Nouvel entretien du format « Elles en parlent » avec Welcome To Primetime Bitch! alias Mylène. Elle est spécialisée dans le cinéma de genre.
Elles est blogueuse, devenue vidéaste YouTube. Passionnée de cinéma de genre, Mylène est particulièrement attachée à transmettre son amour pour ces films.
C’est avec joie qu’elle a accepté de répondre à quelques questions.
Blog et vidéo, au diable les cases!
Comment te définis tu Welcome To Primetime Bitch! ? Bloggueuse, vidéaste..?
Je n’aime pas trop me définir dans une case bien précise, je suis très curieuse et j’aime toucher à tout. Je dirais blogueuse dans l’âme mais en ce moment plus vidéaste.
Blogueuse parce que même si je suis passée au médium de la vidéo (que j’aime énormément qui me permet d’illustrer mes analyses, ce qui me manquait cruellement dans le médium du blog), je me rends compte que je garde toujours la trame propre à mes articles dans mes vidéos.
Et si je suis sur un format totalement différent qui demande de mettre en oeuvre d’autres compétences, finalement l’écriture n’est jamais bien loin car j’écris mes vidéos comme si je préparais un nouvel article.
Je faisais ce blog avant tout pour moi pour partager cette passion et pour le plaisir de décortiquer les films, de parler de pépites méconnues et de nanars improbables.
Même si mes projets viennent à évoluer un jour, je pense que je garderai toujours cette partie écrite. J’y suis très attachée.
C’est un peu comme si j’avais besoin de passer par l’écriture après avoir vu certains films, comme pour mieux les assimiler et mettre en ordre mon ressenti.
Quand as tu commencé à écrire sur le cinéma de genre? Pourquoi?
Le fait de me lancer dans l’écriture sur le cinéma de genre me trottait dans la tête depuis un moment mais je ne me sentais pas légitime. Je n’avais pas fait d’étude dans le cinéma et je n’osais pas me lancer.
Un jour une amie à voulu lancer son blog et elle voulait que je m’attelle à la partie ciné et série et j’ai suivi le projet. Et puis celle qui gérait le blog n’avait plus autant de temps à lui accorder et il a fermé. J’ai mis de côté cette idée d’écrire un jour sur le cinéma et je suis passée à autre chose.
En 2017, suite à un visionnage d’un slasher assez étrange, Pool Party Massacre qui était passé totalement inaperçu en France, l’idée de reprendre l’écriture et de mettre en avant ce genre de films et mon ressenti est revenue.
A partir de là, l’aventure de blogueuse en cinéma de genre était sur les rails. J’ai d’abord commencé par écrire sur des films de geeks comme ceux de Kevin Smith. Puis je me suis ensuite aventurée dans les grandes sagas d’horreur. Plus j’écrivais, plus je prenais plaisir à le faire, la machine était en marche. =)
Pourquoi es tu passée du blog à la vidéo?
Comme pour le lancement du blog l’idée m’était venue il y un bon bout de temps mais j’ai encore du mal avec ce médium et je n’arrivais pas à franchir le pas.
Durant le confinement, j’ai décidé de tenter l’aventure (avec beaucoup de motivation de la part de mon copain et mes amis) avant tout pour m’adresser à un public plus large.
Même si j’aime énormément mon blog et l’écriture, j’ai conscience que je m’adresse à un public limité. La vidéo c’est donc le moyen pour moi de faciliter l’accès à ce genre de dossiers et thématiques que je voulais préparer. Toujours dans le même but qui m’a fait ouvrir le blog, le plaisir de faire découvrir et de partager une passion commune pour le cinéma de genre.
Pour l’instant il est encore trop tôt pour savoir si la vidéo prendra le pas sur le blog. Je ne suis pas encore totalement à l’aise avec la vidéo même si je prends énormément de plaisir à pouvoir montrer, démontrer mes propos avec des montages d’extraits de films.
Je parle d’un film si je sens que j’ai vraiment une analyse ou un retour à apporter dessus. Mais je prévois rarement à l’avance de parler d’un film sauf quand il s’agit de faire un dossier complet sur une saga.
Début et 1er bilan sur YouTube
Peux tu expliquer la ligne éditoriale de ta chaine?
Ah ah, je me rends compte que la ligne éditoriale de la chaine n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais.Et surtout ce sur quoi j’étais partie à la base.
