femme avec arme et enfant

La femme « forte » au cinéma est une représentation souvent évoquée dans le cinéma de genre.
Super héroïne, guerrière, mère courage, les exemples ne manquent pas. Il est toujours compliqué d’avoir accès à des personnages féminins complexes.
Mais que veut dire femme forte? Quelles significations peut-on y attribuer? A travers quels types de films est- elle représentée?

Attention SPOILERS! La liste des films évoqués est en bas de l’article, si besoin (même si je ne spoil pas sur tous les films).

SOMMAIRE

1-La perception de la femme forte

2-La femme, victime?

3-Souffrances sera ton destin

4-La femme guerrière

5-La méchante

6-Les héroïnes du cinéma d’horreur

7-Elles se démarquent

8-Et maintenant?

1-Perception de la femme forte

La définition exacte de la force fait référence à la puissance d’action physique. Mais aussi aux capacités d’esprit, intellectuelles et morales. Autrement dit, une personne perçue comme forte, a une aptitude à affronter ou à faire des choix ; qui lui donne le potentiel de s’élever. Notamment par rapport aux autres.

Lorsque j’ai demandé sur Twitter vos références de films de femme forte, ils ont illustré la définition ci dessus.
De la même manière, que lorsqu’on fait des recherches avec les mots clefs « femme forte cinéma ».
Erin Brokovich, Kill Bill, Mustang, Lady Vengeance, Wadja, La leçon de Piano, Carol, Woman at War…Que ça soit des combats sociaux, de liberté, des vengeances…Ces personnages féminins sont tous en lutte.

Ils le sont d’autant plus dans le cinéma de genre, qui se prête au sang et au combat. On le sait, les personnages féminins sont très présents dans le cinéma de genre. Pour plusieurs raisons:

-la symbolique du sang,
-la fascination des hommes pour les femmes (qui conduisent aussi à des oppressions),
-la transgression que représente le fait de violenter des femmes, ou de mettre en scène des femmes qui vont à l’encontre des stéréotypes de genre,
-les femmes sont majoritairement victimes de sexisme, de violences….C’est donc propice à raconter des histoires adaptées au cinéma.

2-La femme, victime?

Cela m’amène à cette notion, la victime. Je remarque régulièrement que c’est un terme qui est parfois brandi par des femmes pour expliquer pourquoi elles ne sont pas féministes. Et pourquoi elles ne pensent pas être dans un système inégalitaire.
C’est parfois aussi évoquer par des féministes, qui refusent qu’on leur attribut ce statut.

Lors de la promotion de Lux Externa de Gaspard Noé, Béatrice Dalle expliquait sur France Inter, que le film était féministe. Charlotte Gainsbourg a précisé « oui mais elles sont victimes aussi quand même… ». On voit bien ici l’opposition qui est faite entre féminisme=femme forte, et victime.

Sur le plateau de C à Vous, Pénélope Bagieu était invitée pour évoquer son travail « Les Culottées« . Un des intervenants expliquait que les femmes décrites par Pénélope Bagieu n’étaient pas faibles, qu’elles avaient permis de grandes avancées.
Le présentateur Karim Rissouli s’est adressé à Pénélope Bagieu, l’air hésitant « Mais ces femmes…elles ne sont pas victimes, elles sont fortes ». Celle ci répond « Ah mais si elles sont victimes. Elles ont été victimes d’un système qui les discriminaient ».

Victime et après?

Le terme « victime » est donc associé généralement à une personne faible. Qui subit. Or, il me semble important de réévaluer ce terme, bien trop utilisé de manière péjorative à mon sens.
Les femmes, qu’elles le veuillent ou non (conscientes ou non), sont victimes d’une société sexiste et patriarcale. Même si évidemment des progrès ont été fait, il y a encore beaucoup de discriminations, de culture du viol, d’inégalités salariales, de violences conjugales, etc…la liste est longue, et ce n’est pas le sujet ici.
Nier ce statut de victime, participe selon moi, à invisibiliser ces problématiques. Si pas de victimes, pas de problèmes.

Nier le statut de victime des femmes, invisibilise la violence qui leur ai faite. Pas de victimes, pas de problèmes.

Ensuite, quel regard poser sur ce statut?
Les femmes sont les seules à avoir la légitimité de décider de quelle manière réagir face aux violences qu’elles vivent. Elles veulent s’isoler? Prendre des cours de self defense? Se détendre en faisant de la couture? Courir? Avoir une vie sexuelle riche ou inexistante? Militer? Lire? Rester discrète? Bien vous en fasse. Il n’y a pas de meilleure attitude, solution…Elles subissent déjà des violences, laissons chacunes les gérer à leur manière.
Ainsi, il n’y a pas à qualifier le terme victime. C’est un constat factuel à mon sens, rien de plus.

>>>SUITE PAGE 2