femme avec arme et enfant

5-La méchante

Parce que oui les femmes sont aussi méchantes, le cinéma de genre nous offre des personnages diaboliques en tous genres.
Force est de constater que là encore, les motifs de méchanceté des femmes sont assez proches de ceux des hommes.
Il souvent question de pouvoir et/ou d’argent (Scream 4, Misery, Sleepy Hollow, Spiderman New Universe…).
Des enjeux liés au fait de conquérir, de manière large.

Les méchantes dans The Neon Demon sont dépassées par leur besoin avide de reconnaissance, mais via le pouvoir qu’elles ont grâce à leur beauté. Ainsi la sororité peut aller se rhabiller. Le film raconte surtout à quelle point cette notion est changeante, impossible à maîtriser et à comprendre. Les puissants ici sont des créatifs misogynes, qui font d’eux des entités d’autant plus insaisissables. Ce sont finalement eux la force maléfique.
Si les sorcières de The Craft utilisent la magie pour résoudre leurs problèmes, le basculement de Nancy vers le côté obscur est dû à sa terreur de perdre en puissance face à Sarah.

On retrouve aussi la classique thématique de l’amour. On tue parce qu’on a été responsable de la perte du bien aimé (Urban Legend), par rivalité (Happy Death Day), ou encore aveuglée par l’amour (La fiancée de Chucky).
A noter que dans Urban Legend, la serial killeuse en veut même à son amie de conclure avec le mec qui ne s’est jamais intéressé à elle. La traditionnelle rivalité féminine pour l’amour d’un homme… Quant aux femmes plus âgées, elles tuent pour défendre le fiston (Vendredi 13, Scream 2).

Si les femmes peuvent tuer pour des raisons similaires aux hommes, l’inverse est moins vrai.

Il est intéressant de rappeler que les serial killeurs, notamment dans les slashers, tuent rarement pour ces raisons là. Il s’agit de vengeance (Maniac Cop, Jason, Nightmare On Elm Street), parce que… maman (Scream, Psycho), par démence ou perversité pure (Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Maniac, Black Christmas, Le voyeur, Bloody bird..)
La vengeance aveugle est récurrente dans le J Horror comme dans Ring où Sadako n’en finit plus de faire payer sa tragédie, ou The Grudge.

On constate là encore que si les femmes peuvent tuer pour des raisons similaires aux hommes, l’inverse est moins vrai.

Cruella d’enfer

Parfois les femmes font preuve d’une cruauté sans pareille. C’est le cas d’Amanda dans la saga Saw. Mais ses nouvelles convictions viennent d’un lavage de cerveau d’un homme, Jigsaw. Celui-ci lui reproche d’ailleurs régulièrement de ne pas avoir totalement compris sa démarche, à savoir donner une chance de survie à ses victimes. Elle n’est pas capable de comprendre la philosophie de Jigsaw et cède à des pulsions meurtrières.
Un lavage de cerveau sur des jeunes femmes qu’on retrouve dans We summon the darkness.

Ce constat renvoie à celui que l’on peut faire à propos des femmes terroristes. A cause de stéréotypes sexistes, on a du mal, encore maintenant, à concevoir qu’une femme peut décider de commettre des actes terribles au nom d’une doctrine ou d’une politique. Fanny Bugnon explique ce phénomène à travers son livre « Les Amazones de la Terreur » (terme donné par la presse), à travers notamment le groupe terroriste Action Directe.

Si La Mutante est mauvais, et qu’il repose sur le principe d’attirer le mâle, Sil est une extra terrestre qui ne cherche qu’à se reproduire pour coloniser la planète. Elle agit dans son propre intérêt, pour faire perdurer son espèce et conquérir un nouveau territoire (ça me rappelle quelque chose…).

Il y a aussi les méchantes ambigües comme Catwoman ou Poison Ivy. Les deux utilisent leur sex appeal. Catwoman agit de manière très individuelle, et à l’origine le personnage a un background beaucoup plus émancipateur que dans le film de Burton.
La transformation de Catwoman et Poison Ivy est due à des violences commises par des hommes.

6-Les héroïnes du cinéma d’horreur

Si on sort du film d’action plus ou moins horrifique, et qu’on s’intéresse à ce qu’on identifie comme film d’horreur, on constate que ce sont principalement des jeunes héroïnes. Des adolescentes, des jeunes adultes qui sont confrontées à des hommes. Un frère pour Laurie Strode dans Halloween, un petit ami pour Sidney dans Scream, un pédophile défiguré pour Nancy dans Nightmare On Elm Street. Mais aussi un ancien enfant persécuté dans Vendredi 13, un rôdeur dans Pas un Bruit, un psychotique dans Psycho, un pervers dans Black Christmas ou dans Terreur sur la ligne, mais aussi pourquoi pas, un pêcheur dans Souviens toi l’été dernier.