Je pensais faire essentiellement de l’horreur et finalement ne pas me mêler aux autres genres. Mais en commençant les vidéos, j’ai pris conscience que si je m’arrêtais à l’horreur cette chaine ne sera pas totalement moi. J’avais donc besoin d’y intégrer les nanars, les comédies musicales et pourquoi pas dans des prochaines vidéos, des films qui ont bercé mon enfance et mon adolescence.
J’ai envie de casser cette image qui veut qu’un/une fan d’horreur ne peut pas aimer les comédies musicales ou encore les comédies romantiques. Pour moi les deux ne sont pas incompatibles, au contraire.
Je mange de l’horreur tous les jours et pourtant je peux me mettre à pleurer devant Last christmas ou encore à chanter sur Peau d’âne, Les demoiselles de Rochefort ou Rocketman.
Du coup, je ne suis pas sûre que la chaîne ait une ligne éditoriale bien précise. Si ce n’est être le reflet de ce que j’aime et de ma personnalité. Mettre en avant les films qui m’animent et dont je ressens l’envie, le besoin de faire l’analyse.
Ceux dont j’ai envie de creuser l’essence pour en faire une vidéo par la suite pour transmettre ce qui me passionne aux autres. Et bien sûr, toujours en mettant en avant les belles éditions Blu Ray qui existent. Ou encore les magnifiques vinyles édités aujourd’hui (l’une de mes multiples passions).
Quand je reçois des messages pour me dire qu’on visionne un film grâce à mes vidéos c’est le plus beau des compliments.
Quel 1er bilan ferais tu depuis ton arrivée sur YT?
Un bilan mitigé.
J’étais partie avec beaucoup d’aprioris assez négatifs sur Youtube.
Je m’étais préparée psychologiquement au fait que me mettre sur cette plateforme ne soit pas qu’une partie de plaisir. Parce que publier sur internet, c’est aussi exposer son travail aux gens pour le meilleur et pour le pire.
Et j’ai été agréablement surprise par la solidarité et l’écoute dont fait part la communauté des vidéastes de l’horreur.
Le coin du bis m’a tout de suite proposé de me donner ses retours sur ma première vidéo.
La s’horrorité (Laura fait genre, Bon chic bon genre, Demoiselles d’horreur et LeoIurillo) m’a elle aussi beaucoup apporté, et m’a permis de passer le cap.
J’ai découvert d’autres chaines passionnantes qui elles aussi m’ont soutenu dès le départ : La grande hanterie, L’antre, Vidéodrome et Cinéma et politique.
On peut dire que j’ai été accueillie à bras ouvert et ça faisait un bien fou.
Et puis de l’autre côté j’ai aussi découvert ce que je craignais un monde d’égo et de course aux clics. Mais aussi que de manière générale, les femmes entre elles étaient beaucoup plus dans le soutien et le partage que les vidéastes hommes. Qui eux sont plus dans une guerre des égos qui me fatigue rien que d’y penser. Cette constatation s’applique plus aux vidéastes en général que dans le domaine de l’horreur bien sûr.
Et enfin, j’ai constaté que les femmes étaient bien moins mises en avant et que les stéréotypes effarants du monde réel s’appliquaient encore bien plus dans celui de Youtube.
Après j’avoue que je préfère rester sur la touche positive, et me dire que j’ai la chance d’avoir trouvé une communauté en or. Elle me soutient et me pousse à faire encore plus.
J’ai aussi pu faire des rencontres incroyables donc le positif l’emporte largement.
La culture ciné de Welcome To PrimeTime Bitch!
Comment t’es tu forgé cette forte culture cinéma?
J’ai commencé au collège, quand j’ai enfin eu mon tube cathodique à moi. Ma mère était persuadée que je ne serai pas du genre à regarder la télévision, on ne pouvait pas être plus loin de la vérité.
Mes parents avaient une énorme collection de VHS enregistrées. J’ai d’abord commencé par les jaquettes les plus prometteuses et puis je suis partie dans les tréfonds du cinéma, depuis je n’ai pas su m’arrêter.
J’ai rattrapé tous les classiques du genre, les sagas. Surtout les adaptations cinématographiques de l’univers de Stephen King qui ont probablement été mes premiers visionnages VHS. Je crois que c’est vraiment à partir de cet instant que ma boulimie cinématographique à pris forme.
Si tu étais un métier du cinéma, lequel serais tu?
Archiviste de cinéma pour détenir toutes les œuvres audiovisuelles possible !
Bizarrement la réalisation ne me fait pas plus envie que ça. Par contre je suis très attirée par les FX, pas en 3D hein.
