que je connais assez bien tous les acteurs de l’exploitation et de la diffusion de film. Quel qu’ils soient. Je pense qu’il y a un vrai manque de connaissance du grand public de ces plateformes.

J’ai, bien-sûr, comme tous cinéphiles de mon âge énormément téléchargé lors de mon adolescence. Mais nous n’avions pas vraiment le choix. Il n’y avait plus vraiment de moyen de louer des DVD car la plupart de vidéoclubs commençaient à fermer. Il n’y avait pas de plateformes de SVOD et l’offre des VOD étaient assez chère, peu pratique pour une adolescente.

J’ai complètement arrêté à partir du moment où Netflix est arrivé en France pour deux raisons.
Netflix a permis de démocratiser le visionnage de film par SVOD et a mis un coup de projecteur sur des plateformes indépendantes, moins connues.
Ensuite j’ai commencé à “professionnaliser” mon activité de rédactrice web et donc à être en contact avec attachés presses et distributeurs et à leur demander en amont si je souhaite voir un film, pour en parler.

J’ai l’impression que c’est une habitude que n’ont pas forcément tous les blogueurs/youtubers/podcaster, même ceux qui ont une jolie communauté derrière eux. Et c’est un peu dommage car les distributeurs essayent en général d’être arrangeants. C’est quelque part une question de respect pour l’oeuvre et ceux qui ont travaillé dessus, que de vouloir d’abord passer par un canal légal.

Je trouve que le mythe du “cela fait connaître le film” est un peu passé, très facile et assez présomptueux de la part de celui qui télécharge illégalement. Cela me fait penser aux influenceurs beauté/food/lifestyle qui veulent des cadeaux et de la gratuité contre une photo…. Je trouve cela assez désagréable et pédant comme attitude.

Il y a bien sûr dans angles morts dans ce système et des films qui ne peuvent pas être regardés légalement en France.
Certains films anciens n’ont plus de distributeurs et qui n’ont soit pas d’édition DVD, soit des éditions DVD tellement rares qu’elles en deviennent très chères, même d’occasion.
Il y a aussi tous ces films étrangers qui n’auront pas de sorties en France.

Dans ces deux cas précis, le téléchargement illégal peut être un moyen de faire revivre un film un peu oublié, et peut-être d’inciter des distributeurs/plateformes vod à s’intéresser à un film peu connu.

Ensuite, je ne pense pas que les plateformes de SVOD ou VOD tuent le cinéma, en tout cas pas dans le cas français.
Je ne m’aventurerais pas à parler des autres pays car je n’ai pas assez de data en tête pour en parler.

Nous avons en France la sacro sainte chronologie des média qui protège la salle de cinéma.
Grosso modo pour faire simple, la chronologie des média est un accord interprofessionnel qui défini à partir de combien de temps après la sortie en salle, un média (chaînes de tv, dvd/vod, plateforme de SVOD …) peut diffuser un film de cinéma. Un film de cinéma étant un film qui a eut une sortie en salle.
Il faut aussi savoir que si la plupart des fenêtres de diffusion sont décidées suite à un accord interprofessionnel, la fenêtre de la salle de cinéma est elle, carrément protégée par la loi.

Donc, en France, on ne rigole pas avec ça. Cette chronologie peut-être modifiée, et l’a été suite à l’arrivée de Netflix et donc des habitudes des spectateurs français.
Bien sûr, chaque acteur veut tirer la couverture vers lui. Mais disons que si le système n’est pas parfait, il permet au moins une sorte d’équilibre – même si assez complexe – de l’économie de l’audiovisuel français.

Nous avons d’ailleurs un parc de salles de cinémas en France qui se porte vraiment plutôt pas mal.
C’est un système économique complexe et qui se joue à la semaine, mais qui fonctionne tout de même. A voir par contre, si la covid ne va pas tout bousculer… Est-ce que la chronologie des média va résister au virus ?!