Ces films plus ou moins réussis, explorent les thématiques du passage à l’âge adulte, de la prise de contrôle sur sa vie, de l’émancipation.
Dans la plupart de ces films (dont beaucoup sont des slashers), ressort le concept de la final girl, théorisé par Carol Clover. Une héroïne souvent prude, sage, innocente, qui n’est pas déconcentrée par le sexe ou l’alcool, verra sa force sera révélée par l’attaque d’un croquemitaine. Elle est « final » car dernière survivante.
On peut y voir un aspect réactionnaire de ce concept, mais il peut être aussi tout à fait contrebalancé (je vous conseille l’article passionnant de Ciné Clob à ce propos). On peut y voir aussi la société puritaine qui tente de nuire au désir de liberté, et de contestation de la jeunesse.

Depuis l’apparition de Sidney dans Scream, le schéma de la final girl a évolué. La sexualité fait partie de leur vie quel qu’en soit la forme ( It follows, Midsommar, Us, Souviens toi l’été dernier, Happy Death Day..)

Ma tenue n’est pas une invitation

La plupart des héroïnes de films d’horreur ou des final girls sont en apparence inoffensives. Leur look est clairement identifiable comme féminin, mais tout en retenue. Elles portent souvent des jeans, éventuellement tee shirt fantaisie mais pas trop et coupe classique, chaussures conventionnelles, coiffure classique. En somme, elles se fondent dans la masse, voire respectent les codes que l’on attend de la femme « respectable ». Pas trop sexy ou excentrique, mais pas marginale, non genrée ou trop masculine non plus.

A mon sens, cette utilisation de ce costume permet au public de pas porter les préjugés classiques sur l’héroïne, ce qui permet de créer de l’empathie facilement. Par ailleurs, son apparence inoffensive décuple d’autant plus l’admiration, quand elle se met à charcuter.
Pourtant, une final girl pourrait être gothique (sans être déprimée), avoir des cheveux roses et bleus, aimer les maquillages excentriques, voilée (on peut rêver!), ou encore porter pull large et jogging en permanence. Ces styles aussi différents habillent des femmes toutes autant différentes derrière. On peut simplement se contenter de représenter…d’autres styles?

L’habit ne fait pas la moinesse!

C’est précisément ce que j’aime dans le passable In The Fade. Une femme d’âge moyen, rock n’roll et tatouée (et mère!) en est l’héroïne, et à aucun moment son look est utilisé ou mentionné pour l’intrigue. C’est simplement son style, et c’est tout.
On remarque un changement de style radical de Laurie Strode dans Halloween II de Rob Zombie. Elle passe du style traditionnel de la final girl à une rockeuse trash. Mais c’est en réaction au calvaire subit dans le 1.

C’est aussi palpable dans Mama, même si j’ai tendance à penser qu’on peut lier ça au fait que le personnage de Jessica Chastain est en opposition avec une pression sociale faite sur les femmes; celui d’être mère.
Un film comme Carrie, montre que se fondre dans la masse ne sert à rien. Carrie est moquée, alors que celle ci a fait tous les efforts pour répondre aux codes, notamment vestimentaires.

Le malin We summon the darkness joue précisément sur les aprioris de l’apparence. Il s’agit d’un trio de jeunes femmes pulpeuses, rockeuses, (en réalité aux mains d’une organisation de fanatiques religieux). Elles se servent de leur style pour à la fois séduire, mais aussi induire en erreur sur leurs centres d’intérêt, et donc leur milieu.
Même si on retrouve le schéma classique des jolies jeunes filles qui représentent le mal, j’y vois aussi l’occasion de montrer la superficialité masculine. Mais aussi une manière dont l’homme (représenté par le gourou), utilise le corps des femmes à ses fins (ici sa doctrine).

Comment ne pas citer la vampire de A Girl Walks Home Alone At Night ? En plus de réinventer le mythe du vampire à la sauce féministe (elle sillonne seule, la nuit, les rues de Bad City pour défendre les femmes et avertir les petits garçons). Le film se réapproprie la symbolique de hijab, tant décrit comme vêtement réduisant la liberté des femmes. Mais on reste ici dans l’idée d’une créature fantastique. Pas une femme « lambda ».

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