Les vrais du temps de Tom Savini, ceux qui demandent de la créativité, mais surtout beaucoup de DIY. J’adore regarder les bonus des films des années 80 et me rendre compte des péripéties qu’ont demandé certains FX. Comme pour Vendredi 13 où Tom Savini se retrouve sous un lit en train de souffler dans un tuyau pour faire les effets de sangs.
Ce type de FX demande de garder son âme d’enfant pour construire des choses improbables qui prendront vie comme par magie et j’aime ça.
Sinon, je pense que le montage (qui peut à lui tout seul rattraper un film), ou le scénario pourraient énormément me plaire.
Si j’étais scénariste je pondrais un scénario complètement mindfuck qui demanderait trois visionnages avant de totalement appréhender le film. Le rêve !
Et enfin directrice de la photographie car c’est l’un des éléments auquel je suis le plus sensible quand je visionne un film.
Welcome to her world
Ton film de genre français préféré?
Même si j’aime énormément Martyrs, je dirai Haute tension. J’ai découvert ce film au lycée et à cette époque là j’étais persuadée que le cinéma de genre français n’existait pas.
En plus de me mettre une véritable claque, le film d’Alexandre Aja m’a prouvée le contraire.
Depuis j’ai découvert un pan du cinéma de genre français dont je n’avais pas connaissance. Mais Haute tension reste mon premier choc.
Le sous genre qui te fait le plus peur?
Je n’ai pas à proprement parlé un sous genre qui me fait le plus peur c’est plus l’ambiance qui m’embarque.
Dernièrement le programme qui m’a filé quelques sueurs froides, c’est la série The Haunting Of Hill House, ça faisait un moment que je n’avais pas eu peur comme ça. Probablement ce qui s’est fait de mieux dans l’horreur depuis un moment. Enfin je ne suis pas du tout objective.
Sinon il y a un élément qui me glace le sang dans les films d’horreur, c’est les films d’horreur avec des enfants. Je ne sais pas pourquoi mais ça a toujours été le cas. Les enfants dans les films d’horreur, du moins ceux qui font preuve de cruauté, me remplisse d’effroi. Comme si le symbole de l’innocence n’était plus.
Bon je dois l’avouer, j’ai pendant très longtemps eu une peur bleue des pantins.Et plus particulièrement de celui de Chair de poule mais ça fait un moment que cette peur n’est pas revenue.
Un film où tu n’arrives pas à te faire un avis?
Probablement The Lodge que j’ai vu dernièrement. J’ai un avis sur le film mais dans le fond je suis très mitigée sur mon ressenti final. Même après avoir sorti une critique et une vidéo sur le film j’ai toujours envie de changer la note que je lui ai attribué sur Senscritique.
Un film méconnu que tu aimerais partager?
Détention de Joseph Kahn sorti en 2012. C’est un film qui regroupe tous ce que j’aime : Patrick Swayze, les voyages dans le temps, les slashers et les années 90. Ca à l’air d’être très bordélique comme ça et ça l’est mais c’est ce que j’aime ce film.
Un film de genre que tu détestes mais qui est adoré ?
Aucun doute là-dessus, je dirai Blair witch désolée Laura! (de Laura Fait Genre, ndrl).
Je ne supporte pas ce film, j’avoue être passée totalement à côté : les effets de foundfootage m’ont juste donné la nausée et à aucun moment j’ai réussi à rentrer dans le film. C’est d’ailleurs ce film qui m’a dégoutée du found footage. Régulièrement, je tente de me refaire un visionnage mais pour l’instant le constat est toujours le même.
Et vice versa?
Massacre à la tronçonneuse 2. J’adore cette suite du mythique Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. Je l’ai pris comme elle venait, comme une suite complètement loufoque et cartoonesque avec des personnages tout aussi fous.
Mais malheureusement j’ai l’impression que cette suite n’a pas trouvé son public. Sûrement parce qu’il est aux antipodes du premier opus bien plus sérieux et étouffant que celui-ci. Mais personnellement, quand j’ai découvert l’affiche du film qui parodiait Breakfast club j’ai tout de suite sût que j’allais l’aimer.
Un.e réalisateur.rice que tu aimes bcp mais sur qui tu es partagée (que ca soit pr des raisons artistiques, personnelles, etc..)
J’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à répondre à cette question. Parce que je me rends compte que les réalisateurs dont j’aime les œuvres, mais qui par la suite se sont avéré être plus que limite, j’ai lâché l’affaire tellement j’ai pu être déçue.