C’est assez compliqué de parler de Netflix car ils sont tout sauf transparents.
Ils jouent sur un principe de marque, et il est difficile de savoir au premier abord si le film est une production Netflix ou un achat…
Le problème de Netflix est qu’il est un outsider. Il ne vient pas du petit monde merveilleux qu’est le cinéma, mais un outsider très puissant. Il essaye de draguer le monde du cinéma, mais un peu sans succès car il n’a pas les codes. Je trouve que c’est un plateforme qui fait des choix très maladroits quelque part.

Bref, je ne veux pas trop m’avancer, mais je suis vraiment curieuse de voir où tout cela va aller.
La montée de Prime Video est assez intéressante aussi. La plateforme est je trouve mieux fichue et s’intéresse plus au cinéma des années 80/90.

6-Projets made in Leo lurillo

Tes prochains projets autour du cinéma? (articles ou autres..!)

J’ai toujours plein plein d’idées d’articles mais comme je m’éparpille beaucoup dans la vie, je ne les termine jamais tous.

Là, j’aimerais parler de l’essai d’Iris Brey, Le regard féminin. Elle a eu tellement de retours négatifs que je veux poser ma petite pierre à l’édifice des retours positifs. Quand on aime, il faut le dire aussi.

Ensuite, j’ai fais un marathon Buffy dernièrement et j’aimerais beaucoup en faire quelque chose : mais quel angle choisir ? Cette série est tellement immense et a déjà été l’objet de tellement d’études.

Je suis également en train de regarder tous les Marvel et j’aimerais bien voir comment évolue la représentation des personnages féminins.
Il y a eut du chemin de fait depuis 2008 et le premier Iron Man !

J’aimerais aussi beaucoup faire un article qui présente un peu tous les acteurs de VOD/SVOD en France.
Je vois bien qu’il y a un flou artistique autour de tout cela, alors que c’est un “dossier” que je suis depuis assez longtemps et que est assez limpide dans mon esprit.

Sinon, je continue mes recommandation de films pour le blog montreuillois, Le Blog de Nestor.

J’ai également rejoint il y a peu la s’horrorité avec WelcometoprimetimeBitch, Demoiselles d’horreur, Laura fait genre et toi-même (BonChicBonGenre) pour parler de cinéma de genre au féminin. Ce qui fait carrément plaisir à faire. Pour le moment, nous faisons des live sur la chaîne Youtube de Laura fait genre, et on a eut de carrément bon retours.

podcast

Cet été, j’ai aussi rejoint l’équipe du podcast CLAAC (Certains l’aiment à chaud) qui propose, hebdomadairement, des critiques à chaud des sorties cinémas.
Le podcast est drivé par Thomas et Thierry qui fournissent un travail fou, et l’équipe est vraiment adorable. L’ambiance est très bonne, on sent le côté passionné, qui amène une réflexion allant plus loin que le simple “j’aime/j’aime pas” mais sans jamais être pédant.
De plus, on me dit dans l’oreillette que le programme risque de s’agrémenter d’un peu plus de films de genre. Je dis ça, je dis rien.

Sinon mon vrai grand projet de l’année prochaine, c’est la mise en place de mon ciné-club !
Il aurait déjà dû voir le jour en décembre mais cette année a été chaotique (gilet jaune, grève, covid. Mais j’y crois et je ne lâche pas.
Sa ligne de programmation : des films de genre européen. Je n’ai eu que de très bons retours de cette programmation, j’ai donc très très hâte de pouvoir enfin la mettre en oeuvre.

Je fais ma petite pub : voici l’Instagram du ciné-club. Le nom devrait changer car l’association qui le gère, risque de changer, mais je pense garder le compte Instagram tout de même.

Pour suivre Leo lurillo:

SOMMAIRE

1-Qui est Leo lurillo?

2-Dans l’antre de Leo lurillo

3-Le regard féministe de Leo lurillo

4-Gender studies et cinéma

5-Industrie et cinéma

6-Projets made in Leo lurillo