J’aime énormément Rosemary’s baby et en aucun cas je ne dénigre l’impact de ce film sur le septième art. Mais je n’arrive pas à séparer l’artiste du film.
J’aime énormément Rosemary’s baby et en aucun cas je ne dénigre l’impact de ce film sur le septième art. Mais je n’arrive pas à séparer l’artiste du film. Surtout pour ce cas précis je pense que je ne le ferai jamais.
Du coup aujourd’hui, je suis triste parce que cette œuvre que j’ai tant aimée est entachée par l’homme qui l’a créée.
Le cinéma de genre selon Welcome To PrimeTime Bitch!
Que t’apporte le cinéma de genre?
Le cinéma de manière générale, est vraiment une catharsis pour moi. Il me permet d’évacuer beaucoup de choses. De même que si jamais j’ai un coup de cœur, j’ai l’impression qu’il va me coller à la peau durant un certain temps.
Pour le cinéma de genre en particulier j’ai toujours eu un rapport très passionné avec ce cinéma. Déjà enfant, j’étais toujours attirée par les animés horrifiques comme Les contes de la crypte ou encore Archie mystères et compagnie. J’inventais des histoires, je regardais les images de films d’horreur que je n’avais pas le droit de voir, j’épiais les VHS en quête d’une jaquette effrayante qui allait me filer de sacrés cauchemars…
Le genre me fascine parce qu’il a cette faculté d’être vraiment immersif.
Le genre me fascine parce qu’il a cette faculté d’être vraiment immersif. L’horreur en particulier, est un genre qui ne fait vraiment qu’un avec le spectateur. Et qui interagit avec lui, que ce soit par la recherche du tueur dans les slashers, par l’empathie qu’on peut avoir pour certains personnages. Ou encore le stress qu’il nous fait éprouver dans les thrillers psychologiques.
C’est un genre qui est souvent défini par la peur qu’il réveille chez le spectateur, mais pour moi il est tellement plus que ça.
Le cinéma de genre est multiple et même s’il ne me fait plus peur justement, il trouve toujours de quoi me surprendre.
Qu’est ce que tu dirais à une personne qui n’aime pas avoir peur, pour la convaincre de regarder un film de genre qui selon toi pourrait l’intéresser?
Je lui dirai qu’il ne faut pas résumer le genre à la peur, que le genre c’est bien plus large comme spectre.
J’essayerai de lui montrer que bon nombre de thrillers sont compris dans le cinéma de genre. Souvent je démontre qu’un thriller fait lui aussi parti de la grande famille de l’horreur, et ça rassure.
En général, quand je tente de vendre « l’horreur », je fais voir un film soft, un thriller à mes amis comme Profondo Rosso. Je leur demande s’ils ont eu peur. S’ils ont aimé et je leur dis que c’est bel et bien un film d’horreur.
Leur démontrer qu’un film qu’ils ont pu aimer et qu’ils n’ont pas forcément définit comme de l’horreur permet d’affirmer que l’horreur ne se résume pas à Conjuring ou à Paranormal activity.
Et surtout qu’on est tous sensible à des choses différentes et qu’il ou elle trouvera certainement son bonheur parmi la diversité de l’horreur.
Après je lui proposerai de regarder Scream pour changer.
La représentation de la violence
On reproche souvent la violence + ou – extreme dans le cinéma de genre. Qu’est ce qui fait qu’une scène violente est justifiée selon toi?
J’ai longtemps eu beaucoup de mal avec les films ultras violents, ce n’est d’ailleurs toujours pas un genre qui me plait beaucoup. Mais il y a aussi des films que j’ai appris à aimer et dont j’ai compris tout le sens par la suite.
Par exemple Orange mécanique que j’ai découvert à mes 13 ans un peu par hasard sur Arte. J’étais bien trop jeune pour le découvrir ça c’est sûr, et pendant des années je me suis bloquée sur la violence du film et je ne voyais que ça. Puis j’ai revu le film accompagné d’un documentaire sur l’histoire du film, son accueil à sa sortie, le livre … Et j’ai enfin compris tout ce que tentait de dénoncer Kubrick dans ce film. Pour moi Orange mécanique est le meilleur exemple de violence non gratuite.
La glamourisation c’est faire d’une situation inacceptable quelque chose d’acceptable par la mise en scène et par le traitement des personnages.
Alors que par exemple je n’aime pas du tout le cinéma de Gaspard Noé que je trouve racoleur. Je n’ai pas encore vu tous ses films. Par exemple Climax pour moi c’est un peu Gaspard Noé qui tente de faire du Gaspard Noé gratuit sans se poser de question et ce genre de films me laisse totalement de marbre.
Récemment j’ai vu Framed, ce n’est pas le plus grand film de la terre. Mais il met en scène la violence et le gore pour dénoncer ce à quoi son prêt les utilisateurs de réseaux sociaux pour atteindre toujours plus de vues.
Qu’est ce qui fait que dans la mise en scène la violence est glamourisée ou au contraire symbole de dénonciation?
La glamourisation c’est en tout cas pour moi, faire d’une situation inacceptable quelque chose d’acceptable par la mise en scène et par le traitement des personnages.
Dernièrement Netflix a sorti un film, 365 jours qui glamourise, le viol, le kidnapping… Il nous pose un riche héritier qui kidnappe une femme et lui donne 365 jours pour l’aimer tout en lui faisant subir des violences psychologiques. Mais à aucun moment le film ne tente de dénoncer ce qu’il met en scène. Il se contente de mettre en avant un bellâtre, et excuserait presque ce qui se trame dans le film. Pour moi, 365 jours glamourise et ne dénonce en aucun cas ce qu’il met en scène.
Les femmes sont très présentes dans le cinéma de genre, pour le pire et le meilleur. Pourquoi les femmes sont plus souvent présentes dans ce cinéma? Et surtout pourquoi sont elles les principales victimes dans un film d’horreur?
Je pense que les femmes sont souvent présentes dans le cinéma de genre parce que la femme représente tout ce que l’on ne maitrise pas. Dans un sens elle fait peur.
Bien souvent la femme est utilisée notamment dans les années 70/80 comme un objet sexuel. Mais c’est aussi celle qui crie avec les scream queen. Celle qui se transforme dans la Féline, celle qui intrigue dans The love witch, celle qui fait corps avec le monstre et devient le monstre dans Chromosome 3. Ou encore celle qu’on punit parce qu’elle a couché avant le mariage dans les slashers.
Les femmes sont souvent présentes dans le cinéma de genre parce que la femme représente tout ce que l’on ne maitrise pas
C’est un peu comme si le cinéma tentait de prendre le contrôle sur des femmes qu’il ne contrôle plus en dehors. Dans les films d’exorcistes comme tu le dis si bien dans ton article, dans les slashers et leur moralité très puritaine. Mais aussi dans les giallos ou il reprend possession du corps de la femme….
Bien heureusement, le cinéma de genre ce n’est pas essentiellement ça puisque c’est aussi un genre qui a un peu malgré lui réellement fini par donner une véritable place à la femme. Et non simplement l’assistante de vie comme dans Jaws ou encore celle de la copine sympa sans travers dans Halloween la nuit des masques.
Le slasher a justement permis à la femme de prendre une vraie place. Et petit à petit de s’imposer dans ce cinéma sans avoir toujours le rôle de la jeune fille en détresse.
Regard cinéphile de Welcome To Primetime Bitch!
Alors que les origines du cinéma d’horreur prennent racine en France avec Georges Méliès et qu’il cartonne en Espagne ou en Italie, comment expliquer que le cinéma de genre en France c’est compliqué ?
Ah ah, très bonne question ! Le cinéma de genre commence doucement à faire sa place en France.
Mais de manière générale j’ai la sensation qu’en France on est très attaché à nos films d’auteurs. On laisse un peu de côté les films de genre qui mériteraient largement leur place. Tous les grands réalisateurs de cinéma de genre français, malgré le succès de leurs films, ont dû partir aux USA pour avoir plus d’opportunités de réaliser des films de genre.
L’exemple le plus probant serait surement celui d’Alexandre Aja.
En France il y a un élitisme concernant les genres où le cinéma de genre n’y a pas sa place.
Ils mentionnent tous une perte de liberté créative sur leur film réalisé hors de la France. Mais le gros problème c’est qu’en France on manque clairement d’investisseurs pour ce genre de projet.
Comme si en France il y avait un élitisme concernant les genres et que le cinéma de genre n’y avait pas sa place.
A quoi es tu sensible quand tu regardes un film de genre? (mises en scènes, symboliques, photo, etc…)?
Principalement à la mise en scène et la photographie mais aussi et surtout à l’intrigue et tout ce qu’elle apporte avec elle. J’aime quand un film m’embarque dans une quête effrénée de réponses. Quand des éléments se cachent là sous mes yeux dans l’attente que je les déchiffre. Que le long métrage se pare de symboles afin de guider le spectateur jusqu’au dénouement du mystère.
A contrario, je déteste quand un film me traine dans ce genre de démarche pour finalement ne donner aucun élément de réponse. Ou du moins un semblant de finalité dans le film.
Mais je n’apprécie pas non plus que le réalisateur soit là à me tendre la main à chaque instant comme pour me donner toutes les réponses un peu trop facilement.
Un film de genre qui s’inscrit ds son époque? (par exemple, La nuit des morts vivant met en scène un perso noir juste après la fin de la ségrégation et se fait abattre par la police à la fin)
Massacre à la tronçonneuse qui sort un an avant la fin de la guerre du Vietnam, met clairement en avant les conséquences de cette guerre sur une famille de la classe moyenne, même s’il ne l’évoque jamais ouvertement. Il déconstruit le rêve Américain et amorce la déchéance par l’horreur.
Welcome anecdotes
Ton moment préféré pour regarder un film d’horreur? Un rituel peut être?
Tous les moments sont bons pour regarder un film d’horreur !
J’aime beaucoup me mettre en immersion. J’ai regardé Dernier train pour Busan dans un train, l’année dernière. Je m’étais préparé pleins de films qui se déroulaient au bord d’un lac alors que je partais quelques jours dans un moulin au bord d’un lac.
Sinon (avant le confinement), j’avais un petit rituel avec des amis. Toutes les semaines je leur faisais découvrir ou on découvrait ensemble un film autour d’une bière, une pizza, un petit chat et un plaid.
Ton meilleur souvenir de séance cinéma d’un film de genre ?
En vrai j’aurai du mal à en choisir un mais dernièrement je dirais Donnie Darko que j’ai pu redécouvrir sur grand écran à Bordeaux à l’Utopia dans une église transformée en cinéma. C’était vraiment toute une expérience !
Qu’est qui te donne envie de regarder un film d’horreur et pas un autre?
Plus le film à l’air mystérieux, plus il m’intrigue, plus j’ai envie de le voir. Hérédité qui n’en disait pas des masses sur son pitch et son intrigue m’a tout de suite fait envie par exemple. Un peu comme pour le Saint Maud de Rose Glass. Et puis bien sûr tous les films méconnus. Au contraire, un film dont on a tendance à trop parler va me rebuter totalement.
Autour du cinéma de genre
Quelles sources suis tu sur le cinéma (chaine YT, sites, blogs, podcasts..)?
En chaine Youtube d’horreur je suis essentiellement : Le coin du bis, Demoiselles d’horreur, Azz, Laura fait genre, Vidéodrome, Dollywood…
Pour les sites je suis toute l’actualité sur Bloody disguting ou encore Horreur Quebec.
En blog je n’en suis pas beaucoup, probablement que le tien, et celui de Watching the scream.
Pour les podcasts j’écoute essentiellement Le Piff cast. Ou Inspiré de faits réels qui reprends les films d’horreur inspiré d’une histoire vraie.
Tes prochaines vidéos/projets?
Je viens de finir un gros dossier sur les Mater de Dario Argento et Daria Nicolodi et j’ai adoré faire ça.
Du coup je prévois deux gros dossiers qui vont suivre. Les zombies Italiens où je vais pouvoir me faire plaisir en termes de saga de l’improbable. Et surtout en termes de nanars parce que cette saga en est essentiellement constituée.
Mon deuxième gros dossier celui là je le garde bien au chaud. C’est un gros projet autour du slasher où j’aimerai faire intervenir des vidéastes et blogueuses dont j’aime énormément le travail comme : Vidéodrome, toi ^^, Laura fait genre, Cinéma et politique, LeoIurillo ou encore Demoiselles d’horreur…
Sinon je pense qu’entre temps je vais continuer sur des plus petits formats. Un à venir un sur le slasher méta Behind the mask, une sélection de films de zombies « moins » connus.
Enfin, peut être une vidéo un peu différente des autres sur le jeu de société des Dents de la mer. J’ai pleins d’idées pour de nouvelles vidéos maintenant il va juste me falloir du temps pour les mettre en forme.
Merci à Welcome To PrimeTime Bitch d’avoir pris le temps d’être aussi précise et dense dans ses réponse!
Pour suivre Welcome To Primetime Bitch! :